AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072988325
Gallimard (04/04/2024)
4.5/5   6 notes
Résumé :
« Le combat ne m’a pas forgé le cœur et l’âme, il m’a simplement rendu lucide. J’en sais désormais suffisamment pour ne pas me croire préservé, par ma simple qualité d’homme, du surgissement de l’animal qui gît en moi. »

Dans ce récit à la première personne, le général Lecointre évoque son parcours de jeune officier — de la naissance d’une vocation jusqu’aux terrains de guerre au Rwanda, à Sarajevo ou en Irak — et donne à voir l’expérience d’homme de ... >Voir plus
Que lire après Entre guerresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Entre guerres » évoque à la fois une tradition militaire familiale et le début de la carrière de François Lecointre ; il n'aborde pas ses étapes d'officier général.

Fils du Commandant du SNLE « Redoutable », c'est à Lorient qu'il contemple, à l'âge de six ans, le sous marin dans lequel son père part en mission. Puis, chez sa grand-mère maternelle, il découvre les portraits de son oncle Hélie, sous-lieutenant de cavalerie, mort pour la France à 23 ans en aout 1959, à Alger, et de son arrière grand-père Elie, capitaine, tombé au champ d'honneur, à 33 ans, en décembre 1914. Hélie apparait jeune et souriant sur les photos, Elie plus austère … ces deux héros l'interpellent et l'immergent « entre guerres ».

François achève Saint Cyr et l'Ecole de l'infanterie en 1987 et est appelé au 3° RIMA. Capitaine en 1991, il combat en Irak lors de la guerre du Golfe, puis en Somalie et à Djibouti (1992), au Rwanda en 1994 où il est confronté au génocide et à ses acteurs. Enfin il est engagé en Bosnie et le, 27 mai 1995, reprend « baïonnette au fusil » le pont de Vrbanja lors d'un combat où deux marsouins sont tués et dix-sept blessés dont plusieurs grièvement.

10 années d'« entre guerres », qui se rapprochent progressivement de l'hexagone, alors que l'opinion publique et les élus, croient la paix éternelle en Europe, après la chute du rideau de fer, et suppriment le service militaire et les investissements stratégiques. 10 années au cours des quelles il voit les journalistes gommer certains « détails » ou les inverser pour rester en phase avec « la ligne éditoriale » de leur propriétaire. Ainsi, en Bosnie, les snipers qui tuent les bosniaques sont décrits comme serbes … alors que la réalité est « alternative ».

Des années de fraternité avec des hommes et des femmes qui se sont engagés, sans toujours savoir pourquoi, parfois pour fuir des situations familiales épouvantables, et qui trouvent au sein de l'institution militaire des raisons de vivre, et aussi de mourir. Des pages profondément humaines, sans pathos, qui dévoilent quelques aspects de la vie de nos militaires (et de leurs familles vivant au sein d'une population qui a du mal à comprendre des OPEX ou des plongées de 4 mois) et des situations affrontées sur tous les continents. Des combats où l'on est face à l'adversaire et non face à l'ennemi, condition sine qua non pour maitriser la violence et respecter les personnes, et donc des questions morales lors des situations où l'officier ordonne l'ouverture du feu … et surtout une réflexion de haute volée sur la nation, la patrie, et l'exigence de les défendre.

Un récit magnifique qui, espérons le, sera suivi d'un second tome dans lequel le général Lecointre abordera la suite de sa carrière ?
Commenter  J’apprécie          780
Quelle connerie la guerre ! dit le poète, et l'on ne peut que lui donner raison. Et voilà le récit d'un professionnel de la guerre qui émeut autant qu'un poète, n'éludant rien de l'esprit critique d'un philosophe, des contradictions entre grands principes et réalités de terrain, des ressorts de toute nature qui amènent des humains à tuer ou à se faire tuer. Pas de réponse globale au sens des choses, mais des faits bien sentis et la reconnaissance de la dépendance au collectif. Cela se clôt sur le non-sens suprême d'un héros, père de famille, qui se donne lui-même la mort.
J'ai pleuré et, à rebours de toutes mes inclinations de jeune appelé et d'adulte pacifiste, je dis : mes respects, mon général.
Commenter  J’apprécie          00
Un magnifique texte. Une véritable ode à la vocation militaire, au dépassement de soi, à la vie donnée. Avec pudeur le Général Lecointre nous livre un témoignage poignant de ses premières années en tant que militaire. de la naissance de sa vocation, en passant par Saint-Cyr jusqu'au Rwanda, l'auteur nous fait percevoir cette vie de militaire, rythmée par le combat, l'obéissance, la vie communautaire. On ne sort pas indemne de cette lecture, qui réveille nos consciences, qui nous interroge sur notre vie humaine, sur son sens, sur la notion de dignité. À lire et à faire lire.
Commenter  J’apprécie          30
En voilà un beau texte militaire.
L'ex chef d'état major des armées François Lecointre dans ses courtes mémoires nous fait part de l'engagement des soldats. de leurs questionnements, de la peur, de l'attente aussi qui fait partie intégrante de la vie militaire.
Ce texte est d'une lucidité assez incroyable. Lecointre ne se met jamais en avant, ne cache rien des doutes du soldats.
Il estime ses hommes, les jeunes qui s'engagent pour une cause plus grande qu'eux.
Et puis il y a le récit de cette légendaire charge à la baïonnette en ex Yougoslavie.
Un très beau texte guerrier mais toujours littéraire.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La peur a un lien avec l'incertitude. Moins la menace est précise, plus la crainte est diffuse, vague. Une sorte de douleur lancinante avec laquelle on doit s'habituer à vivre. Comme un malaise, un inconfort que l'on peut espérer dominer par un effort de volonté. Peut-être, après tout, suffit-il de décider que cela est ridicule ou honteux, de le circonscrire, de lui affecter un espace le plus réduit possible qui soit noyé dans le flot continu des questions sans intérêt auxquelles notre esprit doit répondre à longueur de journée.
Plus elle est obsédante aussi, et plus elle s'alimente de ce que l'on a entendu raconter sur telle blessure et les séquelles qu'elle entraîne, du souvenir de telle rencontre avec un ancien combattant marqué pour toujours dans sa chair ou dans son esprit, de sa vie gâchée qu'on redoute pouvoir être la sienne propre. Mais c'est un lancinement que l'on parvient à domestiquer. Il est possible d'en anticiper la trajectoire en sinusoïde, de repérer cette heure ou cette lumière particulière du soir, ou cette odeur, ou ce son singulier qui feront remonter l'angoisse à la surface. Et, brusquement, nous feront haleter, comme essoufflés. Parce qu'un élancement, insidieux, vient de bloquer notre respiration, de faire le vide au creux de notre estomac. Alors on échafaude des stratégies, on s'imagine des occupations impératives, on s'invite parmi les inconscients qui bavardent, ignorants des dangers (p. 74-75).
Commenter  J’apprécie          00
Parvenu au terme de ce cheminement laborieux, je sais désormais que la fraternité n'est pas un simple sentiment, qu'elle n'est pas constituée d'émotions pures qui s'imposeraient à nous au gré d'affinités particulières que nous aurions, ou non, la chance de pouvoir ressentir.

La fraternité est bien plus que cela. Il s'agit en réalité d'une disposition de l'esprit à laquelle chacun de nous doit s'asttreindre. D'une posture morale par laquelle nous devons rechercher le besoin qu'inévitablement nous avons de l'autre, identifier lucidement chez lui les talents, la force ou les faiblesses qui compléteront les nôtres et les équilibreront.

Etre frère, c'est se défaire de soi, c'est accepter d'être dépendant.
Commenter  J’apprécie          330
La vérité que nos images dénonçaient ne pouvait pas être dite dans les journaux pour lesquels ils travaillaient. C'est ce jour-là que j'ai découvert jusqu’où pouvait conduire, dans certaines circonstances, le respect de la fameuse « ligne éditoriale ».

Je ne prétends surtout pas porter le moindre jugement sur le métier de journaliste. Je finissais par bien mesurer, engagement après engagement, qu'il est impossible de rendre compte, dans toutes ses nuances, de la complexité du réel. Que cette complexité et ces nuances n'intéressent probablement qu'assez peu la majorité des lecteurs. Qu'elles ne sont que modérément enthousiasmantes et, qu'en tout état de cause, le moloch de l’opinion publique ne s'en satisfait pas.
Commenter  J’apprécie          310
Tout au long de ma vie de soldat, lorsque la perspective du combat s'approchait, j'ai senti monter en moi la terrible peur. Mais je savais désormais maîtriser le rythme des ondulations du drap blanc. Je n'ai plus jamais laissé cette peur se transformer en effroi. J'ai surtout appris à chercher, dans le regard de mes compagnons, le surcroît de contrainte que je savais ne pas parvenir à m'imposer seul.
C'est la conscience de l'estime qu'on nous porte qui nous pousse en avant. Le refus de décevoir cette estime nous permet de conserver notre dignité. De nous y efforcer du moins.
Aujourd'hui, je suis convaincu que toute peur peut être dépassée, par la puissance du collectif (p. 91).
Commenter  J’apprécie          00
.
LA GUERRE ...

En réalité, elle n’a jamais disparu.

Entre la « guerre », entendue au sens stratégique du terme, et ce qui était qualifié d’« opérations », il y a une différence de définition, mais, sur le terrain, pour le soldat qui la vit, c’est la même chose. C’est la même densité de combat, les mêmes blessés, les mêmes morts.

Beaucoup d’Américains qui ont débarqué en 1944 n’ont jamais eu de confrontation physique avec un ennemi ; à l’inverse, de nombreux soldats français ont connu l’expérience du feu sans que leur pays soit officiellement « en guerre ».

Après la guerre froide, qui était une guerre, au sens classique du terme, qui n’a jamais eu lieu, nous avons connu une période de guerre qui ne portait pas ce nom.

Et aujourd’hui on entre à nouveau dans une guerre qui parle aux gens, qui leur fait peur.



.
Commenter  J’apprécie          101

Videos de François Lecointre (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Lecointre
Quelle place pour notre humanité en temps de guerre ? François Lecointre, ancien chef d'état-major des armées, revient sur sa carrière de militaire et s'interroge notamment sur la question de l'honneur, lorsqu'on est confronté au pire dans son livre "Entre guerre". Dans son récit autobiographique, l'ancien soldat y retrace ses dilemmes, ses doutes, ses peurs à travers ses expériences de guerre en Arabie Saoudite, en Irak, en Somalie, au Rwanda, à Djibouti ou à Sarajevo. Commentant l'expression de Maurice Genevoix, "l'expérience incommunicable de la guerre", l'ancien chef d'état-major revient sur le statut de soldats et la vision qu'à la population de ces derniers, paraissant surprise qu'ils puissent éprouver les mêmes émotions et peurs qu'elle. Pourtant, comme il le souligne, des efforts sont faits aujourd'hui et on s'intéresse aux conséquences de la guerre sur la santé mentale des soldats, notamment à travers les troubles post-traumatiques. C'est avant tout cette expérience humaine que François Lecointre a souhaité coucher sur papier dans son autobiographie.  "Je m'arrête sur cette expérience très intense de jeune officiel, qui au milieu de ses soldats, vit ce condensé d'humanité", a-t-il expliqué sur le plateau faisant par exemple référence aux questionnements sur les objectifs de la mission, une interrogation qui revient régulièrement dans la tête des soldats qui doivent faire face à la mort.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
+ Lire la suite
autres livres classés : mémoiresVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de François Lecointre (1) Voir plus

Lecteurs (81) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1721 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..