AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,42

sur 162 notes

Il y a plus de deux ans de cela, nombreux étaient ceux – moi compris – qui trouvaient que L'homme qui a vu l'homme était le roman le plus abouti de Marin Ledun. Abouti par la grâce d'une intrigue au cordeau basée sur une riche documentation particulièrement bien exploitée sans verser dans la démonstration et de personnages forts et complexes. Avec En douce, Marin Ledun passe un nouveau palier en réussissant à conjuguer l'exploitation de thèmes qui lui sont chers avec une histoire surprenante et en avançant vers une certaine épure dans l'écriture.
En douce, donc, c'est l'histoire d'Émilie, jeune infirmière mutilée lors d'un accident de voiture. Devenue unijambiste, elle a sombré dans la dépression, peu à peu coupé les ponts avec ses relations, quitté son travail et finit par se faire embaucher dans un chenil. Là, entourée des animaux dont elle doit prendre soin à l'écart d'une petite ville de la forêt des Landes, Émilie rumine ses échecs, sa solitude, ses espoirs jetés à bas par l'accident… Pour exorciser ses démons, pour trouver une forme de revanche et certainement pour tout un tas d'autres raisons qu'elle ne sait comment exprimer, elle retrouve Simon Diez, qui conduisait la voiture qui a percuté la sienne, le séduit, l'entraine dans son mobil home, lui tire une balle dans la jambe et le séquestre.
Alternant les scènes du passé d'Émilie, de sa chute après l'accident, de sa recherche de Simon, et celle du présent, Marin Ledun met en place une étrange confrontation qui est moins celle entre la geôlière et son prisonnier qu'entre Émilie et elle-même. Car ses actes, dont elle ne sait vraiment où ils peuvent l'entrainer ont au moins la vertu de la forcer à regarder en face l'engrenage qui l'a menée dans ce chenil sous la chaleur étouffante d'un été landais et à ouvrir les yeux sur son otage par la même occasion. S'il n'est pas comme elle un déclassé – encore eût-il fallu pour cela qu'il fût « classé » à un moment : « Je n'ai rien, je ne suis rien, je fais ce qu'on me dit de faire depuis si longtemps que je ne me souviens même plus quand ça a commencé. » – Simon n'est jamais lui aussi qu'une autre petite main invisible d'une société dans laquelle l'existence passe avant tout par la consommation. Consommation de biens, consommation de personnes pour des aventures sans lendemain… Ne pas consommer, ne plus pouvoir consommer, c'est disparaître. Et ne plus pouvoir travailler, comme c'est le cas d'Émilie, c'est ne plus pouvoir consommer. Ainsi la manière dont Marin Ledun décrit la manière dont Émilie se dépouille – et se fait dépouiller – peu à peu de ses biens et de ses relations montre d'une manière vertigineuse la vitesse à laquelle arrivent le déclassement, la perte d'estime de soi, et la disparition finale des radars de ceux qui jusqu'alors vous voyaient encore. La relation qu'entretient Émilie avec Isabelle, mère de famille bien rangée, est d'ailleurs aussi belle et tragique qu'édifiante.
Tout cela, Marin Ledun le dit avec une singulière et ô combien louable économie de moyens. « Une écriture à l'os » comme se plaît à dire le chroniqueur en manque d'imagination, qui participe à merveille du sentiment d'étouffement qui saisit autant le lecteur que le magnifique personnage principal. Et tout cela sans didactisme, sans explications lénifiantes, de manière à faire passer un message, oui, mais à laisser le lecteur tirer ses propres conclusions. En douce représente ainsi une fort belle alliance entre thriller tendu et roman noir social. C'est une incontestable réussite.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          161
Marin Ledun est pour moi un peu l'image du gilet jaune du coeur et de l'âme !!! sa force : DENONCER !!!
Et intelligemment encore ;) Puissant, Magnifique histoire .... Mon 2ème roman de cet auteur ... J'ai bcp aimé son dernier "ils ont voulu nous civiliser" et c'est pourquoi j'ai retenté avec celui-ci ;) Je vous garanti que je retenterai encore car cette plume simple, direct est très très efficace et merci à lui de dénoncer toutes ces merdes de nos sociétés ... Qd, par malheur, tu as la malchance de dériver un peu à cause d'un accident, une mauvaise fréquentation, une maladie, un divorce, une séparation etc ... la société te dit FUCK !!! Marin Ledun est un génie pour le démontrer
Commenter  J’apprécie          154
Marin Ledun est un auteur dont on entends de plus en plus le nom, j'ai donc voulu tenté la lecture du petit dernier de l'auteur.

Une histoire de séquestration dans les Landes ou Emilie jeune femme handicapé enlève Simon responsable de l'accident qui lui a fait perdre sa jambe. On assiste donc à un huis clos mais avec cette particularité en plus dû au statut d'handicapé du bourreau.

Cependant ce livre n'a pas la puissante des Noeuds d'acier de Sandrine Collette ou d'un Les Morsures de 'ombre de Karine Giebel et c'est de la d'ou vient ma note de 2/5.

Emilie est une victime mais elle est tout de même imbuvable tout le long du récit à coucher à tout va, elle se dit victime mais joue de ce statut et de la fascination malsaine que les hommes ont sur sa prothèse. Elle va perdre son boulot suite à plusieurs burn out et se retrouver à faire un boulot plutôt particulier afin de pouvoir vivre.

Je n'ai également pas du tout été bluffé par la fin, je n'en ai pas vu l'intérêt, heureusement que le récit est plutôt court, il s'agit plus d'un roman noir ou d'un roman social que d'un huis clos oppressant.
Commenter  J’apprécie          140
Ce ne sont pas à proprement parlé des loosers dont il s'agit, mais de personnes que la vie n'épargne pas. Et alors, en douce, sans s'en rendre compte, la vie part à la dérive. Victime d'un accident de la route Emilie va mettre du temps à "remonter la pente". Amputée d'une jambe, sa vie est bouleversée.

Pourquoi, alors quand enfin elle reprend le dessus et sa nouvelle vie en main, décide t-elle de refaire le voyage en marche arrière jusqu'au jour de l'accident et jusqu'à retrouver Simon, celui qu'elle considère comme le responsable de sa nouvelle vie pourrie.

Marin Ledun creuse dans les âmes perdues et la désolation sociale. Dans ce pays de dunes, d'étang et de pins, dans cette lande inhospitalière et sauvage, malgré la saison touristique qui brasse de la population de surfeurs et d'estivants en goguette, les locaux sont marqués par cet environnement, travail physique, alcool, solitude, sexe de passage ...

Bien mené et bien rythmé, le roman, qui n'est pas réellement un polar, montre cette frange de la société, celle qui glisse en pente douce vers le broyeur irrésistiblement. Un vrai roman noir rural français, loin des clichés et de la facilité.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          100
« En douce » est une perle noire. Brute, imparfaite, sombre mais magnifique… à l'image de son héroïne : Emilie.
Ici, Marin LEDUN nous dépeint le portrait d'une femme brisée avide d'amour et de vengeance.
L'histoire débute un soir de 14 juillet. Flon-flon, musette et feu d'artifice. Emilie est en beauté et elle le sait. Elle chasse. Sa proie : Simon DIEZ. Simon est l'homme qui l'a percuté au volant de son 4 x 4 quelques années plus tôt et lui a ôté l'usage de l'une de ses jambes. Emilie le séduit rapidement, l'attire chez elle, le séquestre et lui tire une balle dans la jambe. Il est ainsi à sa merci.
Le cadre est posé. le décor également. Minimaliste. L'auteur met toute son énergie et son talent dans la description de ses personnages.
La plume est vive, acérée, impitoyable. le destin d'Emilie et Simon est touchant.
La folie douce d'Emilie empruntera des chemins sulfureux, broussailleux puis s'achèvera sur une note douce-amère. Une prise de conscience douloureuse mais salvatrice.
J'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          100
Émilie enferme Simon, à l'origine de l'accident qui lui a coûté une jambe, et massacré sa vie. Voilà l'idée du livre, que l'on découvre dès le début, sinon, je ne raconterai pas.

Il y en a en gros pour 250 pages. Pas trop long. Cela nous évite le polar qui nous embarque pour des centaines de pages dont on ne peut se sortir. Disons qu'on découvre la vie des deux protagonistes.

C'est bien écrit. Mais je dirais que ça manque de sentiment, de passion. le seul personnage pour lequel on a un peu de tendresse, c'est Bop, le chien maltraité, dont Émilie a sauvé la vie. Brave bête. Pas comme Émilie ni Simon.
Commenter  J’apprécie          100
Après avoir découvert Marin Ledun grâce à Babelio, qui m'a envoyé « Leur âme au diable » lors de sa sortie, j'ai eu envie de découvrir d'autres écrits de l'auteur ,j'ai donc choisi « En douce ».
C'est l'histoire d'Emilie, elle mène, somme toute, une vie banale, elle est infirmière, célibataire, plutôt adepte des aventures sans lendemain, mais sa vie bascule à 35 ans quand un accident de la route lui coûte une jambe. Après une longue convalescence, elle reprend le travail mais craque et s'enfonce dans un long burn-out, et là, tout dérape, elle démissionne de son poste à l'hôpital et ne va plus se consacrer qu'à sa vengeance : retrouver, pister, piéger celui, qui selon elle, est responsable de son malheur, Simon Diez. Elle l'attire dans le chenil isolé où elle travaille maintenant, lui tire une balle à bout portant et le séquestre.
La suite est une succession de mauvais choix. Par des flash-backs nous découvrons la vie d'Emilie avant son amputation pour en arriver à l'origine du drame et nous diriger vers une vérité qui nous glace.
C'est une histoire de vengeance dans une atmosphère sombre et sordide.
Ce huis clos, merveilleusement bien orchestré par l'auteur, est oppressant, le contexte, dans ses descriptions, est anxiogène.
Un roman noir qui n'est que le long cri de détresse d'Emilie.
Commenter  J’apprécie          90
Un roman sombre, une sorte de huis-clos à deux où seuls des chiens viendront mettre un peu d'ambiance en aboyant…

La vengeance est un mobile aussi vieux que le monde. Certains pensent qu'en se vengeant ils retrouveront la paix, d'autres vous diront que non, que du contraire même, que la vengeance ne vous apportera qu'un grand vide.

Les siciliens disent, dans un de leur proverbe, que celui qui veut se venger doit creuser deux tombes… une pour sa victime et une pour lui. Ou alors le proverbe est chinois…

Émilie était une jeune infirmière belle, avec une vie sociale, des envies, et un jour, toute sa vie a basculée, et elle ne s'en est pas vraiment remise, accusant les autres et surtout une personne d'être à l'origine de sa dégringolade sociale.

Faut dire que passer d'infirmière avec un chouette appart à nettoyeuse-soigneuse de chiens dans un chenil, dormant dans un camping-car, ça vous foutrait le moral dans les chaussettes de n'importe qui.

C'est encore plus traumatisant que de louper sa primaire ou que de ne pas se représenter… Ce qui mine Émilie, c'est les regards des autres, leur commisération, leur pitié, et les sales pensées sexuelles des hommes.

Son bouc émissaire est tout trouvé, et maintenant, yapuka passer à l'acte.

Une fois de plus, laissez tomber le résumé du 4ème de couverture et découvrez, vierge de tout, ce huis-clos prenant entre une femme qui a vu sa vie basculer et un homme qui vient de voir la sienne basculer aussi dans l'horreur.

L'écriture glisse sur le papier, ça se lit d'une traite, quasi, on veut savoir jusqu'où elle va aller dans sa folie, parce que oui, pour moi Émilie est une frappadingue qui rend les autres responsables et qui s'est fichue dans cette belle merde toute seule comme une grande.

C'est presque un huis-clos, mais pas aussi prenant et oppressants que certains huis-clos de ma connaissance, dommage (Misery et Shining de Stephen King).

Il ne manquait pas grand-chose pour en faire un truc à vous foutre la suée de votre soirée d'hiver.

Par contre, niveau social, c'était du noir de chez noir. Insidieux, perfide… le boulot vous reprend après votre accident, les collègues sont gentils, rempli de pitié aussi, mais ça ne dure que le temps que dure les roses… Ensuite, vous redevenez une bête de somme, corvéable à merci et si vous refusez… On ne vous retiendra pas !

Un bon roman noir, sans édulcorants, sans sucre, sans stévia… Noir, quoi. Bien que j'ai déjà dans des plus noirs…

Une histoire de vengeance, une critique sociale, un roman psychologique, un constat amer de notre société qui n'accepte que les biens foutus et pas les handicapés (physiques dans ce cas-ci), une ambiance étouffante, dure, sale et une infirmière qui n'a rien de la cochonne des fantasmes de certains (mais en plus sexy que Annie Wilkes).

Une écriture efficace, sans fioritures, des personnages taillés à la serpe, une ambiance étouffante, moite, et une grande question qui se pose : dans quelle mesure les autres sont-ils responsables de nos échecs ? le sont-ils à 100% ou ne sont-ils que des vecteurs, le reste nous étant imputable si nous échouons ?

Vous avez trois heure… Ensuite je ramasserai les copies !

(3,5/5)

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          90
En commençant l histoire d Emilie,on sais que l on va plonger dans un roman noir .On nage entre "alex" de Pierre lemaitre et "des noeuds d acier "de Sandrine colette.
Hormis la séquestration de Simon par l unijambiste Emilie,l auteur nous parle de solitude, de detresse,de haine,de colere....
Une tension s installe tout au long du roman jusqu'au final dont seul l auteur a le secret.Une réussite de noirceur.
Commenter  J’apprécie          90

Bien loin des thrillers politiques précédents, un roman noir foncé …
Emilie est victime de la double peine : elle a perdu une jambe suite à un accident de voiture et son boulot suite à la dépression post-traumatique et ses dommages « collatéraux ». Elle se sent humiliée, dévalorisée, bref en régression. Elle décide alors de retrouver Simon qui était dans l'autre voiture et aucunement responsable et de le faire payer. S'en suit une quête de vengeance assortie de violence extrême dont l'issue est improbable parce que la rédemption n'est pas a priori dans le schéma de pensée d'Emilie.
Une fable sociologique sur la déchéance psychique, physique et matérielle, due à un fâcheux concours de circonstance qui n'aurait jamais du mettre en présence les deux protagonistes. On y retrouve l'analyse sociologique précise et le style affûté, dont a déjà fait preuve Marin Ledun dans ses précédents romans.
On peut se dire « trop court ce roman » mais au bout du compte tout est dit pour notre plus grand plaisir de lecteur après avoir subi les frayeurs avec Simon.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (281) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2880 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}