Merci
Marie-Hélène Lafon encore une fois...
Autre texte publié à l'initiative de la Fondation FACIM à l'occasion des 13èmes rencontres littéraires en Pays de Savoie dont
Marie-Hélène Lafon était l'invitée d'honneur en juin 2013. Construit autour de sa géographie natale, cette géographie devient intime, le paysage est matière, le paysage est corps, le paysage est écriture, l'écriture dessine un paysage sur la page , dans l'imaginaire.
"Au commencement le monde est fendu. Au commencement il y a la fente, la Santoire et sa mouillure vive au fond de la vallée qu'elle a creusée." p 9
" Aujourd'hui encore, cette métaphore du fil tendu et du piquet me vient très naturellement quand il s'agit de dire le travail de la phrase, et le juste équilibre à trouver entre majuscule initiale et point final".p 17
"Le corps immuable du pays s'inscrit dans ma mémoire et dans mon corps qui grandit et devient, entre dix ans et dix-huit ans; c'est un corps à corps; ça se fait évidemment à mon insu, ça me
traverse et je ne choisis pas; la poussée des choses est sourde et puissante, organique et considérable; elle commande et c'est tout." p 20
"Ces mots relèveraient de la toilette intime du pays, creux trous bosses plis secrets, on ne les écrit pas, on n'en a pas besoin; je peine aujourd'hui à leur trouver un juste équivalent, précis et efficace, dans la langue officielle et écrire coustir ici pour la première fois est indécent." p 24
" Je garde seulement la sensation très dense et précise de m'être laissé nourrir, voire bercer, voire consoler, par ce que je n'appelle pas encore les choses vertes, arbres vent lumière air saison ciel vent recommencé rivière arbres toujours." p 25
" D'ailleurs, avant d'écrire, d'oser écrire, pendant très longtemps, j'ai pensé que, si un jour j'écrivais, je prendrais ce pseudonyme de Santoire, je suivrais les eaux de la rivière d'enfance qui part et demeure à la fois; je ne l'ai pas fait, j'ai gardé mon nom, celui du père, où coule aussi l'eau vivace de la source latine." p 34
" Je sais seulement que la regardeuse d'enfance est devenue une travailleuse du verbe, assise à l'établi pour tout donner à voir en noir et blanc sur la page des livres. Il s'agit, par le truchement du matériau verbal, d'habiter la page comme on habiterait un pays..." p 45
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