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EAN : 9782072940842
208 pages
Gallimard (11/03/2021)
3.7/5   43 notes
Résumé :
« Tu as coupé à un nombre conséquent d’enterrements, petite veinarde. Tu as échappé à tous ces coups qui un par un nous assomment et nous laissent comme des boxeurs groggy dans l’attente du gong final, tu as échappé aux plaintes et aux gémissements, partie avec sagesse et un brin de désinvolture dans la pleine force de tes vingt ans, nous laissant aux tracas des deuils, des héritages, de l’absence, des tristes lendemains. »

En publiant Une amie de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Comment vit-on avec la mort ?
"Les mots peuvent offrir une nouvelle vie aux disparus", répond JM Laclavetine empruntant cette phrase à Béatrix, une amie de sa soeur qu'il décide de rencontrer à Bayonne..
Dans ce long dialogue avec sa soeur Annie disparue en1968, l'auteur propose une suite à son précédent roman intitulé Une amie de la famille dans lequel il parlait pour la première fois de la dispartion de sa soeur, de cinq ans son aînée.
Le récit alterne entre références littéraires et évocations d'amis communs eux aussi anéantis par la disparition d'Annie.
J.M Laclavetine emmène le lecteur sur des chemins qui lui sont familiers, qui évoquent à leur tour le souvenir de ses propres disparus.
Un lecteur lui écrit : "Tu es devenue le visage universel de nos douloureuses absences."
Jacques Brel avec son "On n'oublie rien, on s'habitue c'est tout.", donne le ton.
L'auteur découvre alors ceux qu'il ne connaissait pas et qui constituaient l'entourage intime d'Annie.
Beatrix, Patrick, Gilles, Lydie...et d'autres.
Il découvre ainsi une nouvelle Annie dont le personnage échappe à la famille, "(...) une jeune femme tourmentée voire suicidaires - pour Béatrix - confiante en l'avenir, souriante à la vie et aux autres - pour Patrick-"
Qui était Annie ?
"Entre la vie et le rêve, il existe une troisième chose. Devine laquelle" conclut l'auteur en citant ces vers de Antonio Machado.
Je ne peux m'empêcher de penser que J.M Laclavetine est un écrivain "capable de faire donner tour à tour ou simultanément (dans le même roman) l'orchestre symphonique, l'orphéon de village, la quatuor de chambre et le tam-tam de brousse."
Qualité qu'il attribue à L.F Céline dans les pages du récit.
Premier roman de J.M Laclavetine lu durant l'été 2021.
Merci pour ce moment de lecture.
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Tout part d'un premier livre : « Une amie de la famillle ».
Livre émouvant autour d'une soeur disparue tragiquement et des questionnements provoqués par ce séisme familial et personnel.

Réactions de lecteurs, réactions d'amis, reprises de contact, hasards lumineux en sont la conséquence qui enrichit l'auteur.
Autre conséquence : le dialogue continu avec la disparue.
Il l'invite à réfléchir avec lui, lui présente de nouvelles amitiés, lui dévoile sa vie et ses espoirs, la vie où elle n'est plus et qui continue, laissant s'égréner travail, amours et amitiés.

Amitiés qui réjoindront le jardin des disparus sous les arbres qui leur sont dédiés.
Amitiés littéraires, amitiés plus anonymes, l'auteur les évoque, leur rend hommage, les relie à la disparue à qui il a redonné vie.

Les pages qui lui sont consacrées sont pleines de sensibilité et d'amour.
Celles offertes aux autres disparus ne le sont pas moins.

Les citations de poèmes (particulièrement ceux de Neruda et d'Aragon) supportent ce cheminement et donnent une fondation à l'éphémère de la vie, à ce qui demeure.

Une lassitude se fait sentir en cours de lecture.
Une interrogation apparaît quant à l'utilité de cette lecture.
Je terminerai cependant avec cette phrase du poète Émile Verhaeren : « La vie est à monter et non pas à descendre ».
Elle illustre ce qui ressort de la lecture de ce livre.
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Ce livre fait suite à "Une amie de la famille", hommage à Annie la soeur de l'auteur, emportée en pleine jeunesse par une vague scélérate. La parution de ce livre avait suscité de la part de ses lecteurs, des réponses, des questions, des témoignages des proches d'Annie et des témoins du drame. L'auteur s'adresse donc ici à sa soeur en témoignant de ce que, durant sa courte vie, elle a pu imprimer dans la mémoire des vivants. C'est aussi une démonstration de la puissance de la littérature qui en l'occurrence a tué le silence familial sur ce drame.
Mais l'auteur va plus loin : il fait revivre tant de ses propres amis eux aussi disparus, ce qu'il appelle son « petit Panthéon portatif », ceux qu'Annie n'a pas pu connaître, une superbe galerie de portraits.
Le livre est semé de citations, d'Aragon à Rutebeuf, comme ça, mine de rien, parfois sans les guillemets d'usage, au lecteur de les dénicher. Je n'ai cessé de penser à la lecture à ces vers De Lamartine, non repris dans le livre et chantés par Brassens  :
"C'est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents ;
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants :
Ils tombent alors par mille,
Comme la plume inutile
Que l'aigle abandonne aux airs,
Lorsque des plumes nouvelles
Viennent réchauffer ses ailes
A l'approche des hivers. "
Un livre émouvant, sensible, intelligent, un hommage à l'amour, à l'amitié, et à la vie.
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Tout comme j'avais adoré la lecture d'Une amie de la famille, j'ai aimé celle de la vie des morts. Tout comme j'avais trouvé le titre du premier ouvrage excellent, j'ai admiré aussi l'esprit du second. Jean-Marie Laclavetine y poursuit sa conversation imaginaire avec Annie, son « impérissable frangine » après les cinquante années de silence qui ont suivi sa disparition brutale en 1969. Et c'est magnifique. Bien au-delà du silence familial brisé, beaucoup de lecteurs ou d'anciennes connaissances ont été touchés par la minutieuse enquête qui redonnait une vie littéraire à la soeur de l'écrivain. Leur parole s'est aussi libérée sous forme d'innombrables messages, « de lettres reçues, de rencontres inattendues », trop de coïncidences et de surprises pour que Jean-Marie Laclavetine puisse en rester là. L'écrivain y a senti « la puissance mystérieuse de l'écriture », ce qu'elle rend possible, ce qu'elle ne répare pas, mais « ce qu'elle délivre ou dénoue ». Il fallait maintenant qu'il raconte à sa soeur tout ce qui s'était passé sans elle ou grâce à elle, les livres qu'elle ne lirait jamais, les personnes qu'elle ne rencontrerait jamais. Il a donc décidé de reprendre la plume pour prolonger presque naturellement le récit précédent et rendre compte cette fois de la surprenante et étrange présence dans nos vies des êtres chers qui nous ont quittés. On pourrait craindre un récit cafardeux, mélancolique ou déprimant et qu'on trouve d'ailleurs par moment, celui d'un homme qui « avance vers une défaite annoncée ». Mais si l'on y rencontre de nombreux trépassés hauts en couleur, réels ou fictionnels, qui ont compté pour l'écrivain, le ton quoique nostalgique n'a rien de lugubre ni d'indécent. Bien au contraire, l'écrivain y boit à la mémoire de ces chers disparus (à la santé de nos morts si j'ose dire), les invite à table pour passer un bon moment, parle d'eux avec tendresse et simplicité, en termes pudiques et joyeux, dresse de magnifiques portraits de ses intimes (Georges Lambrichs, Roger Grenier ou François Cavanna) en les plantant comme des arbres dans un jardin vivant. Bref, un magnifique livre sur l'amitié et sur comment l'entretenir (« parler de tout et surtout de rien »), sur la nécessaire fraternité des endeuillés pour conjurer la peur de mourir, sur la mouvance des souvenirs et le caractère trompeur ou farceur de la mémoire, sur le pouvoir spirituel de la littérature qui ne guérit de rien, ne ressuscite personne, mais qui permet grâce aux mots de relier « les vivants entre eux, et les vivants aux morts ». Un récit sur les morts qui revitalise.
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Dans le billet précédent, je vous parlais du livre écrit avant celui-ci, le récit de la brutale disparition de la soeur ainée de l'auteur, éludée voire occultée pendant près de 50 ans.
Depuis le premier récit, les lignes ont bougé, amis, amies, petits amis ou simple amoureux, témoins, cousins, ceux qui ont un jour partagé un bout de chemin avec Annie, s'en souviennent et souhaitent le faire savoir.
Chacun y va de son témoignage, simple précision, re-aiguillage du souvenir souvent trompeur.
La jeune femme de 20 ans à la destinée fulgurante a marqué les mémoires à l'encre indélébile par sa soif de vivre, d'apprendre, de découvertes et son caractère enjoué !
Ainsi l'enquête reprend et s'étoffe, la silhouette du fantôme, trop longtemps cachée dans le placard familial revêt un manteau de chair et de sang, une fille de son temps, férue de Lorca et de Marchado, qui aimait s'étourdir d'alcool, de musique, d'amis et de danse...
Celle, qui aura 20 ans pour toujours, a été, au fil des ans, rattrapée par la mort des autres, proches, amis, familiers de l'auteur, artistes, auteurs, passage un peu long qui m'a donné l'impression de faire le tour des cimetières à la Toussaint.
Et puis arrive ce passage particulièrement émouvant : les retrouvailles avec Jacques Falgade, un des pionniers du surf sur la Côte Basque et qui ce jour terrible porta secours...
Jacques vécut cet épisode comme un échec traumatisant qui sera renforcé par une autre perte quelques années plus tard. Facétie du destin... ou cruauté !

« La vie des morts » disait leur père, persuadé que ces derniers, dont Annie, continuaient à lui parler...
...à moins que ce ne soit le contraire, cher monsieur Laclavetine, je crois profondément que continuer à leur parler ou tout du moins à EN parler, prolonge durablement leur passage parmi les vivants !
A ce titre le livre est réussi, Annie a continué un sacré bout de chemin dans l'inconscient collectif et personnel de chacun.
La preuve elle a désormais deux beaux livres !
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critiques presse (3)
Telerama
17 octobre 2022
Au fil d’une minutieuse enquête dans la mémoire des vivants, ponctuée de hasards saisis comme des mains tendues, Jean-Marie Laclavetine se délestait d’un secret fondateur, tout en offrant une nouvelle existence à la défunte.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
14 juin 2021
Autour d’Annie, sa sœur morte à 20 ans, l’écrivain livre un texte vibrant de figures amies arrachées à l’ombre et au temps.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
25 mars 2021
L’écrivain évoque une nouvelle fois sa sœur disparue dans un récit émouvant et lumineux.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
comme tu as gagné un peu d’éternité à apparaître dans un livre, Annie. J’ai su que dès le lendemain je pourrais partager ma lecture, en parler fiévreusement à mes proches, que je pourrais lancer mes mousquetaires au galop sur les l’amitié. Voilà ce qui rend la littérature supérieure à la vie ordinaire : elle offre des territoires sauvages, inviolés, où l’on se promène dans une solitude enivrante ; mais on y est relié à l’humanité entière, tout peut y être partagé, la solitude y est peuplée, traversée par d’innombrables ruisseaux de vie, ce voyage est sans fin. L’enthousiasme que nous ressentons à la lecture de grandes scènes de la littérature ne vient pas seulement de leur qualité esthétique, mais aussi de ce qu’elles nous font prendre conscience, soudain, que nous sommes capables de grandes émotions : nous avons ce trésor en nous, que l’existence ordinaire enfouit sous la banalité des heures, et c’est un trésor partagé entre les êtres, entre les siècles. En se jetant sous un train, Anna Karénine nous rend plus grands, plus heureux, plus intelligents, comme Emma Bovary en avalant son arsenic ou Don Quichotte subissant les pires avanies et humiliations. Malheur, tristesse, joie, désir, amour, haine : en nous donnant à voir et à comprendre la vie dans ce qu’elle a de plus cru, de plus mystérieux aussi, la littérature nous hisse vers notre propre humanité. Les personnages des livres nous font toucher du doigt nos vérités intimes, ils nous prennent par la main, ils ne nous veulent aucun mal, rien de mauvais ne peut arriver par eux, ils nous guident et nous éclairent dans la nuit du réel. 23/24
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Existes-tu moins que moi, moins que nous, moins que ceux qui restent ? Es-tu vraiment moins vivante que les vivants ? Ce n’est pas l’impression que j’ai en regardant beaucoup d’entre eux. Tu as fait un passage parmi nous entre le 3 mai 1948 et le 1er novembre 1968. Ce n’est pas énorme, vingt ans, mais c’est assez pour se révéler inoubliable, même quand on n’est pas Rimbaud qui à cet âge avait déjà rangé ses crayons et bouclé sa valise, balancé aux orties ses poèmes et ses frasques pour s’en aller chercher ailleurs le lieu et la formule ; même quand on n’est pas Alexandre qui à ton âge avait déjà fondé la moitié d’un empire ; même quand on s’est contentée de naître, de semer quelques éclats de rire et quelques coups de gueule avant de mourir par inadvertance un jour de Toussaint, avalée par une vague vorace sur les rochers de la Chambre d’Amour.
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p. 79 Beaucoup de celles et de ceux que j’ai rencontrés (…) ont éprouvé lors d’un deuil ce même sentiment d’un passage dans une réalité différente, d’une traversée du miroir. La perte d’un être aimé n’est pas une simple soustraction. Une personne de chair disparait, mais elle revient sous d’autres espèces, elle s’installe en nous et nous pousse à avancer, à chercher à chercher des réponses, elle nous laisse des intranquilles, en alerte, en demande. L’ordre des choses est fracturé, et par la faille nous entrevoyons des territoires insoupçonnés. La douleur reste, lente et dure, cependant la vie ne saurait se réduire à elle. Le vide creusé par la perte peut ainsi parfois produire un appel d’air, susciter une force, un besoin de créer et de partager.
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En exergue à son récit intitulé Un air de famille, Roger [Grenier] citait justement Schubert : «  Ce que le produit me donne le dernier plaisir de ce monde. » Toute littérature est faite avec du chagrin. Pour autant, ce n'est pas du chagrin qu'elle cherche à susciter, mais une forme de paix, un accord, un plaisir. Il observait des êtres qui souffrent, des êtres accablés par leur propre médiocrité, il décrivait la rêveuse petite-bourgeoisie provinciale pleine d'illusions que la vie écrabouille, recroquevillée sur des rêves de plus en plus inconsistants. Mais on ne trouve, dans ces portraits souvent ironiques, pas la moindre trace de méchanceté ; on entend au contraire cette voix qui nous dit : « Allons, tout cela n'est pas si grave. » Aucun geste accompli par ses personnages, même au plus sombre de leur vie, ne paraît vain, et en refermant "Le Palais d'hiver" ou "Partita", malgré la tristesse qui s'y déploie, on se sent apaisé et plus fort. Malgré leurs faiblesses, leurs petitesses, leurs lâchetés, les personnages restent toujours dignes de compréhension.
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Je viens de parler au téléphone avec Daniel, cet ami dont je me suis engagé à écrire l’éloge funèbre, dans le cas où le hasard ne le chargerait pas de la corvée du mien.
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Vidéo de Jean-Marie Laclavetine
Carte Blanche à Sciences Humaines
Intervenants: Vinciane DESPRET, philosophe, professeure à l'université de Liège, Jean-Marie LACLAVETINE, éditeur et écrivain, Héloïse LHÉRÉTÉ, directrice générale du magazine Sciences Humaines, Adèle VAN REETH, directrice de France Inter Les morts hantent les vivants. Ils leur parlent, les inspirent, s'installent en douceur dans leur vie intérieure et travaillent leur existence. Les trois auteurs que nous proposons de rassembler ont enquêté, chacun à leur manière, sur "la vie des morts". A mille lieues des théories du deuil, qui enjoignent à l'oubli et à la reconstruction, Jean-Marie Laclavetine (écrivain et éditeur), Adèle van Reth (journaliste, philosophe et écrivaine) et Vinciane Déprêt (anthropologue) racontent cette conversation secrète et quotidienne que beaucoup d'entre nous entretenons avec nos chers disparus. Ces hommes, femmes, enfants que nous avons aimés ne laissent pas seulement un manque. Ils sont aussi une présence, réelle, à la fois triste et réconfortante. Ils imprègnent en profondeur les vivants et guident leurs pas.
+ Lire la suite
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