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Marcel Arland (Préfacier, etc.)G. Jean-Aubry (Auteur du commentaire)Robert Mallet (Auteur du commentaire)
EAN : 9782070103003
1291 pages
Gallimard (25/10/1957)
3.92/5   18 notes
Résumé :

Ce volume contient les oeuvres suivantes : Gaston d'Ercoule - Oeuvres complètes de A.O. Barnabooth - Fermina Marquez - Enfantines - Deux Enfantines retrouvées - Beauté, mon beau souci... - Amants, heureux amants... - Mon plus secret conseil - Allen - Jaune, bleu, blanc - Aux couleurs de Rome - Poésies diverses. Édition de G. Jean-Aubry et de Robert Mallet, préface de Marcel Arland.

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LE DON DE SOI-MEME


Je m'offre à chacun comme sa récompense ;
Je vous la donne même avant que vous l'ayez méritée.

Il y a quelque chose en moi,
Au fond de moi, au centre de moi,
Quelque chose d'infiniment aride
Comme le sommet des plus hautes montagnes ;
Quelque chose de comparable au point mort de la rétine,

Et sans écho,
Et qui pourtant voit et entend ;
Un être ayant une vie propre, et qui, cependant,
Vit toute ma vie, et écoute, impassible,
Tous les bavardages de ma conscience.

Un être fait de néant, si c'est possible,
Insensible à mes souffrances physiques,
Qui ne pleure pas quand je pleure,
Qui ne rit pas quand je ris,
Qui ne rougit pas quand je commets une action honteuse,
Et qui ne gémit pas quand mon cœur est blessé ;
Qui se tient immobile et ne donne pas de conseils,
Mais semble dire éternellement :
« Je suis là, indifférent à tout. »

C'est peut-être du vide comme est le vide,
Mais si grand que le Bien et le Mal ensemble
Ne le remplissent pas.
La haine y meurt d'asphyxie,
Et le plus grand amour n'y pénètre jamais.

Prenez donc tout de moi : le sens de ces poèmes,
Non ce qu'on lit, mais ce qui paraît au travers malgré moi :
Prenez, prenez, vous n'avez rien.
Et où que j'aille, dans l'univers entier,
Je rencontre toujours,
Hors de moi comme en moi,
L'irremplissable Vide,
L'inconquérable Rien.

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Des villes, et encore des villes ;
J'ai des souvenirs de villes comme on a des souvenirs d'amour :
A quoi bon en parler ? Il m'arrive parfois,
La nuit, de rêver que je suis là, ou bien là,
Et au matin je m'éveille avec un désir de voyage.

Mon Dieu, faut-il mourir !
Il faudra suivre à travers la maladie et dans la mort
Ce corps que l'on n'avait connu que dans le péché et dans la joie ;
O vitrines des magasins des grandes voies des capitales,
Un jour vous ne refléterez plus le visage de ce passant.
Tant de courses dans les paquebots, dans les trains de luxe,
Aboutiront donc un jour au trou du tombeau ?
On mettra la bête vagabonde dans une boîte,
On fermera le couvercle, et tout sera dit.

Oh ! Qu'il me soit donné, encore une fois,
De revoir quelques endroits aimés, comme
La place du Pacifique, à Séville ;
La Chiaja fraîche et pleine de monde ;
Dans le jardin botanique de Naples
La fougère arborescente, l'arbre-jeune-fille
Que j'aime tant, et encore
L'ombre légère des poivriers de l'avenue de Képhissia ;
La place du Vieux-Phalère, le port de Munychie, et encore
Les vignes de Lesbos et ses beaux oliviers
Où j'ai gravé mon nom de poète lyrique ;
Et puis aussi
Cette plage, Khersonèse, près de Sébastopol,
Où la mer est parmi les ruines, et où un savant
Montre avec amour une affreuse idole kirghize,
Lippue, ayant un sourire idiot sur ses grosses joues de pierre.
Et surtout, ah surtout !
Kharkow,
Où je sentis, pour la première fois,
Le soupir de vierge de la Muse soulever mon sein craintif ;
Une ville pour moi :
Dômes d'or au sein des solitudes,
Palais dans le désert, chaud soleil rouge au loin sur la poussière ;
Et, dans les quartiers pauvres,
Les mille enseignes des marchands de vêtements :
Les maisons basses, aux murs blancs couverts
De gros bonshommes peints, sans tête...

A.O. BARBABOOTH
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Scheveningue morte saison


Dans le clair petit bar aux meubles bien cirés,
Nous avons longuement bu des boissons anglaises ;
C’était intime et chaud sous les rideaux tirés.
Dehors le vent de mer faisait trembler les chaises.

On eût dit un fumoir de navire ou de train :
J’avais le cœur serré comme quand on voyage ;
J’étais tout attendri, j’étais doux et lointain ;
J’étais comme un enfant plein d’angoisse et très sage.

Cependant, tout était si calme autour de nous !
Des gens, près du comptoir, faisaient des confidences.
Oh, comme on est petit, comme on est à genoux,
Certains soirs, vous sentant si près, ô flots immenses !
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CARPE DIEM...


Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise...
Te souviens-tu de Marienlyst ? (Oh, sur quel rivage,
Et en quelle saison sommes-nous ? je ne sais.)
On y va d’Elseneur, en été, sur des pelouses
Pâles ; il y a le tombeau d’Hamlet et un hôtel
Éclairé à l’électricité, avec tout le confort moderne.
C’était l’été du Nord, lumineux, doux voilé.
Souviens-toi : on voyait la côte suédoise, en face,
Bleue, comme ce profil lointain de l’Italie.
Oh ! aimes-tu ce jour autant que moi je l’aime ?

Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise...
Oh ! que n’ai-je passé ma vie à Elseneur !
Le petit port danois est tranquille, près de la gare,
Comme le port définitif des existences.
VIVRE DANOISEMENT DANS LA DOUCEUR DANOISE**
De cette ville où est un château avec des dômes en bronze
Vert-de-grisés ; vivre dans l’innocence, oui,
De n’importe quelle petite ville, quelque part,
Où tout le monde serait pensif et silencieux,
Et où l’on attendrait paisiblement la mort.

Cueille ce triste jour d’hiver sur la mer grise,
Et laisse-moi cacher mes yeux dans tes mains fraîches ;
J’ai besoin de douceur et de paix, ô ma sœur.
Sois mon jeune héros, ma Pallas protectrice,
Sois mon certain refuge et ma petite ville ;
Ce soir, mi Socorro, je suis une humble femme
Qui ne sait plus qu’être inquiète et être aimée.

**Ce jour suis de nouveau CHARLIE/DANOIS
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Scheveningue, morte-saison

Dans le clair petit bar aux meubles bien cirés,
Nous avons longuement bu des boissons anglaises ;
C'était intime et chaud sous les rideaux tirés.
Dehors le vent de mer faisait trembler les chaises.

On eût dit un fumoir de navire ou de train :
J'avais le coeur serré comme quand on voyage ;
J'étais tout attendri, j'étais doux et lointain ;
J'étais comme un enfant plein d'angoisse et très sage.

Cependant, tout était si calme autour de nous !
Des gens, près du comptoir, faisaient des confidences.
Oh, comme on est petit, comme on est à genoux,
Certains soirs, vous sentant si près, flots immenses !
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Vidéo de Valery Larbaud
[Rentrée littéraire 2022]
Entre 1942 et 1944, des milliers d'enfants juifs, rendus orphelins par la déportation de leurs parents, ont été séquestrés par le gouvernement de Vichy. Maintenus dans un sort indécis, leurs noms transmis aux préfectures, ils étaient à la merci des prochaines rafles.
Parmi eux, un groupe de petites filles. Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée, Jeanne et Rose sont menées de camps d'internement en foyers d'accueil, de Beaune-la-Rolande à Paris. Cloé Korman cherche à savoir qui étaient ces enfants, ces trois cousines de son père qu'elle aurait dû connaître si elles n'avaient été assassinées, et leurs amies.
C'est le récit des traces concrètes de Vichy dans la France d'aujourd'hui. Mais aussi celui du génie de l'enfance, du tremblement des possibles. Des formes de la révolte.
Cloé Korman est née en 1983 à Paris. Son premier roman, "Les Hommes-couleurs" (Seuil, 2010), a été récompensé par le prix du Livre Inter et le prix Valery-Larbaud. En 2013, elle a publié, toujours au Seuil, "Les Saisons de Louveplaine", puis "Midi" en 2018, et "Tu ressembles à une juive" en 2020.
Lire les premières pages : https://bit.ly/3wVw2Tu
Découvrir tous les romans de la rentrée littéraire des éditions du Seuil : https://bit.ly/3NQpKeq
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