La Méduse

L'histoire du naufrage de la Méduse m'a toujours fascinée... Mais jusqu'à la lecture de ce livre, j'ignorais que ce drame n'était pas celui d'une fortune de mer, c'est-à-dire qu'il n'avait été causé ni par une avarie quelconque ou ni par une violente tempête mais qu'il était le résultat terrible de l'impéritie d'un seul homme, le commandant de la Méduse, Hugues Duroy de Chaumareys, et de la lâcheté d'une grande partie des officiers du bord ! Même si la chaîne de responsabilité remonte bien plus haut, jusqu'au ministre de la Marine qui a imposé Chaumareys au commandement de la Méduse parce qu'il était proche du pouvoir royaliste, alors qu'il n'avait pas navigué depuis plus de 20 ans ... Une décision politique !

Au départ, la mission de la frégate La Méduse ne comportait aucun danger : accompagnée de 4 autres bâtiments, la frégate a pour mission de prendre possession de la colonie du Sénégal rétrocédée à la France par l'Angleterre suite aux traités de Paris de 1814 et 1815 qui mettent fin aux guerres napoléoniennes.

Mais Chaumareys fait preuve d'une totale incompétence dans le commandement de sa frégate, et accumule les prises de décisions les plus aberrantes qui seront lourdes de conséquences au moment du drame et dans sa suite également : il confie la navigation à un inconnu vantard et indigne de confiance, choisit de ne plus naviguer de conserve avec la corvette et les autres bâtiments qui l'accompagnent (ce qui rendra impossible tout secours de leur part plus tard), enfin refusant d'écouter les mises en garde de l'équipage, ira s'échouer sur les hauts-fonds du banc d'Arguin...
Après trois jours de confusion la plus terrible et de demi-mesures inefficaces pour renflouer la Méduse, l'abandon de la frégate est décidée et près de 150 hommes doivent embarquer sur le radeau construit en toute hâte, tandis que le reste des hommes et femmes se répartissent dans les autres embarcations...

La suite, qui va crescendo dans le désastre et l'horreur, je vous laisse la découvrir dans les cinq témoignages de survivants réunis dans ce livre, terribles écrits à charge contre le commandant Chaumareys et certains de ses officiers, qui ne seront pas sans conséquences quand le scandale du radeau de la Méduse éclatera et qu'il faudra juger les coupables.

Challenge XIXème siècle – édition 2021
Challenge multi-défis 2021

HISTOIRE - La nature humaine, bonne ou mauvaise ? de quelle école êtes-vous : optimiste, pessimiste ? En faisant preuve d'un peu de réalisme, il semble que la balance penche assez légèrement du côté obscur. Il suffit de penser aux comportements de beaucoup, moi y compris, pendant les mouvements de grève dans les transports en commun pour ne pas se faire énormément d'illusions.


Qu'on mette cent cinquante personnes aujourd'hui sur un radeau en pleine mer et il est quasiment certain que nous ne retrouverions pas plus de quinze survivants dans douze jours. de même, leurs témoignages seraient proches de ce qui se passa sur le radeau de la Méduse en juillet 1817 ! (On tient peut-être un nouveau concept de téléréalité…)


Notre estomac est mis à rude épreuve par les publications récentes de deux livres et pas nécessairement parce qu'il y est question d'anthropophagie. Un recueil, d'abord, de témoignages de quelques survivants du drame, La Méduse – Les dessous d'un naufrage, publié chez Omnibus et présenté par le navigateur et écrivain Dominique le Brun. Une fiction, ensuite, publiée chez Flammarion, traduite par le journaliste et biographe Olivier Mannoni, À ce point de folie, de l'auteur et dramaturge autrichien, Franzobel.

Fiction, comme j'aimerais que ça soit effectivement le cas !

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