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Il y a ce paradoxe majeur dans "les poésies d'A.O. B." à savoir qu'elles sont écrites par le double imaginaire du poète mais composées de souvenirs de voyages très personnels, de vécu débordant la à la forme et la métrique plus que personnelle... paradoxe irréductible donc où se trace un paysage à la fois cosmopolite et intime.
De cette expérience de dédoublement, de l'exil perpétuel mais voulu décrit dans les vers, de ce sentiment de rejet par la condition financière très favorisée de Barnabooth (et l'auteur) ressort une fort sentiment de solitude.
Impossible de démêler un quelconque vrai d'un visiblement faux. Tout est sincère et signé de vent.
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Écrits et publiés pour la première fois en 1908 sous le titre étrange de "Poèmes par un riche amateur", "Les poèmes de A.O Barnebooth" - hétéronyme de Valéry Larbaud - (Barnebooth est la contraction de la ville de de Barnes, située près de Londres et de Booth, nom d'une chaîne de pharmacie anglaise) restent une oeuvre assez particulière.

A.O Barnebooth, nous dit Valéry Larbaud, est un riche rentier, un jeune homme au caractère volontiers irrévérencieux, cynique. Érudit polyglotte, il est aussi un grand voyageur. Ses poèmes retracent les nombreux voyages qu'il a faits, ils sont les souvenirs, les rêveries et les aspirations de son auteur. Sous sa plume, il décrit une réalité d'apparat, sa vie fastueuse mais qui ne va pas sans un certain désenchantement, une idéalisation qui compose avec la gravité, une intimité qui touche à l'universel, au doute métaphysique. Les poèmes sont surtout la marque d'un rejet des classes dominantes de l'époque dont son auteur (Valéry Larbaud également) est issu, une vive condamnation de cette hérédité d'esprit et de moeurs, de cette élite refermée sur elle-même.

Tout au long des pages, des images se succèdent qui mêlent présent et souvenirs, réalité prosaïque et grandeur historique. Les textes sont pleins d'exaltation, de lyrisme mais aussi d'ironie, de cynisme. Outre la très belle écriture, c'est sans doute ce refus chez le poète des rêves trompeurs que procurent l'argent, des convenances d'une élite refermée sur elle-même, ce voyage fait jusqu'au bout de soi, de sa condition d'homme, qui rend ce recueil des Poèmes de A.O Barnebooth si singulier et si attachant. 
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Valéry Larbaud en tant que poète peut-être immédiatement comparé à Thomas Chatterton, en particulier pour sa précocité avec d'excellents premiers vers dès sept ans, également pour sa démarche artistique, en créant un faux personnage littéraire, comme ce double imaginaire, héros fantasmagorique de son recueil de voyage : les poésies de A.O Barnaboth, enfin, pour la critique caustique du monde dans lequel il évolue, celui des riches occidentaux. La poésie de Larbaud ou Barnaboth est géniale, tellement le jeu de mimétisme patronymique et poétique est subtil, s'entrelaçant délicieusement pour troubler le lecteur dans un labyrinthe inextricable telle une odyssée homérique sans fin. Pour bien appréhender la poésie de Larbaud, il faut s'imaginer l'homme, dandy fantasque, aux goûts raffinés, mais sans la prétention et le mépris de sa classe envers les âmes simples. Car l'auteur est un être ouvert, aux sentiments pétris d'un cosmopolitisme sincère, désireux de connaître le monde et les cultures qui ne sont pas les siennes. Cet amoureux des voyages, sur des paquebots de luxe, cultivé, polyglotte, se veut aussi le chantre d'une révolution individuelle, sorte d'anarchie bourgeoise capricieuse pour un monde meilleur, de progrès et d'universalité, mais attention, ne nous leurrons pas, Larbaud alias Barnaboth, reste marqué par sa classe sociale, offrant dans ses vers transfigurés son amour de l'art poétique et des autres grands noms de la rhétorique versifiée, ainsi qu'un désabusement décadent sur la société qui l'entoure, l'entrainant dans une métaphysique recherche de lui-même, énigme insoluble d'une finalité existentielle plus générale sur l'avenir de l'homme, restée sûrement sans réponse et trouvant un ultime réconfort empreint d'exotisme dans ses périples aux quatre coins du monde.
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Borborygmes et voyages exotiques, les mots de Larbaud, simples, nus et divers, se lisent avec un sourire ou un regret, pas plus, modestes évocations d'un monde en dérive et d'un homme qui s'y attache. Cendras sans aventure ou Appolinaire sans extravagance, Larbaud coule de source, photographe des petits moments et des petits êtres, une mendiante qui danse, quelque part en Espagne, un femme russe qui porte des seaux d'eau, ou un fumoir anglais qui met dans la tête une chanson de François Morel. Ne demandons rien de plus à la poésie. Ainsi, elle suffit, loin de son ordinaire prétention à dire plus qu'elle ne peut.
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En souffrance d'une comparaison diabolique avec les lectures parallèles...
Trouvé ça faiblard,
rien de folichon,
rien de patachon,
rien de ce que j'en espérais... Trop vanté par Dany Laferrière, j'en suis déçu. Trop déçu.
Parfois je me vois emporté par les discours passionnés qui rendent passionnant un sujet qui ne m'attire pas d'entrée de coeur, mais pas ici.
Suis resté à quai.
Et de penser que ma poésie n'est décidément pas de celles qu'on nomme comme telles.
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Pour moi, Valéry Larbaud (1881-1957) n'était jusqu'ici qu'un nom: je ne connaissais rien de sa vie, ni de son oeuvre. Je suis tombé par hasard sur l'une de ses oeuvres et, du coup, je me suis informé à son sujet. Ce riche héritier très doué a vécu agréablement, voyageant beaucoup, avant d'être terrassé par une hémiplégie et par l'aphasie. Avant cet accident de santé, il fut un auteur et traducteur prolifique.
Le présent recueil de poèmes a été écrit sous un pseudonyme, mais A. O. Barnabooth est une sorte d'alter ego de Larbaud. J'ai découvert ces quelques poésies, très nettement influencés par le thème des voyages et de l'exotisme. Certaines m'ont bien plu. Valéry Larbaud me semble être à mi-chemin entre les poètes du XIXème siècle et ceux du XXème siècle (y compris le génial Apollinaire). Une belle découverte.

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