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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chapeau bas, madame pour cette « Traversée » composée de textes courts, taillés avec la sûreté et la précision d’un diamantaire.
De la haute couture aussi que ces pages où vous nous invitez à vous suivre par « des chemins ombreux ou troués de lumière qui s’enfoncent dans la terre des origines et partent dans le monde »
Amoureuse de la rivière Santoire qui fend ce pays de vos origines au point d’avoir songé à en faire votre nom de plume, nous sentons que la géographie de ce pays fait partie de votre intimité profonde, que ce pays vous habite, vous embrasse autant que vous l’embrassez, même si vous en êtes partie ou en raison de cet éloignement même.

J’aime admirer et je voulais dire un grand merci pour l’offrande que sont vos textes courts, accomplissement de ce désir que vous énoncez en conclusion de ce beau petit recueil à la couverture d’un rouge profond qui habille à merveille la sensualité de votre écriture : « Il s’agirait de restituer un monde, de le donner à voir, mais aussi à entendre, écouter, deviner, humer, flairer, sentir, goûter, toucher, embrasser, à pleins bras, de toute sa peau, page à page, pas à pas, comme on marche, et ma place serait là, enfoncée dans les pays et dans la rumination lente du verbe. »
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"C'est une fantaisie de rivière de disparaître sous une croûte épaisse de terre et de résurger ensuite, mine de rien, l'air dégagé, garnie de truites, bourrée de cailloux, ardemment vive et basillarde, enjuponnée de noisetiers drus."

Marie-Hélène Lafon a l'Auvergne chevillée au corps et l'amour de la langue française dans les tripes! J'imagine qu'elle travaille ses textes avec lenteur, sensualité et détermination un peu comme un peintre qui souffrirait devant sa toile.

C'est le texte avant tout. Elle a un style qui n'appartient qu'à elle. C'est beau. C'est généreux. Elle s'applique à rendre la nature encore plus luxuriante. Elle écrit ses longues phrases, longues comme la rivière qui coule, longue comme les journées des paysans attachés à leur terre.

L'Auvergne, elle y est née et n'aura de cesse de lui rendre hommage. "Les belles lettres" elle en a fait sa vocation un peu comme on entre en religion. Les deux font bon ménage. L'une nourrit l'autre et l'autre se prête au jeu avec souplesse.

C'est un plaisir.
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Publié à l'initiative de la Fondation Facim à l'occasion des 13e rencontres en pays de Savoie dont Marie-Hélène Lafon était l'invitée d'honneur, ce court texte est un bijou. L'auteure y parle de la géographie de son pays si intimement lié à ceux qui le travaillent "comme une borne en terre le paysan est fiché dans le paysage et chevillé au pays, l'un l'autre se travaillent mutuellement au corps, entre tension et passion, vocation et résignation, patience et vaillance"."Le travail est un rapport au corps du pays et ses gestes habitent le paysage, l'animent de façon nécessaire parce qu'utile, ou inversement." Fille de paysans d'une région où coule la rivière La Santoire, ses origines l'ont nourrie. Certains les bâillonnent, tentent de les oublier, chez Marie-Hélène Lafon elles sont présentes tout comme son pays dans chacun de ses livres : "L'immuable géographie de mes livres dessine un pays archaïque, un pays haut, pelu, bourru, violemment doux, ardemment rogue, perdu et retrouvé toujours, quitté et lancinant. Des hommes et des femmes, et quelques enfants, y vivent, y travaillent, ils habitent dans des maisons qui font corps autour d'eux, les bêtes sont nombreuses et vivaces, les apprivoisées et les autres." Elle connaît la rivière, la vallée, chaque pré tout comme le travail de ses parents "Les enfants, dont je suis, participent à ces travaux, portent les outils, les piquets, le rouleau de fil et voit comment donner à la clôture la bonne tension. Aujourd'hui encore, cette métaphore du fil tendu et du piquet me vient naturellement quand il s'agit de dire le travail de la phrase, et le juste équilibre à trouver entre majuscule initiale et point final". Son pays est incrusté sous sa peau, il coule dans ses veines et dans ses mots " Je sais seulement que la regardeuse d'enfance est devenue une travailleuse du verbe, assise à l'établi pour tout donner en noir et blanc sur les pages des livres". Son pays et Marie-Hélène Lafon sont indissociables. L'humilité qui s'en dégage, la puissance et cette simplicité si belle de ce qu'elle nous transmet avec amour et sincérité m'ont prises à la gorge. Un texte qui m'a touchée-coulée.
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Invitée par une petite maison d'édition à composer un texte inédit en s'inspirant de ses paysages cantaliens, Marie-Hélène Lafon nous invite à une magnifique traversée de l'enfance à l'âge adulte. Son écriture ciselée, précise et sensuelle donne envie de lire ses courts textes à voix haute. Voici un extrait au cours duquel elle évoque son travail :
« Je sais seulement que la regardeuse d'enfance est devenue une travailleuse du verbe, assise à l'établi pour tout donner à voir en noir et blanc sur la page des livres »
Une très belle lecture.
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À la faveur d'une recherche sur les livres de Marie-Hélène Lafon , j'ai découvert ce petit bijou dans la collection Paysages écrits aux éditions Guérin. Un pur moment de lecture, que la découverte de ce texte ciselé, écrit à même ce paysage du Cantal, au plus profond des impressions, sensations, souvenirs d'une enfance marchée sur ces chemins escarpés.

Marie-Hélène Lafon raconte la géographie de ses origines paysannes avec une délicatesse et une sensibilité magnifiques. La langue, les mots, le rythme des phrases tantôt amples, tantôt sinueuses nous emportent, faisant vivre ce paysage “haut, pelu, bourru, violemment doux, ardemment rogue” qui imprègne à jamais ses romans. L'époque de cette enfance dans les années 70, les étés de travail au champ, les marches solitaires du dimanche pendant sept années d'une scolarité qui imposait le pensionnat, l'imprégnation d'un monde immuable fait de travail et de rites au fil de la terre. Ce petit livre convie pour nous les souvenirs éclairés très tôt de la connaissance du départ programmé, d'un ailleurs qui se nourrira des sensations premières, de la force du territoire familial, de ces racines qui forgent une personnalité. Les maisons, les habitants, les couleurs des saisons, les bêtes qui vivent sur ces terres, tout cela fabrique un univers qui sera le terreau de l'écriture de l'auteur ; elle qui convoque à chacun de ses textes toute la richesse de sa langue faite de sons, d'images, d'odeurs, de texture, de la vie en somme.
Lien : https://camusdiffusion.wordp..
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Merci Marie-Hélène Lafon encore une fois...
Autre texte publié à l'initiative de la Fondation FACIM à l'occasion des 13èmes rencontres littéraires en Pays de Savoie dont Marie-Hélène Lafon était l'invitée d'honneur en juin 2013. Construit autour de sa géographie natale, cette géographie devient intime, le paysage est matière, le paysage est corps, le paysage est écriture, l'écriture dessine un paysage sur la page , dans l'imaginaire.

"Au commencement le monde est fendu. Au commencement il y a la fente, la Santoire et sa mouillure vive au fond de la vallée qu'elle a creusée." p 9
" Aujourd'hui encore, cette métaphore du fil tendu et du piquet me vient très naturellement quand il s'agit de dire le travail de la phrase, et le juste équilibre à trouver entre majuscule initiale et point final".p 17
"Le corps immuable du pays s'inscrit dans ma mémoire et dans mon corps qui grandit et devient, entre dix ans et dix-huit ans; c'est un corps à corps; ça se fait évidemment à mon insu, ça me traverse et je ne choisis pas; la poussée des choses est sourde et puissante, organique et considérable; elle commande et c'est tout." p 20
"Ces mots relèveraient de la toilette intime du pays, creux trous bosses plis secrets, on ne les écrit pas, on n'en a pas besoin; je peine aujourd'hui à leur trouver un juste équivalent, précis et efficace, dans la langue officielle et écrire coustir ici pour la première fois est indécent." p 24
" Je garde seulement la sensation très dense et précise de m'être laissé nourrir, voire bercer, voire consoler, par ce que je n'appelle pas encore les choses vertes, arbres vent lumière air saison ciel vent recommencé rivière arbres toujours." p 25
" D'ailleurs, avant d'écrire, d'oser écrire, pendant très longtemps, j'ai pensé que, si un jour j'écrivais, je prendrais ce pseudonyme de Santoire, je suivrais les eaux de la rivière d'enfance qui part et demeure à la fois; je ne l'ai pas fait, j'ai gardé mon nom, celui du père, où coule aussi l'eau vivace de la source latine." p 34
" Je sais seulement que la regardeuse d'enfance est devenue une travailleuse du verbe, assise à l'établi pour tout donner à voir en noir et blanc sur la page des livres. Il s'agit, par le truchement du matériau verbal, d'habiter la page comme on habiterait un pays..." p 45
Lien : https://deslivresetvous81.wo..
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