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EAN : 9782379333064
Passes Composes (28/09/2022)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Au cours des XVe et XVIe siècles, la péninsule Italienne fut le théâtre de onze guerres, toutes parmi les plus violentes du temps. Souvent présenté comme un affrontement voulu par des souverains français aux ambitions chimériques, de Charles VIII à Henri II, ce cycle de guerre a pourtant une réalité européenne. Toutes les grandes puissances du moment étant impliquées, qu'il s'agisse de l'Espagne et des Pays-Bas, du Saint Empire allemand, de la Suisse ou encore de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On a tous entendu parler dans nos manuels d'histoire de "La guerre de Cent Ans", peut-être un peu moins "des Guerres d'Italie ".
Il s'agit d'une période de soixante-cinq ans, qui débute en 1494, lorsque le roi de France Charles VIII engage son armée contre les forces d'Alphonse d'Aragon, roi de Naples, pour s'arroger son royaume.
Et qui se termine au printemps 1559, par la paix du Cateau-Cambrésis, qui obligea ces mêmes rois de France à renoncer à leur visée impérialiste dans la péninsule
Mais que revêt cette expression? ,
C'est ce que vient Magistralement, nous exposer cet ouvrage qui sera, à mon sens, amené à faire date. Et ce au moins pour 2 raisons :
Tout d'abord, il existe très peu d'ouvrages traitants à proprement parler des Guerres d'Italie. Alors certes, elles sont abordées dans des biographies des Rois, Reines, Princes ayant régnés à cette époque, où dans des livres qui englobent plus généralement l'histoire de tel ou tel pays ;

Ensuite un jeu sémantique car les textes contemporains parlent de "voyage" , "d'expédition", d'"entreprise", de "conquête" ou de "reconquête" pour qualifier les interventions militaires des rois de France sur les territoires qu'ils souhaitaient dominer dans la péninsule.

Enfin ce furent des guerres protéiformes, car ce fut par la France que tout arriva, et d'autres puissances telles que l'Espagne, Venise, la papauté et les cantons suisses tentèrent elles aussi de s'emparer, seules ou avec des alliés, de territoires situés dans la péninsule, alors véritable conglomérat d'États sous différentes suzerainetés. Parallèlement, ces mêmes puissances, poussées par leurs désirs expansionnistes, cherchèrent à se détruire mutuellement pour mieux préserver leurs acquis et leur indépendance, imposer davantage leur autorité ou poursuivre plus facilement leurs ambitions.
Ces multiples conflits eurent pour conséquence de transformer cette identité géographique qu'était alors l'Italie en principal champ de bataille de l'Europe pendant plusieurs décennies, causant outre des bouleversements politiques, des dizaines de milliers de morts, sans même évoquer les destructions des villes et des campagnes.

Ce temps, qui permit en premier lieu à la France de devenir la principale puissance européenne, s'acheva par l'incontestable domination de la monarchie hispano-impériale sur cette même Europe. Les guerres d'Italie furent le révélateur de ces mutations.

Alors qui dit guerres protéiformes, dit livre protéiforme. Ça ne tombe pas sous le sens car on aurait pu avoir, à l'instar d'autres livres historiques, une succession de faits et de dates qui s'enchaînent jusqu'à saturation...
Ici le choix est de confier à une ou un et/ou des historiennes et historiens, la rédaction d'une partie du livre, au nombre de 14 :

Vue de France : prendre pied en Italie pour bâtir un empire ;
Les Suisses dans les guerres d'Italie : l'épreuve du feu des « faiseurs des rois » comme le dit si bien Francesco Guicciardini dans son Histoire d'Italie, vers 1540 « Dans cette guerre la gloire n'était pas destinée aux Français, ni aux fantassins allemands, ni aux armes espagnoles ou vénitiennes, mais aux Suisses seulement. » ;         
Le duché de Savoie ou la tentation d'un impossible entre-deux ;
Janua Janua Italiae : du déclin au siècle d'or (consacré à Gênes) ;
La Lombardie, champ de bataille de l'Europe ;
Venise ou l'occasion manquée d'une hégémonie italienne ;
Ferrare et Mantoue, ou faire la guerre en ne s'appartenant pas ;
Florence, la République bouleversée par la guerre ;
La fin tragique de la république de Sienne ;
La papauté dans les guerres d'Italie ;
L'impossible lac ottoman, ou le Turc en Italie ;
Posséder Naples pour dominer l'Italie ;
Maximilien Ier et le Saint Empire romain germanique dans les guerres d'Italie, avec une somptueuse analyse du tombeau de "l'empereur élu Maximilien Ier (1459-1519) qui déclara à la fin de sa vie qu'il avait mené trop de guerres. Au su de la multitude de conflits dans lesquels il fut impliqué, tout au long de son existence, cela n'est que trop compréhensible. Pour autant, c'est bien une image de prince guerrier qu'il souhaita laisser à la postérité. Une image que ses successeurs firent perdurer en faisant achever le monument qui devait lui servir de sépulture, vraie ode à ses actions politiques et militaires." ;
Charles Quint, l'Italie et l'Europe.

Didier le Fur l'explique très bien : "Quant au choix de l'ouvrage collectif, il s'imposa comme une évidence, pour cultiver justement cette multiplicité et maintenir la diversité des regards. Ainsi, inexorablement, s'esquisse un autre monde aux échelles de valeurs multiples dans lequel les ambitions sans modérateur, les prétentions sans juges communs sont autant de causes de guerres et où les particularités de chacun se révèlent par l'effet des contraires. le tout aidant, nous souhaitons le croire, à une meilleure compréhension de ce temps, où la guerre fut, il ne faut jamais l'oublier, un état quasi normal de la vie de l'Europe."

Grâce à ce livre les Guerres d'Italie sortent du décor de l'histoire pour reprendre la place qu'il leur revient de droit dans L Histoire.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La dichotomie entre la face religieuse et la face politique, une conception trop rigide de l’emboîtement des échelles, masquent les interactions entre l’Église et les États ainsi que les combinaisons entre le niveau péninsulaire et les niveaux européen et mondial. L’historiographie récente s’est efforcée de dépasser les interprétations réductrices de ces affrontements. Marco Pellegrini souligne ainsi :
En réalité, les guerres d’Italie ne furent pas un simple affrontement militaire entre superpuissances européennes ; elles n’eurent pas non plus pour objectif d’assujettir et d’opprimer l’Italie. Elles naquirent du conflit entre des visions différentes de l’Europe et de son destin, y compris dans sa relation avec le monde extra-européen et non chrétien ; elles eurent dans l’Italie leur théâtre, mais surtout leur prétexte. Leurs combats eurent lieu sur les champs de bataille, mais aussi dans le domaine de l’imaginaire et également du sacré. Plus qu’une prépondérance mécanique au sein d’une Europe conçue comme une aire géographique ou comme une somme de royaumes et de principautés, les guerres d’Italie eurent comme enjeu une primauté à la fois morale et politique à l’intérieur de la chrétienté occidentale […]. Tant la France que l’Espagne ambitionnaient de s’imposer comme puissances dominatrices en Italie en vue notamment de contraindre la papauté romaine à accomplir, sous leur impulsion et leur supervision, la réforme de l’Église.
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Pour expliquer aux Français et aux autres peuples d’Europe ses prétentions sur Milan, Louis XII n’utilisa pas franchement l’image universaliste que son prédécesseur avait endossée. Reste que si la conquête de Milan ne s’apparentait pas à une étape de croisade, l’imaginaire qui façonnait le portrait du monarque universel, idéal de souverain, lui fut accordé. Louis XII se présenta tel le meilleur des princes, le plus vertueux et le plus chrétien de tous. Comme Charles VIII, il aurait été dénué d’ambitions personnelles. Ce qui le poussait à intervenir dans le Milanais était son désir de justice et de paix. Il y était venu en libérateur pour sauver un peuple soumis à un tyran. Quant aux réformes qu’il y engageait, égales à celles qu’il aurait faites en France depuis son avènement, elles étaient la preuve de ses intentions. Sur le papier, l’empire à la française serait donc un avant-goût du paradis terrestre.
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Comme le souligne vers le milieu du XVIe siècle le notaire florentin Lorenzo Violi, la venue du roi de France, « chose alors nouvelle en Italie, où aucune armée d’outre-monts n’était jusqu’alors passée depuis des centaines d’années, effraya chacun ». Un constat revient chez les acteurs et témoins de ce moment historique : cette guerre nouvelle est singulière et il faut élaborer des instruments permettant de penser sa nouveauté. Leur expérience de la guerre est radicale autant que bouleversante ; et les Florentins, dans leurs actes comme dans leurs écrits, inventent chemin faisant une façon de répondre aux interrogations nées de la situation. Dire la Florence des guerres d’Italie, cela signifie donc tenter de dire en même temps ce que Florence a fait ou subi et ce que les Florentins ont pensé de ce qui advenait, dans la mesure même où leurs réflexions furent partie prenante de leur action.

Personne n’a souligné cette exigence avec autant d’acuité qu’un jeune avocat florentin, Francesco Guicciardini, qui n’avait pas 30 ans quand il rédigea pour lui-même et sa famille, vers 1508, des « Histoires de Florence » : il déclarait dans ce texte qu’avec Charles VIII était arrivée en Italie « une flamme, une peste, qui non seulement changea les états, mais les façons de les gouverner et les façons de faire la guerre ». Trois nœuds émergent de cet énoncé tranchant : ce qui s’est passé est incontrôlable et soudain (comme une épidémie ou un incendie) ; l’affaire est loin d’être strictement militaire puisqu’elle met en jeu l’existence des États et la nature des régimes ; il s’agit d’un changement, d’un passage, d’un tournant. Bref, l’histoire s’accélère et parler de Florence en guerre, c’est traiter la question de l’existence même de la République, et pas seulement des campagnes militaires dans lesquelles elle peut être impliquée.
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Les guerres d’Italie commencent donc en Toscane et les premiers à en comprendre la portée sont les Florentins : on tient là une des raisons pour lesquelles va se constituer une sorte de « laboratoire florentin », espace d’expérience et de pensée de nombreux auteurs, qui sont aussi les acteurs de la vie tourmentée de la cité, au premier rang desquels se comptent des figures telles que Machiavel et Guicciardini, acharnés à penser la politique et l’histoire, afin de comprendre, certes, mais surtout d’agir.
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L’expression « guerres d’Italie », aujourd’hui utilisée par les historiens, qualifie un temps long de soixante-cinq ans, situé entre la fin du XVe siècle et le début de la seconde moitié du XVIe. Il débuta en 1494, lorsque le roi de France Charles VIII engagea son armée contre les forces d’Alphonse d’Aragon, roi de Naples, pour s’arroger son royaume. Il se conclut au printemps 1559, par la paix du Cateau-Cambrésis, qui obligea ces mêmes rois de France à renoncer à leur visée impérialiste dans la péninsule. Reste que si ce fut par la France que tout arriva, d’autres puissances telles que l’Espagne, Venise, la papauté et les cantons suisses tentèrent elles aussi de s’emparer, seules ou avec des alliés, de territoires situés dans la péninsule, alors véritable conglomérat d’États sous différentes suzerainetés.
(INCIPIT)
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Videos de Didier Le Fur (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Le Fur
Avec Roberto BIOLZI, Didier LE FUR, Guy LE THIEC, Fabien LÉVY
Carte blanche au ministère des Armées et aux éditions Passés Composés
Au cours des XVe et XVIe siècles, la péninsule Italienne fut le théâtre de onze guerres, toutes parmi les plus violentes du temps. Souvent présenté comme un affrontement voulu par des souverains français aux ambitions chimériques, de Charles VIII à Henri II, ce cycle de guerre a pourtant une réalité européenne. Toutes les grandes puissances du moment étant impliquées, qu'il s'agisse de l'Espagne et des Pays-Bas, du Saint Empire allemand, de la Suisse ou encore de l'Empire ottoman. Par ailleurs, toutes les entités politiques italiennes furent des acteurs majeurs de ces conflits, Naples, Rome, Florence, Venise ou Gênes menant des actions autonomes et tentant de survivre face aux léviathans des XVe et XVIe siècles. L'objet de cette table ronde est ainsi de comprendre ce que furent les guerres d'Italie en sortant d'une perception francocentrée et en donnant à lire toute l'originalité de ce qui fut bien l'un des tout premiers conflits européens. Ce faisant, les auteurs invitent à repenser bien des événements – la bataille de Marignan, le sac de Rome…- ou des parcours – Machiavel, Charles Quint, le pape Jules II…
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