Résumé
Visant à s'emparer des "valeurs" centrales de la société (l'islamo-nationalisme) afin de dispute aux groupes dirigeants le contrôle qu'ils exercent depuis l'indépendance sur l'économie entière, l'islamisme fait, à la fois, intervenir les acteurs dominés de la jeunesse du sous-prolétariat urbain et les jeunes élites diplômées exclues des filières de recrutement de la "bourgeoisie d'Etat". le FIS doit une grande partie de son succès au fait qu'il remplit à la fois les fonctions classiques du parti politique et une fonction "tribunicienne" d'organisation et de défense des catégories sociales plébéiennes. Mais le FIS n'est pas monolithique, qui voit s'exprimer dans ses rangs deux tendances : l'une "technocratique" qui s'essaye à une intégration par les rouages de l'Etat ; l'autre "théocratique" qui prône le renversement du "système". le choix du FIS en faveur d'une stratégie électorale aura pour effet de favoriser la première au détriment de la seconde. Mais le coup d'Etat de janvier 1992 sera, pour les "théocrates", l'occasion de la revanche. C'est donc aussi à la double nature du parti que les élites politiques du FIS doivent, depuis trois ans, de ne pouvoir contrôler totalement leur base et d'assister à un éclatement partiel du mouvement social dont ils s'estimaient jusqu'alors être les uniques porte-parole.
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