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EAN : 9782070121977
352 pages
Gallimard (26/02/2009)
3.58/5   24 notes
Résumé :
1973. Le cercueil du maréchal Pétain est arraché à sa sépulture de l'île d'Yeu par un commando de fidèles. Ils projettent de l'ensevelir à Douaumont, parmi les pioupious. Mais Paul Destrem et Salvador Martinez, deux trublions indépendants, interceptent par hasard l'illustre dépouille. Ils vont dès lors veiller sur ce trésor de guerre, ardemment convoité par diverses factions. Nous voilà ne raconte pas seulement les tribulations d'un Maréchal en rupture de tombe à tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quelle bonne et belle surprise, que ce roman enragé et drôle qui raconte 30 ans d'Histoire de France.
Ca commence comme une blague : en 1973, deux babas soixante-huitards se retrouvent avec le cercueil du Maréchal, le Héros de Verdun, le Sauveur de la France, le Grand Homme Seul, également dit "Précis le Sec" ; cercueil dérobé et perdu par des nervis d'extrême-droite (histoire vraie, sauf que le cercueil a en réalité été retrouvé 3 jours après). C'est l'occasion pour Jean-Marie Laclavetine de dresser le portrait d'une génération et d'une époque, à travers les tribulations de ce cercueil et l'histoire de Paul et Léna, qui essaient de s'aimer au temps de l'amour libre et des discours maoïstes enfumés sur les lendemains qui chantent.
Sauf que les lendemains n'ont chanté que pour les opportunistes, qui ont trahi leurs idées jusqu'à devenir députés socialistes ou ministres sarkozystes. Et tandis que s'évanouit le rêve hippy et que grandit l'enfant de Paul et Léna, l'auteur déroule avec virtuosité l'enchainement des événements minables et abjects qui ont définitivement enterré les 30 Glorieuses. Et nous voilà !
Mais... et le cercueil, dans tout ça ? Vous le saurez en lisant ce très bon roman, dont le style plein de vie et de passion m'a fait penser à Pierre Lemaître. Si l'analyse socio-politique m'a enchantée, j'ai aussi été émue par les petites touches de poésie disséminées ici ou là. C'est une très heureuse découverte pour moi -et j'espère qu'elle le sera pour vous aussi.
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De 1973 à nos jours nous suivons Paul et Lena, un couple de soixante-huitards en rupture de société, et leurs amis. Ils s'aiment. A leur façon.
Au même moment une troupe de fascistes au petit pied, un tantinet branquignols, enlèvent la dépouille du Maréchal P. de son exil insulaire. Je ne citerai pas son nom, l'auteur de son côté renâcle visiblement à le faire, je l'appellerai donc Maréchal Nous Voilà. Objectif : lui faire rejoindre ses chers poilus, du moins ce qu'il en reste (et dont on n'a pas pris l'avis), à Douaumont.
Et c'est le début d'aventures croquignolesques. Les uns et les autres se rencontreront.
C'est la chronique d'une époque, le portrait d'une jeunesse habitée des idéaux de mai 68 face à la réalité du monde : après la vie rêvée de mai viendra le temps terrible des désillusions.
Le livre est léger, drôle, sensuel souvent (de beaux portraits de femmes), un brin caricatural parfois, teinté d'une ironie se faisant de plus en plus amère. Peu à peu le ton se fait plus grave, j'ai même ressenti une certaine tristesse sur la fin. J'ai adoré.
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Le titre de ce livre qu'on pourrait ranger dans la catégorie des romans picaresques fait évidemment référence à la chanson de 1940 à la gloire du maréchal Pétain, héros de l'Histoire avec un grand H pour certains, acteur malgré lui, à la fois invisible et terriblement encombrant, de l'histoire narrée par l'auteur. C'est en effet son cercueil qui, transporté incognito par des "patriotes" puis par des "gauchistes" poursuivis par les patriotes, parcourt la France sur quatre décennies, séjournant parfois longuement en plusieurs endroits plus ou moins provisoires et adaptés. Au départ, au début des années 1970, il s'agit pour les concepteurs du projet de transférer en douce le corps du maréchal de l'île d'Yeu, où il était emprisonné et où il a été enterré, à Douaumont, dernière demeure infiniment plus appropriée pour le grand soldat qu'il était. Mais l'opération capote malencontreusement, le cercueil tombant aux mains de manifestants à l'idéologie bien différente. Un autre récit prend alors le relais, en quelque sorte, celui du parcours de vie de ces militants d'extrême gauche (et de quelques-uns d'extrême droite), de ces féministes, de ces écolos qui ont vécu des luttes emblématiques : le Larzac, Malville... et qui la soixantaine sonnée ont parfois sérieusement bifurqué. Parmi eux nous suivons tout particulièrement Paul et Lena, et Samuel L enfant de Lena que Paul a élevé sans être persuadé qu'il en était le père biologique.
Appâté par la lecture de "La balade nationale", je dois avouer que le roman de Laclavetine m'a un peu déçu car je m'attendais à une sorte de road movie littéraire centré sur les tribulations du cercueil de Pétain qui certes prend toute la place dans les premiers chapitres et reste en arrière-plan tout au long de l'histoire, réapparaissant en pleine lumière de temps à autre, mais le récit de ces péripéties plutôt cocasses est à mon avis parasité par les biographies beaucoup plus sérieuses, voire dramatiques, hors sujet pour tout dire, constituant à elles seules la matière d'un autre livre.
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Paul et Léna ont une vingtaine d'années en 1973. Ils ont loupé Mai 68, se rencontrent dans une petite communauté urbaine où se côtoient maoïstes, trotskistes ,féministes et autres fumeurs de joints. Peu resteront fidèles à leurs idéaux. Laclavetine fait une chronique sans concession de cette génération post soixante-huitarde qui arrivera au pouvoir 30 ans plus tard.
En parallèle, nous suivons aussi les tribulations du cercueil du Maréchal Pétain que des baroudeurs de droite voulaient inhumer à Douaumont.
Beaucoup d'ironie douce-amère et de nostalgie.
Et moi de me dire "Que faisais-je donc pendant ce temps"?
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J'avais retardé la lecture de ce livre à cause d'une indigestion d'ouvrages autour des deux guerres mondiales... Mais quel plaisir de retrouver la plume de Jean-Marie Laclavetine ! C'est drôle, tendre, le suspens est toujours au rendez-vous mais l'auteur ne se prive pas des belles pauses de description comme il sait si bien les faire... J'ai également versé quelques larmes... Bref : une palette d'émotions au service d'une histoire improbable pour un livre que l'on n'arrive plus à poser une fois entamé.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il semblerait que l'apparition de Lena dans la vie de Paul lui ait ouvert les yeux sur les beautés de l'univers. Il se nourrit de ses visions. Le reflet satiné d'un morceau de tissus épousant la courbe d'une cuisse de Lena le rassasie pour la journée, et parfois même une partie de la nuit. Comment peuvent-elles supporter la grâce de ces poitrines, le charme intolérable de ces fesses roulant sous les tissus légers, comment peuvent-elles résister à l'attrait des miroirs, ne pas passer leurs jours et leurs nuits à contempler les fortunes qu'elles transportent partout avec elles, ce patrimoine de chair palpitante qui n'appartient qu'à elles, que personne ne peut leur voler, et qui renvoie le reste à son incurable laideur ? Comment, hein ?
Il ne sait quelles sont les pires, les plus torturantes, de celles qui promènent leur beauté avec une assurance tranquille de propriétaires, ou de celles qui font semblant de ne pas en être conscientes, et de ne pas percevoir le douloureux plaisir qu'elles suscitent par leur seule existence, cette jouissance atroce et délicieuse dont le caractère contemplatif contient son propre enfer. Ah, elles nous en auront fait voir ! Tellement voir, et si peu toucher.
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Le temps passe, en tout cas nous nous en allons. D'innombrables poèmes de qualité variable ont été composés sur ce thème. C'est un fait, quelque chose s'en va, quelque chose coule avec une effroyable constance, on ne peut rien contre, tout juste chanter la mélancolie de la chose. Paul n'avait pas le sentiment d'avoir vieilli, il se sentait toujours le même malgré ses quarante -cinq ans, toujours aussi fraîchement stupide, et pourtant le temps avait passé.
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...ainsi il était contre Mao, contre Lénine, contre Trotski, contre les soviets, contre le communisme Viêt-cong, contre les sabots en cuir, contre les steaks de soja et les diètes à l'eau minérale, contre le centralisme démocratique, contre Fidel, contre Baader-Meinhof, et même, même , pauvre de lui, contre l’écœurante liberté des petits chieurs de Summerhill.
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Puis son visage s'éclaira d'un sourire en voyant son petit-fils aux cheveux hirsutes, aux yeux écarquillés : il constata qu'il était grand-père. Il arrosa l'événement d'un giclée de gnôle dans sa tasse de café. Paul déclina. Peu à peu, visiblement, l'information prenait toute sa place dans le cerveau de Guy. Le sourire s'élargit, les yeux se plissèrent, il prit Samuel dans ses bras. L'enfant, étonné, agrippa le gros nez qui se penchait vers lui. Naissance d'une passion.
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Comme les filles avaient changé ! A vingt ans et des poussières Paul se souvenait du temps d'avant comme d'un passé lointain, nimbé de lumière grise, à l'odeur immuable et triste d'encaustique et de savon. Avant, les filles ne sautaient pas en l'air comme des bouchons de champagne, elles ne riaient pas en pleine rue à gorge déployée, avant les filles rosissaient en tirant jusqu'aux genoux leurs jupes écossaises, elles circulaient sur la voie publique avec des amies qu'elles tenaient par le bras en gloussant derrière leurs mains. Un grand pas avait été fait indéniablement vers l'avenir radieux, mais la moitié de l'humanité avait été oubliée en route
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Videos de Jean-Marie Laclavetine (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Laclavetine
Carte Blanche à Sciences Humaines
Intervenants: Vinciane DESPRET, philosophe, professeure à l'université de Liège, Jean-Marie LACLAVETINE, éditeur et écrivain, Héloïse LHÉRÉTÉ, directrice générale du magazine Sciences Humaines, Adèle VAN REETH, directrice de France Inter Les morts hantent les vivants. Ils leur parlent, les inspirent, s'installent en douceur dans leur vie intérieure et travaillent leur existence. Les trois auteurs que nous proposons de rassembler ont enquêté, chacun à leur manière, sur "la vie des morts". A mille lieues des théories du deuil, qui enjoignent à l'oubli et à la reconstruction, Jean-Marie Laclavetine (écrivain et éditeur), Adèle van Reth (journaliste, philosophe et écrivaine) et Vinciane Déprêt (anthropologue) racontent cette conversation secrète et quotidienne que beaucoup d'entre nous entretenons avec nos chers disparus. Ces hommes, femmes, enfants que nous avons aimés ne laissent pas seulement un manque. Ils sont aussi une présence, réelle, à la fois triste et réconfortante. Ils imprègnent en profondeur les vivants et guident leurs pas.
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