AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,01

sur 590 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Second volet de - La trilogie des jumeaux -, - La preuve - fait donc suite à - le grand cahier - d'Agota Kristof.
Nous avions quitté dans le premier opus Claus, Lucas et leur père tentant de traverser la frontière.
Pour y parvenir il fallait qu'il n'y ait qu'un des deux frères qui se retrouve de "l'autre côté" ; le second se "sacrifiant" en restant au pays, dans la Petite Ville, dans la maison de grand-mère.
Cette seconde partie est, outre une narration à la troisième personne du singulier, emplie d'une violence et d'une cruauté davantage contenues que dans - le grand cahier -.
Mais contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là, j'ai lu pour ce qui me concerne un roman empli d'une violence et d'une cruauté plus ou moins retenues.

Violence il y a dans cette "séparation", cette déchirure que vit Lucas après la fuite de son frère.
Une violence qui se traduit par ce qui ressemble à une autodestruction, le refus d'une vie désormais privée de sens.
Jusqu'à la rencontre avec Yasmine, jeune fille qu'il surprend à la rivière au moment où elle essaie de noyer Mathias son fils né d'une union incestueuse avec son père... à présent en prison. C'est violent, me semble-t-il !
Lucas recueille la mère et l'enfant qui souffre de malformations, qui claudiquera à vie et sera l'objet de toutes les cruautés que les enfants réservent à ceux qui leur sont différents, plus faibles, et qui leur font l'affront en dépit de leur handicap de les dominer intellectuellement.
Violent ou pas ?
Que dire de Victor le libraire addict à l'alcool et au tabac que Sophie sa soeur va tenter, au péril de sa vie, de libérer de ses démons, lui donnant enfin l'opportunité de réaliser son rêve : devenir écrivain ? La corde que le bourreau passera au coup du libraire apporte une réponse violente et cruelle à cette question... qui n'en était pas tout à fait une...
Pourquoi ne pas évoquer Clara, la bibliothécaire de 37 ans dont les cheveux ont blanchi en une nuit, la nuit où Thomas son mari fut pendu par les sicaires d'un régime totalitaire. Clara dont Lucas va faire sa maîtresse après avoir "rossé" son amant chirurgien et l'avoir contraint à demander sa mutation pour se débarrasser de l'importun.
Clara qui vit dans un passé omniprésent, obsessionnel, tyrannique.
Clara qui se joindra à l'insurrection... j'ai pensé à celle de Budapest en 56... que Lucas croira morte et qui réapparaîtra des années plus tard, morte vivante, vieille femme édentée, fantôme trainant à jamais ses chaînes.
Nous sommes toujours, à mon sens, dans la violence.
Si j'ajoute les squelettes de sa mère et de sa soeur que Lucas a pendu dans l'appartement et caché derrière un rideau, deux squelettes qui attendent qu'un troisième vienne se sus-pendre à leurs côtés, le même Lucas ne pouvant plus trouver le sommeil que sur la tombe du petit M... il n'y a pas là matière à plaider la légitime (?) violence.

Bien sûr on pourra me dire que la personnalité de Lucas s'est légèrement sociabilisée...
À cela je dis que le temps passant, oui, l'aide et la présence accordées au vieux curé délaissé par ses ouailles et par l'État, la relation "amicale" avec Peter, "l'amour" pour Mathias, tout ça tend à nous laisser croire que le Lucas de - La preuve - s'est humanisé.
Mais c'est faire abstraction de la "disparition" de Yasmine... Qu'est devenue la jeune femme ou qu'en a fait Lucas ?

Quelle que soit la lecture qui sera la vôtre, la mienne s'est faite à travers celle d'une pièce habilement mise en scène par son auteure.
Nous avons déjé fait mention du style.
Je le trouve automatisé :" Lucas dit, Lucas rit, Peter dit, Lucas rit de nouveau, L'enfant dit, Lucas éteint la radio, Victor demande, Victor sourit..."Dès les premières lignes de la première page nous avons affaire à ce parti pris de l'auteure :" Un soldat dit, Un autre soldat dit, le sergent dit, Lucas dit..."
Acteurs d'une pièce puzzle dont Agata Kristof tire habilement les ficelles.
Automates réels d'une pièce écrite dans un décor ( un pays ) qui fait des hommes des automates ?

Pour nous perdre un peu plus, la "sournoise marionnettiste" met en scène un Lucas dont apparemment personne ne se souvient qu'il avait un jumeau.
Par ailleurs des personnages du premier volet et des situations de celui-ci croisent ceux et celles de cette seconde partie.

Le rêve est présent lui aussi... questionnant la réalité à moins que ce ne soit le contraire.

Des figures comme celles des flashs d'un amnésique interpellent.
Qui est cet insomniaque qui passe son temps à demander l'heure ?

Quelle interprétation donner aux épisodes durant lesquels Lucas vomit et s'évanouit ?

Point d'orgue, la réapparition à la fin du roman de Claus venu retrouver Lucas... qui a disparu !!!...

Il semble évident que toutes les pièces du puzzle seront rassemblées dans – le troisième mensonge – et qu'on se dira alors contemplant le canevas, bon sang mais c'était bien sûr !

Un deuxième volet qui reste passionnant. Un jeu où l'auteure s'ingénue à brouiller les pistes mais où l'on sent qu'elle nous promène dans cette forêt où les jumeaux ont semé des cailloux pour ne pas trop nous perdre.
Une trilogie énigmatique dans laquelle le rêve, le mystère, l'amnésie, le rapport au temps maillent une trame hyperréaliste qui sert de prétexte à l'auteure pour dessiner en pointillés un réquisitoire contre les errances de l'Histoire et contre l'homme confronté à cette Histoire dans laquelle il écrit la sienne.
Les deux premiers volets de cette trilogie ne peuvent être lus sans la place et l'importance que revêt pour l'humain l'écriture.
Il y a du Kafka, du Hitchcock raconté le soir par un Orson Welles qui aurait troqué ses Martiens contre des jumeaux.
Commenter  J’apprécie          400
Suite du « grand cahier » qui m'avait laissée aussi estomaquée qu'avide de connaître l'intention de l'auteure derrière la terrible fable.
Avec « la preuve », l'effet de sidération se poursuit, mais sur un autre registre.

Le style d'abord, plus plein et plus humanisé, en rupture avec les mots jetés avec une froide colère dans le premier tome.
L'histoire ensuite, où l'on voit avec stupeur le frère resté au pays faire montre de compassion et de générosité. Là où dans « le grand cahier » les jumeaux étaient seuls, amoraux, privés de sensations et sans interactions avec le monde extérieur, le frère côtoie ici de très près plusierus personnages, et ceux-ci amènent même quelques images de beauté et d'amour au hasard de quelques pages perdues dans l'univers policé et déshumanisé de cette ville de l'Est « révolutionnaire ».

Et à nouveau, la révélation finale qui fait remettre en question la solidité des certitudes difficilement acquises dans ce deuxième volet quant à la réalité de l'histoire contée, dont on brûle de connaître le dénouement avec le dernier tome au titre intrigant, « le troisième mensonge ».
Commenter  J’apprécie          370
Second volet de la trilogie des jumeaux
Enfin des prénoms apparaissent, les personnages ont du coup l'air plus humain, bien que ce soit relatif. La guerre touche à sa fin.
Lucas vit dans la ferme de sa grand mère sans son frère.
La lecture de cette deuxième partie est moins éprouvante mais elle reste froide. En effet, le personnage de Lucas semble tirer un peu vers le psychopathe. Ses relations avec les autres sont toujours aussi particulières, il a sa propre façon de penser : sans émotion, très terre à terre.
Pourtant on le voit s'attacher à une femme et à un enfant. Tout est extrême chez Lucas : ses relations, ses réactions.
Les personnages secondaires sont plus développés, Peter et Victor en particulier, les personnages féminins sont plus doux que leur grand mère (ça ce n'était pas difficile), ils tentent d'apporter une touche de sensibilité et d'humanite à Lucas ? En même temps leurs histoires personnelles sont tristes et cruelles car en lien avec les actes subis pendant la guerre.
La fin du roman me laisse perplexe, je ne m'attendais à cette situation. Mais cela m'a donné envie d'aller jusqu'au bout de la trilogie.
Commenter  J’apprécie          200
La deuxième partie de la trilogie des jumeaux par Agota Kristof. Dans le premier tome " le grand cahier ", nous découvrions des jumeaux abandonnés par leur mère à la campagne chez une grand-mère qui ne voulait pas d'eux. le récit se déroulait dans un pays indéterminé ravagé par la guerre. Nous suivions l'évolution des jumeaux qui n'avaient aucune règle, étaient livrés à eux même et s'avéraient dépourvus de morale. Que sont devenus les jumeaux en grandissant ? N'éprouvent-ils toujours aucun sentiment ? Distinguent-ils le bien du mal ? Ce deuxième tome nous apporte en partie la réponse. Un écrit toujours simple et dur qui m'invite à dévorer au plus vite la troisième partie.
Commenter  J’apprécie          160
Lucas doit désormais apprendre à vivre sans Claus. Depuis que celui-ci a traversé la frontière, son jumeau n'est plus que l'ombre de lui-même. Jusqu'au jour où il recueille sous son toit Yasmine, tout juste âgée de dix-huit ans, et son fils Mathias, qui est infirme de naissance. La vie se poursuit, plus légère, plus facile entre ces trois âmes blessées. Mais le destin, toujours aussi cruel et impitoyable, ne manquera pas de frapper encore…


Terminée l'écriture à la première personne du pluriel. En se séparant de son frère, Lucas a également perdu le contrôle de la narration. Celle-ci se fait dorénavant à la troisième personne du singulier, installant une distance nouvelle avec les personnages. Ce deuxième volume de la trilogie des jumeaux m'a paru au début moins intense que le premier, peut-être parce qu'on y quitte l'enfance. Néanmoins, Agota Kristof nous offre une fin surprenante, pleine de révélations qui donne envie de se jeter sur le tome trois !
Commenter  J’apprécie          161
Changement de style, de ton et d'écriture. Dans cet opus n'apparaît que Lucas, désormais seul depuis le départ de son jumeau. Un prénom désormais et une personnalité, une identité par certains côtés identique mais aussi différente, sur laquelle le narrateur insiste dans les premières lignes, le martelant afin de bien nous en imprégner.

Dans La preuve, l'écriture et le récit sont plus doux, plus conventionnels, moins de violence que dans le premier, Lucas grandit et fait preuve même d'une certaine "bonté" en s'occupant et venant en aide à ses voisins, le curé mais aussi une jeune femme, Yasmine et son fils, Mathias, né d'une relation incestueuse.

Les phrases ne sont plus un sujet, un verbe, un complément, elles sont construites, élaborées , mais jamais à l'excès, une écriture plus adulte. le narrateur raconte mais comme Lucas dans son cahier, il épure et ne garde que l'essentiel, faisant défiler les années. D'ailleurs désormais les chapitres n'ont plus de titres, sont plus longs et la lecture est toujours aussi addictive car la vie de Lucas est faite de découvertes, de décisions et de rebondissements.

Lucas découvre certains sentiments, même s'il ne les définit pas lui-même véritablement. Il se lie, d'amour ou d'amitié mais curieusement presque tous ceux qui l'approchent disparaissent ou meurent de façon brutale. Et puis plane toujours le Parti, l'armée d'occupation, les interdictions (les livres sont lus en cachette), les règles à observer mais aussi l'absence de son jumeau, Claus et l'espoir de son retour, un jour....

Comme pour le premier, le roman se termine sur une annonce et quelques indices qui remet tout en cause, on perd ses repères et on a qu'une envie ..... lire la suite et fin de cette trilogie qui bouscule, qui remue, qui ne ressemble à rien et pourtant qui porte en elle à la fois du beau et du sombre.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          150
La preuve est le deuxième tome de la trilogie des jumeaux, après le grand cahier. Les frères se sont séparés : une épreuve de plus qu'ils s'infligent. Nous suivons donc seulement l'évolution de Lucas qui grandit et acquière de la maturité. Difficile de décrire un roman quand il y en a un avant et un après au risque de dévoiler l'histoire. Surtout qu'à la fin on a encore plus de questionnements. Très prenant : je m'empresse de continuer le dernier. Quelle maîtrise d'écriture ! du grand art.
Commenter  J’apprécie          140
La Preuve est la suite du roman le Grand Cahier. Certainement en ce qui concerne l'histoire, la narration, mais pour ce qui est de l'écriture, c'est beaucoup moins sûr, on a plutôt l'impression d'avoir affaire à une autre auteure. En effet, l'écriture tout en gardant son caractère froid, distant et inexorable possède une texture beaucoup plus riche, plus affinée que dans le premier tome de l'histoire des jumeaux. Malgré ce style plus classique et semble-t-il une meilleure maîtrise de la langue, Agota Kristof parvient à conserver un climat qui lui est propre: désincarné et objectif et c'est ce qui relie profondément ce roman au précédent. C'est cette organisation, cette structure qui lui permet d'explorer davantage en profondeur avec des phrases simples, quoique plus fouillées, la douleur, le déchirement lié à l'exil et à la séparation et de mesurer que ces sentiments ne sont pas transmissibles ou si peu par le roman. Chaque expérience de ce type est unique et s'évanouit avec la personne l'ayant vécue, d'où cette sorte d'impuissance, de désespoir qui affleurent dans l'ensemble de l'oeuvre.
J'avoue avoir moins savouré ce livre que le précédent peut-être parce qu'il y manque le choc d'un style affirmé et construit sur une simplicité désarmante. Pourtant l'auteure y proclame le rôle essentiel de la littérature qui seule, même si c'est bien insuffisamment, nous permet de prendre conscience du quotidien de régimes totalitaires et de leurs conséquences sur la vie des citoyens ordinaires.
Commenter  J’apprécie          100
Comme je l'avais écrit dans le commentaire du Grand Cahier, lu il y a quelques mois, je n'ai pas hésité à acheter les deux autres volumes de la trilogie, et je n'a pas été déçu. Ce second tome est de la même veine que le premier, mais cette fois avec un seul des jumeaux, Lucas, l'autre (Claus) ayant fui à l'étranger (cf. les terribles circonstances de sa fuite à la fin d Grand Cahier). Lucas a grandi, mais son comportement est inchangé, il alterne le détachement et l'émotion, la gentillesse et la cruauté, l'amour et la haine, sans que l'on sache véritablement ce qu'il est vraiment. Difficile de s'y retrouver, peut-être dans le troisième ?
Commenter  J’apprécie          80
Avec la Preuve se poursuit la Trilogie des jumeaux. le premier volet s'achevait sur une séparation, suite au passage de la frontière d'un des deux frères avec la participation - à son corps défendant, du père, revenu fort opportunément après une longue séparation. Resté dans la ferme de sa grand-mère, Lucas a les plus grandes difficultés à poursuivre la vie hors de la gémellité. La découverte au bord de la rivière d'une jeune fille transie, Yasmine, avec un nourrisson infirme, enfant de la honte, va être l'évènement déclencheur d'une forme relative de retour à la vie.

D'une facture plus classique, le présent roman n'en est pas moins intéressant que le Grand cahier, bien au contraire, serait-on tenté de dire. Il n'a plus cet aspect, pouvant paraître parcellaire, de succession de saynètes terribles et dérangeantes. Il y a toujours, certes, ce regard particulier porté sur la sexualité, qui a effarouché quelques parents d'élèves pudibonds d'Abbeville. Cette fois-ci on a affaire à l'emploi, consacré et distancié, de la troisième personne du singulier, pour narrer les rencontres d'un personnage désaxé et en souffrance avec des personnes qui portent eux aussi le poids de douleurs que leur a infligé l'arbitraire d'un régime liberticide. On est tout naturellement porté à lire le Troisième mensonge, dernier tome de ce triptyque singulier et perturbant.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1155) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3193 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}