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EAN : 9782493083029
128 pages
Les Bons Caractères (28/01/2022)
1.83/5   3 notes
Résumé :
Pourquoi beaucoup d'entre nous prennent avec prudence les chiffres économiques, que certains les trouvent parfois complètement faux ? Taux de croissance, nombre de chômeurs, hausse des prix, nous sommes abreuvés de chiffres dans lesquels les classes populaires ne se retrouvent guère. Pourtant, ces données économiques sont présentées comme incontournables, des chiffres aussi peu discutables que les résultats d'une analyse de sang. Ces notions - PIB, taux de chômage, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La quatrième de couverture m'avait attiré, le sujet des indicateurs économiques m'intéresse, j'ai commencé ma lecture plein d'entrain. Clairement écrit, séduisant par son ton enjoué, ça s'annonçait bien. Mais à la fin, j'avais déchanté. Je vais vous expliquer pourquoi.

Ce petit livre clair et fort accessible illustre au moyen de nombreux exemples concrets combien il peut être difficile de modéliser une réalité économique au moyen d'indicateurs chiffrés. D'une part, on voit comment des hommes politiques bien intentionnés peuvent se trouver en difficulté pour définir des indicateurs qui soient effectivement mesurables en pratique et qui permettent de déterminer à quel point leurs objectifs d'amélioration économique de la société ou d'amélioration du bien-être des populations sont atteints. D'autre part, l'auteur montre comment des politiciens ou des chefs d'entreprise moins bien intentionnés peuvent définir des mesures statistiques montrant la réalité sous un éclairage qui leur est favorable.

Dans la première catégorie, on trouve par exemple les statistiques sur le chômage, où l'auteur montre que définir la notion de « chômeur » n'est pas si simple (temps plein ou temps partiel, durée de la période de chômage, etc.). Dans cette même catégorie, on trouve aussi les indicateurs permettant de suivre l'évolution du coût de la vie. Typiquement, on se donne un ensemble de produits de consommation dont on suit l'évolution des prix. Mais alors, on peut discuter de l'évolution de la pondération à donner à chaque produit. On peut aussi discuter de l'évolution d'un produit donné. Prenons par exemple la version de base d'un certain modèle de voiture. Il est bien possible que la version actuelle soit bien mieux équipée que la version datant de 5 ou 10 ans. Faut-il dès lors comparer la version de base d'aujourd'hui avec la version de base d'hier, ou avec la version d'hier comportant les équipement de la version de base d'aujourd'hui ?

Dans la deuxième catégorie, celle des usages moins bien intentionnés des indicateurs statistiques, l'auteur donne l'exemple d'une petite entreprise dont le chef s'octroie une augmentation de salaire significative sans toucher au salaire de ses employés. Il peut alors se vanter de l'augmentation du salaire moyen de son entreprise ou de l'augmentation de la masse salariale.

Rien de nouveau dans ces difficultés de modélisation statistiques, mais une piqure de rappel est toujours utile, surtout lorsqu'elle est si claire. Pour cela, je vous recommanderais ce petit livre, qui se lit facilement et rapidement et je remercie les éditions « Les bons caractères » de me l'avoir fait découvrir dans le cadre d'une opération Masse critique de Babelio.

Donc, on comprend que les indicateurs statistiques sont imparfaits, à moins peut-être d'en affiner la définition mais en courant alors le risque de les rendre impossibles à mesurer en pratique. L'auteur a bien mis en évidence les imperfections des indicateurs mais je regrette qu'il n'ait pas mieux mis en évidence les conséquences de ces imperfections. Par exemple, tel indicateur de mesure du taux d'emploi est « faux ». Et alors ? Quelle est la conséquence de l'utiliser pour suivre l'emploi au niveau d'un pays ? Est-on complètement à côté de la plaque ? Ou ne néglige-t-on qu'une faible frange de la population et était-il complètement inadmissible de « sacrifier » l'intérêt de ces particuliers à l'intérêt général ? Était-il possible de définir d'autres indicateurs éliminant ces défauts sans en introduire d'autres ? Y a-t-il des exemples historiques montrant un gros impact social dû au fait que les dirigeants ont pris pour guide des indicateurs statistiques inappropriés ?

J'aurais également aimé que l'auteur compare les situations de populations dont les dirigeants auraient modélisé une même réalité économique ou sociale de différentes manières, par exemple dans un régime capitaliste et dans un régime non capitaliste.

On pourrait m'opposer que j'en demande trop pour un exposé qui devrait rester suffisamment court et accessible. Mais je n'en suis pas convaincu: on s'assied, on se met à la tâche, on réfléchit, et on y arrive !

Et si je demande cela, c'est que l'auteur lui-même m'a tendu la perche par quelques allusions, ce qui me permet d'aborder un aspect qui ne m'a pas du tout plu dans son livre: sa façon de présenter de manière détournée et quasi manipulatrice ses propres opinions. Dès le début, il parsème son texte d'allusions négatives envers les capitalistes. Soit, cela ne me pose aucun problème. Mais en lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à un exposé plus neutre. L'auteur n'affiche pas clairement ses opinions et je trouve que cette attitude manque de respect envers le lecteur. On doit attendre l'avant-dernière page pour lire « Lorsque le système capitaliste sera renversé, commencera l'édification d'une autre société, socialiste, qui cherchera selon la formule d'Engels, à passer du gouvernement des personnes à l'administration des choses et à la direction des opérations de production », phrase précédée, trois pages plus haut par « Un peu d'arithmétique, de bon sens et une saine méfiance vis-à-vis des discours patronaux suffisent néanmoins à déjouer les pièges les plus grossiers. ». J'aurais aimé en savoir plus sur l'auteur mais, peut-être parce que je suis assez peu doué pour rechercher des information sur la Toile, je n'ai pas réussi à trouver le moindre élément biographique à son propos.

Enfin, je mentionnerai que l'éditeur a inclus cet ouvrage dans sa collection « Éclairage », qui « a pour ambition de contribuer à la compréhension de la marche de l'histoire et d'apporter son éclairage sur les éléments du passé, lointain ou proche, dont l'influence se propage dans l'actualité politique ou sociale ». Joli programme, non ? Je vous invite à le confronter au catalogue de la collection (https://www.lesbonscaracteres.com/collection/33).
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Dans notre société de réseaux sociaux, où l'on est confrontés quasiment uniquement à des gens qui pensent comme nous ou à des conflits-buzz sans autre fond que de savoir qui parle le plus fort, où la nuance a du mal à se faire une place, et où chacun s'imagine expert d'un sujet qu'il ne maîtrise pas sur la base de sa propre expérience, les chiffres macro-économiques, tout imparfaits qu'ils soient, permettent d'objectiver, par des méthodes stables, reproductibles et transparentes, certaines réalités.

L'auteur, lui même expert auto-proclamé, s'ingénie cependant à nous expliquer à quel point ces chiffres macro-économiques sont en fait faux, biaisés, et utilisés à mauvais escient car ils ne décrivent pas SA réalité d'expert... Vous comprendrez dés lors très vite à quel point son discours est lui-même biaisé, rempli de sophismes. Dans un texte à charge contre économistes et statisticiens, il mélange tout et n'importe quoi dans une fausse rigueur afin de servir son discours pseudo-expert sur le monde et ses défauts, où l'on remarque finalement, au milieu des évidences qu'il fait mine de découvrir, contradictions et arguments d'autorité qui ne tiennent pas la route.

Est-ce à dire que l'on ne peut critiquer la façon dont sont utilisés les chiffres dans notre monde : bien sûr que non ! Tout chiffre a ses limites, et il s'agit d'en prendre conscience, de savoir ce qu'une mesure est sensée mesurer et ne pas l'interpréter comme quelque que chose qu'elle n'est pas (on fait généralement dire tout et n'importe quoi aux chiffres...). Eduquer, informer des limites des chiffres, avoir conscience des biais, c'est essentiel (et je ne connais pas un statisticien qui ne tente de sensibiliser les autres aux limites de ses chiffres, c'est justement son taff contrairement à ce que prétend l'auteur qui n'a manifestement jamais ouvert le moindre rapport sérieux de statistiques économiques...)

En bref donc, l'auteur prétend ici dénoncer, mais, en oubliant rigueur et nuance, ne vous attendez pas à lire "les dessous des statistiques économiques", mais un pamphlet biaisé qui vous désinformera plus qu'autre chose.

Merci toutefois à Babelio et aux éditeurs de m'avoir envoyé ce livre dans le cadre de la Masse Critique... J'espère au moins que ma lecture vous permettra de fuir ce gâchis d'encre et d'arbres !



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Un petit livre clair sur les différentes méthodes de calcul des indicateurs qui dominent notre société.

Si le propos est éclairant, le ton engagé de l'auteur m'a dérangée. Plutôt novice en économie, je ne m'attendais pas un ouvrage aussi orienté. Il m'est donc difficile de prendre du recul sur cette lecture, car si on fait dire aux chiffres ce qu'on veut ( comme cela est justement dénoncé dans l'ouvrage), on peut aussi orienter un propos par le prisme d'une idéologie politique.

J'en garde une remise à jour de mes connaissances bien utile en ces périodes d'élection.

Merci à @massecritique et @eclairage pour l'envoi de cet ouvrage.
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