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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai découvert Jean-Marie Laclavetine, pilier des éditions Gallimard, auteur, traducteur, éditeur… lors de « L'Autre festival celui qui ouvre les livres » , à Avignon.
La puissance de la littérature pour Jean-Marie Laclavetine c'est, après des décennies de silence – cinquante ans- chargées de douleur, pouvoir partir à la recherche de souvenirs, pour retrouver sa soeur aînée Anne-Marie, Annie pour les intimes, tragiquement disparue à vingt ans, noyée, c'est reconstituer par le biais d'une longue enquête, les souvenirs la concernant pour lui redonner vie, c'est aller à la recherche de ceux qui l'ont approchée, qui l'ont aimée, c'est découvrir qui elle était vraiment, une jeune-fille ardente, pétillante, amoureuse de Gilles.
La puissance de la littérature c'est aussi de pouvoir, par la grâce des mots, naître à quinze ans en se découvrant une vocation d'écrivain « La mort m'a fait ce que je suis ».
Pour Jean-Marie, la puissance de la littérature , ce n'est pas une thérapie, c'est mieux que cela, c'est vivre , partager, c'est se réconcilier avec la vie .
Une amie De La Famille est un récit émouvant. Une lecture pleine d'empathie.
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Enfin oserais-je dire. Voilà 50 ans qu'Annie a été emportée par une vague à Biarritz le 1er novembre 1968, 50 ans de silence. J.M Laclavetine arrive enfin à évoquer ce jour funeste, le jour où il est né pour de vrai dit-il.
Un récit touchant, émouvant où les souvenirs des uns et ceux des autres forment un camaieu de pièces parfois discordantes mais toujours aimantes. Jean et Janine, les parents, Marraine, la grand-mère sont aujourd'hui décédés. Eux seuls auraient pu combler les vides mais est-ce vraiment nécessaire pour "ressusciter" Annie? Il leur faudra admettre que leur soeur ainée reste pour partie une inconnue.
Par petites touches, le portrait finit par prendre forme. En 1968, les contraintes imposées aux filles étaient le plus souvent pesantes , régies par les conventions, le qu'en dira t'on, les codes sociétaux en vigueur. le carcan familial était pesant et gare à celle qui voulait s'en libérer!.
J.M Laclavetine évoque tout cela dans son récit.
Un beau portrait, une jeune fille qui enfin avait retrouvé le chemin du bonheur, à qui la vie promettait beaucoup. Une famille comme bien d'autres secouée par des drames, les accidents, mais une famille exceptionnelle où chacun est là présent et entoure l'autre. le temps a passé et ils sont toujours présents , sacré cadeau!
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Le 1er novembre 1968 la soeur aînée de l'auteur qui avait vingt ans et lui quinze a été emportée par une vague à Biarritz alors qu'ils se promenaient.

Ce livre est très intime et touche particulièrement.

On s'interroge sur le profond silence qui dès lors a enseveli toute une famille.

L'auteur revient sur ce deuil enfoui au plus profond de chacun, cinquante ans après .

Il se questionne et fait des recherches pour faire revivre cette petite fille, cette fille, cette soeur, cette jeune femme que tous ont aimé et la découvrir de nouveau.

Un besoin pour lui irrépressible, nécessaire et sans doute bénéfique.
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Les Biarrots connaissent bien la légende de Laorens et Saubade, couple romantique d'amoureux noyés dans la Chambre d'amour, cette grotte située dans un renfoncement de la falaise, sous le phare. Aujourd'hui, l'accès en est interdit par des grilles. Mais le 1er novembre 1968, une échelle verticale permettait d'y accéder.

C'est que firent l'auteur-narrateur du livre, Jean-Marc Laclavetine, accompagné de son frère Bernard, de sa soeur Anne-Marie (contracté en Annie par la famille) et de Gilles, l'amoureux d'Annie. Qui d'autre ? Pas le petit frère, Dominique, resté avec la grand-mère, la très désagréable vieille dame dite « Marraine ». Contrairement à ce que pensait Jean-Marie.

Que s'est-il passé à 15h35 (selon le journal local) ? La mer était agitée, comme souvent au Pays basque, et d'un seul coup une vague s'est ourlée, a fait le gros dos, s'est gonflée pour finir par claquer comme une gifle sur les visiteurs. Deux personnages se retrouvent emportés, la vague, la vague est une tueuse. On pense à celle d'Okusai, on pense à l'inéluctable, l'imprévisible, le destin qui soudain se referme en boucle, laissant hébétés les survivants. Parmi eux le jeune amoureux, qui aura tenté de ramener Annie à la rive. En vain. C'est un surfeur qui remorquera le triste fardeau, des secours arriveront, bien tard selon les souvenirs de Jean-Marie.

Pendant des années, le deuil sera impossible pour la famille. Quand on demandera qui est cette jeune fille sur la photo, le petit frère répondra : Une amie de la famille. (Voulait-il dire une Annie ? ) Comme si dire la mort c'était l'accepter.

Cinquante ans plus tard, Jean-Marie Laclavetine tente par l'écriture de restituer les faits, les émotions et ce qui devait arriver se produit : au fil de ses rencontres avec les survivants (l'amie d'Annie nommée Lydie, l'amoureux Gilles retrouvé en 2018, les frères), il apprend que la mémoire est capricieuse, accommodante ou perturbée, que les souvenirs que, dur comme fer, nous croyions exacts, sont déformés, incomplets. Comme si nous faisions des arrangements avec la vérité.

C'est une expérience que pouvons avoir vécue, nous aussi. Nous comprenons d'autant mieux Jean-Marie, notamment quand il recourt à l'écriture pour rétablir une certaine forme de vérité. Lequel d'entre nous n'a pas essayé d'écrire pour restituer - et mieux accepter - le passé ? Avec toujours ce cuisant regret de ne pas avoir interrogé les témoins alors qu'ils étaient encore en vie. Tout ce que nos parents, nos frères et soeurs, nos amis ont pu emporter avec eux...définitivement perdu.

Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain.
Le temps s'en va le temps s'en va ma Dame. Las ! le temps non, mais nous nous en allons.
Qui a dit mieux que Ronsard la nécessité de vivre l'instant présent ?

Ce livre autobiographique, illustré de quelques photos comme pour dire que tout est vrai, ce livre peut intéresser et émouvoir tout lecteur confronté au souvenir. Certains aspects peuvent sembler déconcertants voire peu utiles au propos (je pense en particulier aux liasses de lettres d'amour échangées entre ses parents) mais c'est in fine un livre à la fois touchant et intéressant.


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Ce livre est une enquête et une quête, la quête de l'auteur partant à la recherche de sa grande soeur emportée en pleine jeunesse par une vague meurtrière alors que lui-même n'avait que quinze ans. Il s'agit de rechercher, de retrouver, de faire revivre cette soeur disparue, exclue de la mémoire familiale, à un point tel qu'il fut répondu à un ami de passage s'interrogeant sur sa photo qu'il s'agissait là d'une « amie de la famille ». D'où le titre. C'est aussi le portrait d'une famille des années cinquante et soixante, « catholique de gauche », modeste, le père cheminot souvent absent, la mère « au foyer », les enfants s'affranchissant vite de la tutelle familiale.
Un livre profondément touchant.
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🌙 «Une amie de la famille ? En quelque sorte. Une présence tenace, en tout cas, transparente et fluide comme un souffle, un fantôme doux, un pas léger sur les feuilles mortes, une ombre mélancolique au parfum omniprésent qui se déplaçait auprès de chacun de nous et posait doucement ses doigts sur la bouche de ceux qui s'apprêtaient à parler. »
(P.62)

🌙 Annie est décédée le 1er novembre 1968, emportée par une vague dans la Chambre d'amour, à Biarritz, alors qu'elle se promenait avec son fiancé de l'époque et deux de ses frères. de ce décès tragique est né un silence, comme pénitence. Cette fille, cette soeur, cette fiancée, cette amie a soudainement cessé d'exister, plus rien ne subsistait d'elle dans ce monde qui l'avait fait disparaître. Pour Jean-Marie, son plus jeune frère, le jour de la mort de sa soeur, survenu lors de ses quinze ans, a marqué pour lui sa seconde naissance : le silence, lui, est une deuxième mort. Dans la famille, plus personne pour évoquer le rire d'Annie, pour tenter de ne jamais le laisser s'échapper dans l'écho infini des tourbillons de la vie, personne pour se rappeler son amour de l'espagnol, sa révolte, le feu qui l'habitait, les démons qui la hantaient. Seule une photo, chez sa grand-mère, parmi le reste de la famille. Mais la honte, l'embarras, le silence encore une fois qui gagne et cette unique réponse « Une amie de la famille » à cette simple question « Qui est-ce ? ».

🌙 Il aura fallu cinquante ans pour que Jean-Marie Laclavetine ose faire face à son passé, qu'il ait le courage d'aller à la recherche de sa soeur, pour débusquer « sa fougue et ses doutes », pour saisir « ses joies et ses colères », pour comprendre qui elle était et pourquoi on refusait de la nommer, pour continuer à la faire exister, attiser la flamme de son souvenir, aussi mince fut-elle.

🌙 Alors, les mots. Enfin le dialogue, la « parole qui traverse » et les êtres et les époques, l'échange, les souvenirs qui jaillissent parmi les frères, les doutes et les incompréhensions des enfants qui trouvent enfin une réponse, les mystères qui n'en sont plus. Parler. Parler pour résister, pour comprendre et consoler, pour guérir, sans enfouir, et souffrir oui, mais adoucir la douleur, l'apprivoiser, en faire une amie, plutôt qu'une ennemie.

🌙 On ne dira jamais assez l'importance de parler ; on parle tellement, on emploie les mots à tort et à travers, on se les jette à la figure, on les maltraite, on les sous-estime, on les méprise. Pourtant, les mots, quand on les choisit, deviennent une épaule, une consolation, une aide inestimable.

🌙 « Les grandes douleurs sont certes muettes, mais elles ne le sont pas naturellement : c'est un vrai travail de parvenir à les faire taire. »
(P.160)
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Je reste assez mitigée suite à la lecture de ce roman. L'auteur, JM Laclavetine, revient 50 ans après, sur la disparition de sa soeur aînée; en effet, 50 ans de silence familial sont passés et l'auteur ressent le besoin de "retrouver" sa soeur. J'ai apprécié les méandres et les difficultés pour retrouver les traces de cette soeur disparue, les tours que jouent la mémoire; j'ai aimé la description d'une époque et de la société des années 60 (difficulté d'être une fille dans les années 60...). J'ai moins apprécié la fin du roman avec la lecture des lettres ; j'ai trouvé ces révélations trop intimes et j'avais presque hâte d'arriver à la fin du roman.
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L'auteur se transforme ici en archéologue des souvenirs. Avec beaucoup de délicatesse comme s'il s'agissait de tesselles de mosaïque, il plonge dans sa mémoire et recueille les témoignages de ses proches afin de reconstituer le portrait de sa sœur disparue. Un beau moment de lecture.

une très belle critique dans le journal "la croix"
https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/amie-famille-Jean-Marie-Laclavetine-2019-03-28-1201011861
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Interrogé par des amis sur l'identité de la jeune femme figurant sur une photo, Dominique l'un des frères du narrateur-auteur répond : « Une amie de la famille ». Dominique se sent alors coupable d'une trahison, c'est dire le silence autour de la disparition d'Annie, leur soeur, enfermée dans « un sarcophage de plomb ».
Une amie de la famille est un très beau récit. le 1er novembre 1968, à Anglet, une vague déchaînée balaie les rochers de « La chambre d'amour » où Annie, son fiancé Gilles, les frères d'Annie se promènent. Une lame emporte Annie et son fiancé. Les secours tardent à arriver. Des surfeurs ramènent Annie sur la plage où elle meurt d'épuisement. Gilles survit. C'est la sidération. Annie avait vingt ans, l'auteur en a quinze. le silence sur ce drame va durer cinquante ans. Et le récit débute ainsi : « Je suis né à quinze ans. » L'auteur est convaincu qu'il faut un évènement particulier pour entrer en littérature. Poussé par ses filles qui veulent connaître la vérité sur la mort de leur tante, Jean-Marie Laclavetine s'interroge sur la façon d'entretenir la mémoire, le souvenir d'un défunt. Comment donner une place à Annie parmi les vivants ? Comment lever le tabou familial maintenant que les parents ne sont plus là ? L'auteur interroge la fratrie, rencontre Lydie, l'amie, retrouve Gilles, étudie photos et correspondance, décrypte ses rêves. Mais les mots transforment, les photos font écran, la mémoire est peu fiable, défaillante, menteuse parfois. A travers les lettres que ses parents se sont échangées, l'auteur nous livre un


témoignage sur la France des années 1950-1970 et les valeurs d'un couple de catholiques progressistes. Il s'interroge sur la mission de la littérature, pour lui écrire ne répare pas, écrire fait circuler ce qui est enfoui, écrire c'est mettre de l'ordre dans le chaos , écrire c'est « coudre ensemble les lambeaux épars que la mémoire accroche dans les recoins de nos consciences . »
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J'ai aimé cette amie de la famille.
Pourquoi ?
Pour l'histoire. de famille. C'est dans le titre.
La soeur de l'auteur, Annie, 20 ans, meurt noyé en 1968 à Biarritz.
L'auteur revient sur ce drame. Mais pas de suite, non. Il attend. Que beaucoup des protagonistes meurent. Que le temps fasse son oeuvre. C'est trop facile sinon.

Pour la façon dont le récit est construit. Comme une enquête policière. Attention, c'est pas Grangé, j'ai pas mis l'étiquette thriller.
Il cherche, affirme, doute, revient sur ses certitudes.
Il dépeint si bien ce que sont les souvenirs d'enfance entre ce que l'on se rappelle, ce que l'on croit se rappeler et surtout ces blancs, ces trous, ces oublis. Ces secrets ? Ces mystères ? Ou pas ? Ces silences surtout.

Bel hommage à sa soeur, ses parents.
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