Emettre un avis sur un ouvrage de JMG le Clézio est une demande en légitimité quasi organique. Qui suis-je, moi, pour juger de la qualité de textes qui sont, et de loin, très au dessus de la moyenne des ouvrages qui sortent chaque semaine en librairie. Ce monsieur, en dehors de l'écriture, a eu une vie très cosmopolite, riche d'incursions immersives en des cultures fort éloignées des nôtres et en des temps où la modernité n'avait pas encore détruit toute forme d'identité. Il est question ici des laissés pour compte, de celles et ceux qui ne peuvent que constater leur inaptitude à être accepté, à simplement avoir le droit de vivre. le choc des cultures crées des zones de subduction dans lesquelles sont happés les invisibles de tous temps, disparaissant dans les fractures de la croûte terrestre, où seuls survivent ceux qui n'existent pas.
Plusieurs histoires, peut-on parler de destins, sont contées. Vous ne connaissez pas ces lieux. Nous avons aperçu au hasard de documentaires ces zones meurtries, anciennes forêts tropicales primaires, royaume de trafiquants en tous genres, violence brute faisant table rase du végétal comme de l'animal et de l'humain. Vous n'irez pas voir, il n'y a rien à y faire, que d'y perdre la vie. Il n'y a rien à comprendre, là où l'être humain s'abaisse plus bas que terre, même les animaux ont fui. Seuls, à la lisière, l'incompréhension a laissé des êtres vivants attendre la mort ou l'esclavage, la servilité pour une survie biologique.
Le Clézio n'est pas dans l'empathie. Il décrit des quotidiens incompréhensibles, là le mot "sens" n'existe pas.
Combien de fois entendons-nous des poseurs :
Cela a-t-il du sens ? Cela fait sens... Cela défie le sens commun...
Dire " je suis vivant", le verbaliser n'a pas de sens en soi, vous avez les mots et vous les prononcez, les codes sont acquis, processus éducatif complexe.
Processus ?
Lequel ?
Ici, nous n'avons pas entamé de marche vers le vivant, niés qu'ils sont dès la naissance, expulsion du ventre maternel, bon débarras...
Alors, le sens paraît un mot vide, il n'existe pas...
Bonne lecture, bienvenue chez les absents.