Le virus de la lecture s'attrape dès l'enfance. À 8 ans, j'entrais à la bibliothèque municipale comme un seigneur sur ses terres: j'avais lu des rayons entiers de ses livres, et passais des heures entières à choisir ceux que j'allais élever à la dignité de nouveaux compagnons. Maintenant que j'ai des enfants, je n'ai pas ménagé mes efforts pour leur inoculer l'amour des livres, mais j'ai du faire un excès de zèle - ce sont des lecteurs tout à fait tyranniques.
Mes enfants ne me voient plus comme une mère, mais comme un vulgaire magasinier. Je dois sans cesse alimenter leur bibliothèque tentaculaire, et si les arrivages ne sont pas assez soutenus, la sanction tombe - “j'ai déjà tout lu” me disent-ils, d'une voix de petit chef mécontent. Lorsque j'ai reçu “
Les Fables de la Fontaine” illustrées par
Joann Sfar, quel ne fut pas mon soulagement : j'avais ainsi un livre d'avance, qui pouvait bien faire une ou deux soirées lecture. Restait à savoir l'accueil que ces tyrans allaient lui réserver.
Autant rompre le suspens tout de suite, les enfants se sont jetés sur le recueil. Pas folles les petites guêpes ! Elles ont été instantanément attirées par les magnifiques illustrations de
Joann Sfar. Ma fille a pris plaisir à me réciter les
fables qu'elles connaissait par coeur, tout en me faisant remarquer que “
Le Loup et l'Agneau” brillait par son absence. Sueurs froides. Je détourne son attention en lui lisant “La Grenouille qui veut se faire aussi grosse qu'un boeuf”. Elle me demande alors l'autorisation d'emmener son livre à l'école le lendemain pour le présenter à la classe. Merci aux éditions Michel Lafont pour ce beau livre, grâce à vous ma fille crâne aujourd'hui à l'école avec les
fablesDe La Fontaine. Elle est tout à fait intoxiquée.