Derniers jours avant fermeture

Une cité nouvelle a été érigée en banlieue parisienne par un ensemble de décideurs politiques et d'architectes véreux, à moindre frais et donc de si piètre qualité qu'en peu de temps cette cité qui devait être radieuse devient une décharge, et que les deux mille humains qui y demeurent envers et contre tout finissent oubliés dans les poubelles de l'histoire, devant s'inventer seuls et au jour le jour une vie marginale, en dehors du confort moderne trilogie eau-gaz-électricité. Ils survivent par débrouillardise, petits larcins, au petit bonheur de leurs envies, jeunes et vieux mélangés, réinventant une communauté fraternelle, où chacun aide l'ensemble et l'ensemble chacun. Mais au bout de quarante années, l'Etat prend brusquement conscience que ces 164 hectares pourraient être exploités avec rentabilité, et envoient les huissiers pour faire rembourser tout ce temps de non paiement d'eau-gaz-électricité et impôts dus. Puis viennent les militaires pour expulser les habitants mais ils sont engloutis les uns après les autres avec tous leurs moyens modernes pour envahir et neutraliser la population, dans les gouffres creusés pour les fondations des immeubles effondrés depuis longtemps suite aux économies de toutes sortes faites pour leur réalisation. Alors à bout d'arguments, les représentants de l'Etat décident d'ériger un mur d'enceinte autour de la zone et de laisser la population mourir de faim. Elle viendra couler 9 mètres de béton sur tout le terrain, après avoir enterré sur place et aux pelleteuses mécaniques tous les habitants de la cité.