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EAN : 9782130527749
127 pages
Presses Universitaires de France (15/04/2002)
4.14/5   11 notes
Résumé :

Il n'est pas besoin de rappeler la traditionnelle méfiance des philosophes envers l'art et les artistes. Ainsi la philosophie de l'art, inaugurée avec Platon, commence-t-elle paradoxalement par une condamnation des « beaux-arts » et de la poésie. Cependant la philosophie de l'art peut naître lorsque l'expérience esthétique devient problématique. Primitif, exotique, populaire, gothique, brut, naïf, l'art se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Défi non fiction 2024
Ouvrage sur la philo occidentale de l'art, ou esthétique, au plus près des textes et des philosophes "classiques", à commencer par Platon.

L'art, ses oeuvres, son devenir, et les approches plus ou moins "psychologiques", les approches fondées sur le spectateur, ou sur l'artiste, et sur l'exposition... L'approche de l'auteur, germaniste et agrégé de philo (quand je cherche son nom je tombe d'abord sur un certain pantalon Lacoste), est thématico-chronologique. Ainsi, un chapitre sur "l'artiste" sera l'occasion de parler de Nietzsche. Les questions classiques sont abordées, comme l'imitation, ou le langage de l'art (sujet tombé à un CAPES de philo), ou ce qui distingue l'oeuvre de l'outil (sont convoqués, par Heidegger, matière et forme.) L'outil, ainsi, se caractérise par sa "fiabilité" (terme en allemand) : quand on fait confiance à l'outil, on l'oublie. L'oeuvre, au contraire, sensibilise et révèle : elle montre la vérité. Les souliers de paysans peints par Van Gogh sont ainsi "révélées".

Il est philosophiquement intéressant ou utile, lorsqu'on cherche à élaborer une réflexion sur l'art (ex. j'ai tenté de réfléchir sur l'art et la virtuosité) de savoir ce qu'on dit les "grands philosophes" et quelles questions se sont posées dans l'histoire de la philosophie. La question du devenir de l'art, de son évolution (qui s'inscrit dans une dialectique hégelienne) est assez intéressante à suivre par le regard qu'on put avoir des auteurs du passé sur un passé plus lointain encore.

Le parti pris de l'auteur, s'il n'y a rien d'inédit, est de montrer que la philo de l'art s'est attachée à la vérité de l'oeuvre, et ce, dans une certaine unité. C'est cette dichotomie mensonge/vérité qui sort la réflexion sur l'art d'un matérialisme que je reconnais avoir. (Par exemple, expliquer l'art par des considérations purement objectives, comme le "produit d'un contexte").

Un Que sais je bien rédigé, honnête quoi qu'un peu dithyrambique, plutôt axé sur les allemands (l'auteur parle de ce qu'il connaît ! et puis l'esthétique allemande quoi :) ). Il se lit lentement car comme dans tous les que sais je tout doit tenir en une centaine de pages : il en résulte un texte dense où chaque phrase compte. Donc il est parfois complexe de suivre les raisonnements ou d'emmagasiner les informations.
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J'ai trouvé cet ouvrage très bien conçu. Il explore de nombreuses facettes de la philosophie de l'art. Il s'agit, pour moi, d'une très bonne entrée en matière sur le sujet, et qui m'aura été très utile dans le cadre de mes études. Bien sûr, une lecture approfondie des textes originaux est nécessaire, mais tout de même, J. Lacoste m'aura bien aidée à comprendre les enjeux de philosophies que je connaissais déjà un peu, sans vraiment les comprendre.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La diversité des systèmes philosophiques ne doit pas cacher l’unité qui, semble-t-il, caractérise l’histoire que nous venons de retracer. De Kant à Merleau-Ponty, en effet, une question ne laisse pas de resurgir : comment prendre l’art au sérieux ? En d’autres termes, comment éviter deux réductions parallèles, celle qui définit l’œuvre d’art uniquement par le plaisir subjectif qu’elle procure à un individu, et celle qui s’interdit tout jugement de valeur pour ne voir dans l’œuvre qu’un objet historique et « culturel » qu’on peut expliquer par l’« esprit du temps », les conditions sociales et économiques, les influences, la mode, le marché ou la psychologie des créateurs ? Même si cette seconde réduction peut seule donner une information scientifique et précise, elle ne peut vraiment prétendre rendre compte du scandale propre à l’œuvre d’art, ce mensonge de l’expression qui a, malgré tout, une vérité. C’est la question, à l’origine platonicienne, de la vérité de l’œuvre d’art. Or il est frappant de voir que l’œuvre d’art, loin d’être simplement soumise comme un objet à la réflexion philosophique, a peu à peu transformé la question philosophique de la vérité elle-même. (Cela est manifeste chez Nietzsche, Heidegger, Merleau-Ponty.)
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Le Journal de Delacroix et les Curiosités esthétiques de Baudelaire ont, dans la philosophie de l’art après Hegel, une importance qu’il est difficile d’exagérer. D’une part, le peintre et le poète ouvrent une tradition qui va de Signac (D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme), Gauguin et Van Gogh (les lettres à son frère Théo) à Klee (Das bildnerische Denken) et Kandinsky (Du spirituel dans l’art). Ce sont des écrits de peintres qui ne se contentent pas d’écrire un « traité de la peinture » strictement technique. Hegel avait constaté que l’art comme expression de l’absolu était une forme historiquement dépassée. Par cette condamnation, plus subtile que celle de Platon, il posait dans toute son acuité le problème de l’art (et donc de la place de l’artiste) dans la société moderne, prosaïque et bourgeoise. Hegel prenait très bien son parti, en philosophe, de ce déclin de l’art. Mais il ne faut pas s’étonner de voir les artistes eux-mêmes s’interroger philosophiquement sur le sens de leur travail et lui chercher une justification que la société et le « savoir absolu » lui refusent. D’autre part, Baudelaire et Delacroix formulent avec une grande clarté une esthétique nouvelle, à laquelle Freud, par exemple, n’a peut-être pas échappé, et qui voit dans l’œuvre d’art, non plus l’imitation d’une belle nature, mais l’expression d’une émotion individuelle, d’un sentiment, d’une « impression », ou la traduction silencieuse de l’imaginaire.
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Si la philosophie de l’art commence avec Platon, elle commence, paradoxalement, par une condamnation des « beaux-arts » et de la poésie. Il serait trop simple de voir en Platon un philistin ou un « béotien ». Athénien, il avait sous les yeux bien des œuvres d’art, le Parthénon par exemple, achevé peu de temps avant sa naissance. Dans ses dialogues, il mentionne d’ailleurs souvent des peintres et des sculpteurs, anciens ou modernes (Dédale, Zeuxis, Phidias, etc.) (cf. P.-M. Schuhl, Platon et l’art de son temps). Il avait d’autre part reçu, comme tous les jeunes nobles grecs, une éducation qui accordait une place éminente aux poètes. Socrate lui-même parle de l’« amitié respectueuse » qu’il a pour Homère (Rép., 595 b). Enfin les dialogues ne sont-ils pas eux-mêmes des œuvres d’art ? Et pourtant Socrate bannit le poète (Rép., 398 a), et répudie à la fois la peinture muette et les discours écrits (Phèdre, 275 d). Et seul l’art égyptien trouve grâce aux yeux de l’Étranger des Lois (656 d), parce qu’une législation sévère en a fixé immuablement les règles.
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Si la mélancolie est la fatale conséquence de l’imagination créatrice, le bonheur sera, pour Alain, le fruit de l’effort qui a su se délivrer de l’imaginaire.

(p.69)
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L'art conformément à son concept, a pour seul mission de rendre présent d'une façon concrète ce qui possède un contenu riche, et la tâche principal de la philosophie de l'art consiste à appréhender par la pensée l'essence et la nature de ce qui possède ce contenu et de son expression en beauté.
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