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3,8

sur 1924 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Lady Chatterley

Chatter : bavarder Lay (ley) : fuck
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Si vous souhaitez lire un roman érotique, passez votre chemin !
Au regard de l'évolution de la société depuis sa sortie, les quelques scènes de sexe apparaissent bien raisonnables. Non vraiment l'intérêt de ce roman réside dans autre chose !
D'abord un très beau personnage : les interrogations, le mal être mais aussi la spontanéité, la liberté et la droiture de cette jeune Lady Chatterley sont fort bien décrits et c'est une héroïne que j'ai trouvée très attachante. Issue de la haute bourgeoisie, mariée jeune avec un noble qui reviendra infirme et impuissant de la guerre de 14-18, elle s'ennuie à mourir dans le domaine de son mari situé dans les Midlands à proximité des mines de charbon.
La galerie de personnages qui gravitent autour d'elle est aussi très réussie : le mari Clifford qui incarne le conformisme et l'absence de scrupules des classes supérieures, la soeur, l'infirmière, le père etc
Je serai plus réservée sur le personnage du garde-chasse Mellors, un homme curieux, du moins à mon sens, qui rejette les autres, revendique sa virilité en étendard et semble toujours insatisfait. Je ne l'ai pas trouvé très attachant.
C'est aussi une belle réflexion sur ce qui fait un couple. L'amour charnel en est le ciment et pour un classique c'est étonnant et plutôt amusant d'avoir des descriptions plutôt précises et non édulcorées de leurs rencontres. L'histoire d'amour en devient d'autant plus convaincante.
C'est également une réflexion sur la société anglaise évoluant dans un environnement industriel, s'éloignant des valeurs fondamentales et de la nature et de et de plus en plus obsédée par l'argent. Sur ce point, le roman a des accents prémonitoires : destruction du milieu naturel, société de consommation qui arrivera ensuite…..tout était en germe dans ce livre.
Je ne mets pas toutes les étoiles car j'y ai trouvé des longueurs mais cela reste un roman plutôt passionnant, atypique, avec un très beau personnage féminin et plein de de pistes de réflexion. Intemporel finalement !
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À la faveur d'une relecture toute récente de ce magnifique roman, L'Amant de Lady Chatterley, qui est sans doute le roman le plus connu de D.H. Lawrence, une sensation m'est venue spontanément... S'il est une activité qui me met en joie, une joie fulgurante, gourmande et insatiable, c'est bien celle de ... lire. Ah ! Lire... Lire sans entrave, lire n'importe où, n'importe quand, lire dans toutes les positions, lire seul ou pourquoi pas en charmante compagnie... Mais lire, oui, lire ! Il y a parfois quelque chose de furieusement jouissif dans la lecture... Un peu comme...
Tenez, un peu comme ce dont parle ce livre avec des mots si merveilleux, si brûlants et en même temps si simples.
Mais pourquoi ce livre est-il si beau ? Je n'arrête pas de me poser cette question, de la retourner dans tous les sens, fermer les yeux, revenir sur mes pas, faire le chemin en sens inverse, dans cette odeur des bois et de terre mouillée où j'aimerais tant marcher pieds nus sur les campanules à peine écloses, gorgées déjà de toute l'ivresse du jour à venir...
Il y a sans doute plusieurs lectures possibles de ce roman qu'on a parfois voulu cataloguer au rayon de la littérature érotique. Quand je dis rayon, c'est à peine une image, car paraît-il, c'est à cet endroit que certaines librairies le rangent...
J'ai y vu une histoire d'amour, mais cette histoire n'aurait su éclore sans le contexte historique et social qui la porte.
Elle s'appelle Constance et vient d'épouser Sir Clifford Chatterley, un riche aristocrate anglais. Nous sommes dans la vieille Angleterre puritaine et encore rurale du début du vingtième siècle. Clifford revient de la première guerre mondiale le corps abimé, disloqué comme tant d'autres hommes revenant de cette boucherie. Imaginez toutes ces femmes qui durant cette guerre se sont tant impliquées en arrière-plan, se sentant libérées, devenues responsables... Voir leurs hommes revenir du front, blessés atrocement. À quoi peuvent-elles songer alors, elles dans la force de l'âge et la plénitude de leurs corps ? Une forme d'amour mêlée de loyauté existe encore, fortement ; Lady Chatterley aime profondément Clifford, mais elle ne serait pas Lady Chatterley, c'est-à-dire une femme dans l'éveil, sans la paralysie de son mari.
La vie au manoir de Wragby devient pour Constance un vide, une vie qui n'existe plus. Dans ce lieu clos, Constance souffre. Elle ressent sa vie auprès de Clifford comme un sacrifice. Elle est malheureuse, triste, s'éteint peu à peu. Pour autant elle ne veut pas abandonner Clifford.
Le corps endormi de Constance ne demande qu'à s'éveiller. Le bois qui entoure la propriété devient alors son seul refuge, son sanctuaire. Et c'est au détour d'une clairière, offerte comme une brèche dans la tranquillité du bois, que Constance fait la connaissance d'Oliver Mellors, le garde-chasse de la propriété. C'est la rencontre avec un homme qui fait sa toilette derrière sa cabane, offrant son torse nu à la lumière du jour et au regard troublé de Constance, éprise brusquement elle aussi de cette lumière.
Alors Constance se met à respirer. Son corps veut naître de nouveau, ressusciter, émerger et s'embraser au soleil du printemps. Elle se sent brusquement comme un bateau sans attache, libre de voguer. Elle se laisse pénétrer par l'odeur des fleurs. Par l'amour aussi.
Ainsi surgit l'homme des bois, avec l'odeur des arbres, de l'humus et du désir. Forcément ces deux-là ne sont pas du même monde. Et c'est là aussi l'une des forces du roman qui est une peinture sociale de cette Angleterre encore rurale qui bascule brusquement dans l'ère industrielle. C'est une peinture sociale et psychologique.
Mutation où les paysans deviennent des ouvriers, où les aristocrates deviennent des patrons et ne savent pas trop comment faire. Où les paysages bougent aussi, les champs et les bois deviennent des mines à exploiter...
Mutation où les femmes de ces aristocrates sont amenées à sortir de chez elles, lâcher leurs occupations domestiques quotidiennes, rencontrer des hommes bien différents, des hommes qu'elles découvrent dans leur milieu, des gueux jetés sur les routes, des écrasés, et ceux qui ne sont pas abimés par la guerre ont un corps qui frémit dans la lumière, ne déplaît pas aux femmes. Ces hommes ont un cœur aussi...
Mutation où chacun sort de son entre-soi et cela peut faire des rencontres improbables. Parce que la solitude humaine ne connaît pas les frontières sociales.
Dans ce texte à forte portée sociale, la dimension érotique est un chemin de rencontre, ni plus ni moins.
Il n'est pas question d'adultère ici, puisque Clifford était favorable dès le départ à ce que Constance puisse réaliser son rêve d'avoir un enfant, et par ce biais prolonger le nom de la famille...
Cependant la transgression est bien là : faire l'amour avec quelqu'un qui n'est pas de la même classe sociale.
Dans cette mutation, les corps aussi vivent cela à leur manière, une sorte de dérive, des respirations nouvelles, la différence de l'autre dans cette brutalité parfois vorace fait jaillir le désir.
La tranquillité et le silence de l'homme viennent la prendre aux entrailles.
Constance Chatterley et Oliver Mellors vont devenir amants...
Ils vont devenir amants parmi le cri des geais et l'odeur des jacinthes, parmi les forces souterraines qui les guident, parmi la terre et leurs peaux.
Ils n'ont pas appris à se parler, à se comprendre, à savoir échanger. Et si la meilleure manière de communiquer lorsque les codes vous éloignent l'un de l'autre... et si la meilleure manière de s'apprivoiser était par l'entremise du désir et des corps ?
L'ivresse de la découverte de leurs corps épris, les jette l'un vers l'autre, sans attache, sans rempart, sans honte, les jette au bord du vide de leurs vies, ces vies qui s'emplissent brusquement de ce trop plein de désir, envie de ne plus être seul, envie d'exister, envie peut-être d'aimer aussi.
C'est une histoire d'amour tout simplement, où l'on parle, où l'on s'ébat, où l'on se débat, où les amants parlent avant et après l'amour, savent mettre des mots sur ce qu'ils ressentent dans leurs entrailles et leurs âmes, où le mot et la chose ont autant d'importance l'un que l'autre, sont en harmonie. Les mots parviennent à dire la sensualité des corps et le frémissement des cœurs, des mots qui nous sont adressés par ce livre et m'ont touché là.
Ainsi j'ai trouvé beau et touchant ce qu'ils faisaient de ces mots livrés à eux, parfois même l'homme parlant dans un patois britannique, la découverte des parties les plus intimes de leurs corps, les mots posés sur leur nudité, chaque mot devenant à son tour comme un tremblement.
Une façon de toucher avec les mots, avec les mains aussi, l'essence du monde, une façon pour eux d'être au monde, de s'emplir de ce monde ou peut-être de renaître dans ce monde.
Et le cœur qui s'en mêle, n'oublie jamais d'être présent à chaque instant.
C'est un plaisir qui ouvre leur corps comme un chant d'amour.
J'imaginais alors leurs visages ébahis de lumière et de plaisir, rafraichis par l'amour, après l'amour. Comme c'est beau tout ceci lorsqu'on le voit comme je l'ai vu, à travers les mots de l'auteur.
Dans cette clairière, dans cette cabane, parfois nus en courant sous la pluie, j'ai imaginé qu'ils repoussaient sans cesse les limites de leurs corps, c'est un vertige qui leur donne brusquement la sensation que le monde qui les habite s'étend plus loin que leur bras et leurs jambes entremêlés, ce monde qui s'étend par-delà le mouvement de leurs corps dans la terre mouillée qui semble les engloutir à jamais, ce monde qui donne l'impression de s'étendre à l'infini tout en étant peut-être concentré dans un seule seconde, un seul battement de cœur, un râle, un soupir, une respiration à chaque balancement de leur étreinte, dans l'orgasme qui vient, qui les embrase et les fusionne l'un à l'autre.
Ils vont à tâtons vers le corps de l'autre comme un territoire inconnu. La cassure sociale rend-elle ce corps de l'autre comme une géographie nouvelle ?
Parmi la comédie des corps il y aussi le sublime où s'élève l'âme, un peu comme le grain qui sort de l'ivraie. Où l'âme est caressée, chatoyée, chahutée, sublimée.
C'est un voyage sensuel dans l'amour.
J'ai senti que l'auteur voulait aussi nous glisser le propos que le sexe n'empêche pas l'amour et que l'amour n'empêche pas le sexe. Mais selon moi, le livre ne doit surtout pas se réduire à cette seule pensée, si toutefois c'est une pensée.
Les pages d'amour de ce roman sont magnifiques, c'est-à-dire l'amour que découvrent et vivent Constance et Mellors dans cette clairière coupée du reste de l'existence. Je voudrais les relire, je voudrais revenir à elles. Je voudrais vous donner envie de chavirer vers ces pages à gorges déployées.
Ici j'ai ressenti que l'auteur savait dire cette chose étrange qui souffre et qui lutte et que l'on nomme l'âme humaine.
Mais surtout, surtout, ce qui m'a sans doute le plus fasciné, ce sont les mots de cet écrivain, les mots d'un homme pour dire le désir d'une femme de vouloir devenir libre, être aimée, les sensations qu'elle exprime au seuil de son corps, prête à accueillir l'autre, pour dire l'orgasme féminin, ce sont les mots d'un homme écrivain qui exprime ce qu'une femme ressent.
Quand on y pense, ces mots ont été écrits il y a un siècle déjà, même si ce livre a été censuré en Grande-Bretagne jusqu'en 1960...
Ce sont pour moi les pages les plus troublantes, les plus solaires, les plus sublimes de ce roman....
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Prends garde, lecteur, de ce que la sève subversive de ce roman, qui parle à tes entrailles les plus intimes pour mieux atteindre tes pensées, est capable d'ensemencer en toi!
Foi de païenne subjuguée par ce grand Pan littéraire, l'outrage aux bonnes moeurs et au bien penser qu'il nous feule à l'oreille porte en effet bien plus loin que la réputation de sensualité sulfureuse qui l'entoure : c'est en effet contre rien moins que la société bourgeoise toute entière que la puissance érectile de ce brûlot s'érige.

De sensualité érotique il est pourtant bien question, très bien même, avec des pages splendides sur le chemin vers l'épanouissement sexuel de Lady Chatterley, la fusion charnelle avec Oliver Mellors et la puissance cathartique de cette relation. Les mots sont crus mais d'une rare justesse, profondément sensuels mais sans aucune vulgarité.
Mais autour de l'histoire de ces deux corps qui forment la charpente du récit, c'est la dénonciation d'un monde délétère que l'auteur nous donne à voir, et à repousser avec autant de dégoût que l'on a de volupté à percevoir l'élan vital qui unit les deux amants au coeur du petit bois dans lequel ils se retrouvent comme sur un îlot préservé de la déréliction : c'est avec des mots laids, froids comme de la celluloide que sont évoqués la société industrielle envahissante en cet après-guerre, envahie de machines, gouvernée par une élite morbide et gangrenée par l'argent.

Il fallait bien au moins la force du scandale d'une Lady couchant en-dessous de son rang, accouplée à la figure magnétique du personnage d'un garde-chasse volontairement retiré du monde, pour que porte ce cri de révolte contre une modernité en voie de déshumanisation, qui résonne d'ailleurs aujourd'hui de manière très actuelle, et face à laquelle le sexe comme énergie primale est le seul fragile rempart à opposer.

On aura compris que j'ai été subjuguée par ce roman brûlant et désespérant, prophétique et intemporel, et que je ne peux le recommander que chaudement!




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Ce livre est un chef d'oeuvre ! J'avais déjà énormément aimé femmes amoureuses. On est dans la continuité. En plus d'un roman d'amour entre deux personnes de classe différente, c'est une critique acerbe du progrès, de la quête d'argent et des rapports de caste entre ouvriers et propriétaires terriens au début du 20eme siècle en Angleterre
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Lu trop tôt je n'avais pas pu l'apprécier à sa juste valeur;et aujourd'hui c'est avec un grand plaisir que j'ai enfin pu apprécier ce livre à sa juste valeur.
Ce livre n'est pas un livre érotique au sens du terme;c'est plutôt une histoire d'amour galante;une très belle histoire d'amour,choking pour la noblesse anglaise.
J'ai beaucoup aimé,ce livre se laisse lire .
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Classé comme un roman érotique, L'amant de Lady Chatterley a fait scandale à sa sortie en 1928. Personnellement, je trouve qu'il est bien plus que ça. Il serait dommage de le cantonner seulement à cette étiquette.

J'avais lu ce roman une première fois quand j'étais au lycée. Je pense que je suis passée à côté de plein de choses, parce que ma relecture toute récente m'a stupéfaite par sa richesse ! 
Au delà de l'histoire érotique en elle-même, D.H. Lawrence fait une critique de la société de son époque.
A travers les personnages de Constance Chatterley, une aristocrate, et Mellors, un garde chasse, il explore les relations de classes, mais aussi les rapports femmes/hommes. J'ai notamment été fascinée par la lucidité et l'avant-gardisme de l'auteur concernant ce dernier point.
Je ne pense pas qu'il se considérait comme féministe à l'époque, mais c'est comme ça que j'ai perçu ma lecture : l'histoire d'une femme qui se considère comme égale de l'homme, étouffe dans son mariage, rêve d'indépendance et de passion loin de toutes conventions sociales...

Avec Constance, on aperçoit le quotidien fade et lisse d'une vie de luxe, mais aussi la vicissitude qui se cache derrière les apparences. La manière dont Clifford Chatterley, son mari, se fiche du quotidien des mineurs et ouvriers qui font sa richesse est aberrante.
Mais surtout, il asphyxie sa femme avec sa manie de tout intellectualiser. Si c'est ce qui les a rapproché au début de leur union, Constance étouffe très vite.
J'ai vraiment adoré ce personnage. Elle m'a touchée par son envie d'être indépendante, de vivre autre chose que d'être la femme de Clifford. Elle est volontaire, passionnée et forte. 

A travers sont aventure avec Mellors, on perçoit une vie simple et sans fioriture, où tout est authentique, en opposition à ce que Clifford apporte. D'ailleurs, cela se ressent aussi dans l'écriture de l'auteur. Selon les scènes, on passe d'un vocabulaire soutenu chez les aristocrates, à quelque chose de plus léger et plus cru avec le garde-chasse.

Au delà d'un coup de coeur immense, qui place L'amant de Lady Chatterley au sommet de mes classiques préférés (Les Liaisons Dangereuses arrivant désormais en seconde position), c'est aussi le livre qui m'a réconciliée avec les classiques justement.
Lien : https://boldreadings.wordpre..
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L'auteur met dans la bouche de son personnage (Oliver) sa vision du monde dans laquelle il dénonce la misère mortifère de l'argent et prône un monde où l'amour physique décomplexé, tendre et bienveillant reprend sa place.
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C'est une amie qui deviendra ensuite mon épouse, il y quelques décennies, qui m'a fait découvrir D. H. Lawrence. Ce fut un véritable choc. C'est un des des écrivains qui m'ont fait comprendre que la littérature pouvait être le reflet de la vie et s'affilier à des concepts philosophiques. Très vite, je me suis identifié à ses personnages. Leurs valeurs et leurs quêtes existentielles sont souvent aussi les miennes.
Il est toujours surprenant qu'un auteur ne soit pas apprécié de son vécu et encensé des années après sa mort, comme ce fut le cas de Lawrence. Difficile d'être en avance sur son époque, de bousculer les codes de la société bourgeoise bien-pensante, la morale hypocrite. C'est surtout cet aspect de l'auteur qui m'intéresse.
Je ne prétends absolument avoir compris tous les aspects de son oeuvre. Je livre juste mon ressenti.
Mais il me semble que Lawrence, à travers ses livres et sa vie, n'a cessé de lutter contre l'hypocrisie sociale et morale de la société victorienne, pour essayer d'en dégager l'aspect naturel de l'Humain. (Dans un autre registre, John Fowles, fait à peu près la même chose avec « La maîtresse du lieutenant français », où son héros de l'époque victorienne se torture contre ses penchants naturels pour rester fidèle à la société qu'il représente).
Lawrence voulait que ce livre soit un peu son testament littéraire. Il l'a même modifié 2 fois pour définir au plus juste ses idées. « L'amant de lady chatterley » est un peu un condensé de toutes les idées développées dans ses autres écrits.
Constance découvre véritablement l'amour avec son garde-chasse. L''amour physique, bien sûr, que ne peut plus lui donner Clifford, son mari invalide, (lui a-t-il jamais donné?), rendu impotent par ses blessures de guerre. Mais avec Mellors, elle se découvrira comme être « naturel », dépourvu du carcan social et pouvant s'assumer comme telle. Réellement Être Humain, dans toutes ses dimensions. Mellors la révélera à elle-même, comme femme, mais aussi comme être pensant. Il ne s'agit donc pas seulement de bouleverser les idées reçues sur le plaisir féminin et la virilité, comme j'ai pu le lire ailleurs. Ce serait bien réducteur.
Par ailleurs, les multiples traductions nous rendent une écriture précise mais poétique, tout en étant fluide.
Comme je m'en aperçois en relisant ces lignes, je suis incapable de détacher une lecture importante, la découverte d'un auteur... du contexte et de l'environnement de sa lecture. J'en retire quelques chose de « plein », ayant du sens. Lawrence est pour moi, maintenant du passé, mais un passé qui ressurgit parfois, au décours d'un souvenir...
C'est, je crois, une grande leçon philosophique que nous offre Lawrence.
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Réduire ce roman classique à un simple récit d'adultère serait lui faire grand tort. "L'amant de Lady Chatterley" est bien plus que cela et son personnage principal, Olivier Mellors, garde-chasse, ancien officier aux Indes, est une voix nouvelle qui s'élève, pleine d'humilité et de bon sens, au-dessus du vacarme d'une société d'après-guerre - 14/18 - totalement déchirée entre son besoin de conserver ses traditions et l'élan de modernité qu'elle sent vibrer dans ses flancs.

"L'Amant de lady Chatterley" et son auteur me faisaient peur, pour parler vrai. Depuis des années, je tournais autour d'eux sans oser m'y approcher, comme on n'ose pas passer son doigt dans la cage d'un animal dont on ne sait s'il vous mordra ou vous caressera. Cette appréhension infondée rend encore plus vive ma satisfaction à avoir enfin découvert ce très grand roman anglais dont je ne m'étonne plus qu'il fît scandale lors de sa parution en 1928.

Oui, le style est direct et cru, oui, il y est beaucoup question de volupté mais c'est véritablement un roman érotique dans le sens noble du terme. Ne vous attendez pas à trouver sexe et vulgarité entre ses pages mais un trouble certain vous envahira à la lecture des superbes descriptions pleines de sensualité et de poésie un peu bestiale servant la relation entre Constance Chatterley et Olivier Mellors.

Je le disais en débutant mon propos, "L'amant de Lady Chatterley" est bien plus que le récit d'une histoire d'amour, belle et forte, entre deux êtres que tout semble opposer. D. H. Lawrence a également fait de son roman un superbe pamphlet contre l'industrialisation à outrance et le culte de l'argent, progressant selon lui au détriment d'une forme de sobriété heureuse et de l'amour véritable.

Les descriptions de la nature, livrée à nous dans sa plus belle nudité, valent celles de la relation amoureuse entre les deux protagonistes. Sa parfaite connaissance des mécanismes animant la upper-class anglaise - considérée comme un ramassis de pantins stériles et rabougris - et de la société qui est la sienne permet à l'auteur de développer une critique sociétale pleine d'intérêt et encore terriblement d'actualité aujourd'hui.

L'esthétisme du récit - qui n'est pas sans évoqué les décors de Downton Abbey -, la beauté envoûtante de la plume, la complexité psychologique des personnages vraiment remarquable concourent à faire de ce roman une oeuvre complète, aussi profonde que raffinée.

La littérature avec un grand L.
Ne passez pas à côté de ce chef-d'oeuvre.


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