Voilà un livre acheté sur son titre.
Le dernier vers du Voyage de
Baudelaire me laissait augurer de lointains bleus comme la couverture.
Que nenni !
Je me suis trouvée face à une brochette d'auteurs du XXe s., peu connus voire inconnus (de moi s'entend) qui ont tous ou presque la vocation d'être désespérés, en tout cas celle d'être angoissés. Est-ce également une caractéristique de
Linda Lê ? J'aimerais en savoir plus sur elle. Elle a une plume magnifique, passionnée et délicate à la fois.
Entre un Louis-René des Forêts qui se demande si le dévouement à l'écriture apporte la guérison et un
Sandor Maraï qui pratique l'exercice de la dérobade, il y a l'art de décontenancer de
Felisberto Hernandez.
Il y a aussi le cas intéressant, quoique douloureux, de
Robert Walser qui se serait bien transformé en Homme invisible car pour lui, être ignoré était un grand privilège. Il l'a admirablement prouvé dans ses microgrammes illisibles sans loupe.
Il m'a été difficile de suivre l'auteur à travers ses pérégrinations littéraires qui sont plutôt destinées à des professeurs, des érudits ou des chercheurs en existentialisme. Ce petit livre est à voir comme autant d'hommages à des écrivains plus qu'appréciés. Il y a, sans le dire, beaucoup d'admiration sous la plume fragile de
Linda Lê, comme si elle aimait les fêlures de tous ces êtres tourmentés.
La figure emblématique de
Simone Weil, seule femme sélectionnée, m'était familière par les engagements multiples qu'elle a pris au cours de sa courte vie dans la lutte ouvrière, la guerre civile espagnole puis auprès de de Gaulle avant de reprendre l'enseignement de la philosophie.
Cette lecture m'a paru hermétique à bien des endroits par méconnaissance des écrivains choisis et je n'ai probablement pas apprécié ce livre à sa juste valeur.
Néanmoins, j'ai gardé pour la bonne bouche une saillie de
Georges Perros, que pourraient méditer les candidats au bac philo : "Ecrire, c'est renoncer au monde en implorant le monde de ne pas renoncer à nous".