"Crépuscule du Théâtre" est une pièce en trois actes et huit tableaux qui a été écrite par
Henri-René Lenormand.
Elle a été représentée, pour la première fois, le 14 décembre 1934, sur la scène du théâtre des Arts.
"Crépuscule du Théâtre" est une curiosité.
Henri-René Lenormand, pensant que le Théâtre voit arriver son crépuscule, veut, avec ce brillant morceau de scène, pointer du doigt les nombreuses difficultés que rencontre l'auteur dramatique pour se faire jouer :
il est trahi par les comédiens, défiguré par les metteurs en scène et finalement méconnu du public ...
Le rideau, au premier acte, se lève sur la scène d'un vieux théâtre à Paris que son directeur, lassé, tente vainement de vendre à un richissime américain.
La troupe, en présence de l'auteur, répète "la mouette".
La vedette, qui semble dénuée de tout talent, rythme la séquence au gré de ses caprices et de ses exigences.
Une autre des comédiennes, qui tient le second rôle, aurait pu faire vivre la pièce.
Elle aurait pu, il y a vingt-cinq ans, être la maîtresse de l'auteur ...
Lorsque le rideau, une seconde fois se lève, les acteurs sont transportés sur la scène d'un grand théâtre moderne, à Berlin.
Ceal aurait pu être la gloire mais Putsch, qui a adapté la pièce, l'a complètement dénaturé ...
Au troisième acte, le rideau se lève, une dernière fois sur la scène de ce vieux théâtre de Paris.
Son directeur tente, pour le plaisir, de faire vivre un chef-d'oeuvre, "
la tempête" de
Shakespeare.
Ce serait pour son théâtre une fin honorable.
Un acteur accepte de jouer à demi-cachet.
La comédienne, partie vers le cinéma, revient sur scène comme un oiseau revient au nid ...
"Le crépuscule du Théâtre" est un fin plaidoyer pour que vive le Théâtre.
Car celui-ci, au milieu des années 30, connut une période critique.
Beaucoup, comme
Pagnol et Lenormand, crurent qu'après avoir connu un éclatant apogée, la scène se dirigeait vers un sombre crépuscule.
Était-ce la faute des auteurs dont l'inspiration semblait moins heureuse ?
Du public, plus négligent ? Ou de la concurrence du tout nouveau cinéma parlant ?
La pièce est aussi une curiosité car, pour les représentation au théâtre des Arts, ce sont ses interprètes, revenant à la formule corporative traditionnelle du moyen-âge, qui, se substituant à la direction, ont assumé les risques de l'entreprise.
C'est une pièce, bien exceptionnelle, cette pièce qui nécessite pas moins d'une trentaine d'interprètes que l'on ne connaît que par le nom de la fonction qu'ils remplissent :
Le machiniste,
Le régisseur,
L'accessoiriste,
Le directeur,
L'auteur,
La comédienne,
La vieille cabotine,
Le vieux cabot,
L'arpète
La vedette,
L'acteur,
Le spectateur .... et bien d'autres qui défilent au générique de cet étonnant morceau de scène ...