1791, La dernière année de Mozart

Comme le ring de Wagner qui prend chaque année une importance croissante pour l'humanité,ses vérités se font plus convaincantes ( peut-être parce que le crépuscule des dieux est une réalité plus proche que jamais), la musique de Mozart joue de plus en plus un rôle dans notre vie. La dimension dramatique de ses opéras-la révélation de la beauté et de la vérité-a toujours été perçue dans Figaro et Don Giovanni ; on commence à la sentir fortement dans Cosi fan tutte et la clemenza di Tito,tandis que la Flûte enchantée, avec son mystère et sa majestueuse fusion d'éléments stylistiques en apparence incompatibles,s'impose à nous chaque jour davantage. Bref, l'héritage mozartien est une excuse à l'existence de l'humanité Qui vaut toutes celles que nous rencontrerons jamais et peut-être, après tout, un faible espoir d'ultime survie.

Caroline Pichler rapporte que Mozart, après avoir improvisé sur Non più andrai(Figaro, acte I),bondit du piano,sauta par dessus chaises et tables et miaula comme un chat.
Mozart et Haydn,que j'ai bien connu,écrit-elle,étaient des hommes qui ne manifestaient dans leurs relations personnelles pas la moindre autre force spirituelle exceptionnelle et presque aucune sorte de formation intellectuelle, d'éducation scientifique ou supérieure. Une tournure d'esprit banale, des plaisanteries insipides,et chez le premier Mozart une vie d'insouciance ; voilà tout ce qu'ils montraient à leur entourage.. Et pourtant, quelles profondeurs, quels mondes de fantaisie, d'harmonie, de mélodie et de sentiments gisaient cachés sous cette insignifiante coquille ! Par quelle révélation intérieure leur est venue cette faculté qui leur permet de savoir produire des effets aussi puissants et exprimer à l'aide de sons des sentiments, des idées et des passions de telle sorte que chaque auditeur soit contraint de les éprouver et soit touché au plus profond de son cœur ?

Jusque dans sa musique d'église, Mozart était un produit inspiré des Lumières : Vox populi:Vox dei ; autrement dit,le retour à la voix du peuple,sous la forme la plus simple et la plus fondamentale, était le gage d'une espèce de vérité,qui, à son tour, passait pour avoir une dimension divine.

Déjà en travaillant au premier de ses opéras (la Flûte enchantée,le deuxième étant la Clemenza di Tito),lui pour qui,quand le génie le saisissait,le jour était comme la nuit,il se trouvait souvent mal et perdait connaissance des minutes entières du fait de la fatigue.
Il composa la Flûte enchantée pour le théâtre de Schikaneder,qui était une vieille connaissance ,et à sa demande, pour le sauver de la situation difficile où il était.La poésie est de Schikaneder lui même,qui de cette manière s’est glissé vers l’immortalité.