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J'ai lu ce livre par devoir, comme on lit Candide pour le Bac, car c'était préalable à une rencontre avec Jean-Marie le Clézio, alors grand invité du Louvre, qui devait faire un petit crochet par mon lycée, un vendredi de décembre. Mais la puissance de son écriture m'a prise au dépourvu. Ce recueil de nouvelles, d'habitude je n'aime pas les nouvelles, m'a emportée non seulement par la diversité des univers évoqués, mais aussi par une langue merveilleuse, un art de conteur inégalable, qui sait laisser planer un petit doute entre le réel et l'imaginaire. Faites l'expérience de lire "l'arbre Yama" à haute voix pour un public, vous vous rendrez compte aussitôt de la puissance du verbe. Il défend aussi, sans en avoir l'air, les causes des plus faibles, les victimes des guerres civiles, de l'esclavage...Ce sont les nouvelles "africaines" qui ont davantage marqué mon imaginaire, mais aussi la dernière, celle dans laquelle comme une sorte de testament, il nous livre son sentiment sur le rôle de l'écrivain dans le monde qui est le nôtre.
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Etrange démarche que celle de cet auteur qui prend le risque de « revenir bredouille » en proposant ces nouvelles toutes plus fantaisistes les unes que les autres. La femme occupe le coeur de ces récits généreux et oniriques, perdant le lecteur dans les méandres d'un univers déboussolé.
La liberté est le point d'appui de toutes ces histoires, de tous ces portraits de femmes, à travers lesquels J. M. G. Le Clézio nous fait voyager dans le temps, dans l'espace et dans les différents domaines de l'imaginaire. Une superbe dystopie clos le tout, enracinée dans un futur inconnu ; Le Clézio mêle adroitement les univers réels et fictionnels.
L'amour de la nature transpire de tout son être dans chacune des pages. La Terre-mère, nourricière, sacralisée dans un paganisme exacerbé, s'unit amoureusement à l'image la femme, maillon inaltérable, lien viscéral, matrice, source de la vie et du bonheur… c'est un hommage éclatant que l'auteur rend ici à la gente féminine.
L'écriture, filandreuse, perd le lecteur qui ne s'y retrouve qu'au prix d'un travail d'imagination exténuant ; car c'est une plume pleine de surprises que le voyageur, baroudeur ou simple « canapeur », rencontrera à l'ouverture de ce velin froissé.
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Dans la dixième et dernière nouvelle, JMG le Clézio définit sa façon d'écrire comme celle d'un chasseur aventureux. Il laisse vagabonder son imagination et il voit ce qu'il rapporte.
Technique efficace car il nous apporte des nouvelles fantastiques qui m'ont ravie grâce au style du conteur, au pertinent don d'observation et à l'intensité des personnages.
Les quatre premières nouvelles parlent de femmes qui font face à l'adversité ou à l'inhumanité du monde qui les entoure.
Ainsi la douce Ujine se retrouve enceinte du beau Samuel qui la fait courir sur ses talons hauts. Fatou rêve de rejoindre Watson qui vient de quitter le Sénégal, sous l'influence du philosophe Frantz F., vil rabatteur pour les passeurs. Vient ensuite Mari, qui n'a comme point de repère que ce vieil arbre creux où sa grand-mère l'a protégée à sa naissance. Il sera une fois de plus son refuge contre les soldats de l'armée révolutionnaire.
Puis, c'est  l'histoire de la réelle poétesse anglaise, Letitia Elizabeth Landon, qui découvre les wench, maîtresses noires des officiers européens, et fait face à la fois à ses douloureux souvenirs et à sa condition actuelle.
Bien sûr, on retrouve l'Afrique avec les trafics de diamants, les colons et la magie noire.
Les autres nouvelles décrivent des mondes différents, comme la vision des araignées, un monde futuriste qui rejoint la folie, la vie de femmes incarcérées consolées par les contes d'Andréa ou celle d'un jeune homme simple d'esprit voué à l'abandon et au rejet des autres, et enfin le récit d'un attentat par l'observation des personnes qu'y vont s'y trouver.
JMG le Clézio sait nous faire voyager par les mots. La richesse des phrases donne une densité aux histoires. Je me suis laissée emmener dans des mondes incertains pour atterrir là où je ne m'attendais pas.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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"Ecrire est comme le métro. Vous savez où vous allez, vous n'avez pas un choix infini de destinations, il y a des horaires à respecter,des zones obscures et de plus,ça n'est pas toujours agréable."
Terminus tout le monde descend semble lancer le contrôleur ironique dans son apologue.
Petit retour sur pieds et autres déambulations vers une destination seule connue de le Clézio mais qui interpellent après lecture.
De déception en acceptation, de détermination en foi inébranlable, sournoisement le poison distillé s'immisce, à bas bruit, dans le secret il assoupit,endort, efface le bonheur, fait jaillir la violence,efface toute identité.
Si l'on observe posément les stations successives proposées par Le Clézio dans ses dix nouvelles, son Histoire du pied et autres fantaisies nous fait descendre très,très profondément dans les entrailles rougeoyantes de l'inconscient là où le moi se noie pour renaître écriture.
Ca c'est de l'Art car les lecteurs (enfin les brodeurs) y croient à son train fantôme!
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Neuf histoires de femmes trahies ou menacées. La nouvelle éponyme est la vision plantaire, peu passionnante, d'une jeune femme naïve, d'un jeune égoïste et de leur fille inattendue. La suivante, un portrait de migrant au réalisme documentaire. Puis viennent les survivantes des massacres de Charles Taylor ; un conte en pays Ashanti sous l'occupation anglaise ; un d'exercice de style à base d'araignées ; etc.

Relire plutôt le procès-verbal ou Poisson d'or. Lire tout de même la postface intitulée « À peu près apologue », sur l'art d'alimenter l'écriture par les métamorphoses de l'observation et de l'imagination, par les rencontres fortuites, par les échanges de regards : « Comme si l'être volait de l'un à l'autre, attaché au centre incandescent de cette jeune fille, passait à travers moi qui les regarde et les imagine, qui ne suis qu'une pièce de cet ensemble, une poussière de ce microcosme, pour faire bouger la mémoire plus grande que les humains… » (p 345).

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Ma décision de faire connaissance avec J-M. G. le Clézio par des nouvelles a été moyennement heureuse. Dans ce recueil, caractérisé par une grande variété thématique et stylistique et intitulé d'après la première nouvelle qui est beaucoup plus longue et développée que les suivantes, il m'a été en effet difficile de trouver un seul élément entièrement rassembleur : ni la corporalité qu'aurait laissé présager le titre, ni la féminité des personnages principaux, ni même le regard toujours tourné vers l'étranger que je prêtais à l'auteur. Spécifiquement, si j'ai été absolument enchanté par les quatre premières nouvelles, la cinquième m'ayant plu mais laissé un peu perplexe, les quatre dernières m'ont plutôt déçu et même passablement ennuyé, car j'y ai trouvé un formalisme désagréable et peut-être un inaccomplissement que la beauté de la prose n'a pas su compenser.
1) « Histoire du pied » : très beau récit sur la maturation sentimentale d'une jeune Française
2) « Barsa ou barsaq » : splendide récit d'émigration de l'Afrique occidentale à l'Espagne, d'une jeune fille et de son petit ami
3) « L'arbre Yama » : excellent récit d'une guerre africaine vue par une enfant du pays et son amie expatriée
4) « LEL, derniers jours » : magnifique reconstitution à deux voix des derniers jours de la poétesse anglaise du XIXe s. Letitia Elizabeth Landon, mi-historique, mi-ethnopsychiatrique
5) « Nos vies d'araignées » : le monde vu par un arachnide ; belle page d'anthologie du genre
6) « Amour secret » : relations ambiguës entre une détenue et une formatrice-conteuse-nouvelliste en milieu carcéral, avec renvois (possibles ?) entre les deux narrations
7) « Bonheur » : sorte de nouvelle d'anticipation pessimiste dans une société où le concept et le mot même de bonheur seraient proscrits ; beaucoup de clichés du genre s'y retrouvent
8) « Yo » : histoire d'un garçon qui m'a fait penser au Lennie de Steinbeck et à bien d'autres figures de jeunes mal-aimés ; même critique
9) « Personne » : nouvelle très hermétique où se côtoient des couples avec des jeunes femmes enceintes quelques instants avant un désastre (un attentat ?), l'attention étant portée aux foetus, un peu ; la nouvelle est dédiée à Wittgenstein, que je ne connais sans doute pas assez pour repérer les références
10) « À peu près apologue » : variations sur le thème fort intéressant : « écrire, c'est comme le métro », mais qui finit par n'être guère qu'une rêverie sur les passagers d'une rame de ce moyen de transport.
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Un livre qui m'a plus. J'aime la sensualité des pieds féminis, dont l'auteur nous fait de belles descriptions dans ce recueil de 10 nouvelles. Certains garçons, filles quelques fois les regardent, les admirent ou s'en moquent. On peut les embellir avec des vernis, les montrer dans de jolies sandales, les orteils en éventail ou les cacher s'ils sont vilains. Les pieds sont là pour nous déplacer dans l'espace et dans le temps, on peut les admirer, les chatouiller parfois.
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Dix nouvelles surprenantes, parfois déroutantes sous forme de contes en France, en Afrique, à l'île Maurice à la rencontre d'êtres malmenés par l'existence, de femmes courageuses et combatives, d'enfances brisées, de réflexions sur la vie, l'esclavage et la responsabilité non assumée par les Etats-Unis, la mort, l'écriture,la vanité de l'homme.
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Je ne suis pas certaine d'avoir lu ici le meilleur de l'auteur. Certes la femme est sublimée, l'ouverture au monde est appréciable, l'imagination est débordante. Lues il y a quelques mois, je n'ai pas retenu grand-chose de ces nouvelles. L'expérience est à renouveler.
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