Scruter la masse immense d'inconnu que propose le dehors, donner corps à quelques parcelles de la féerie que l'on porte au-dedans, ce double désir - l'on ne peut en douter - est celui de tout peintre ou sculpteur digne de ce nom. Peinture et sculpture, en effet, posent ce problème préjudiciel, quand on ne les ampute pas de la figuration : comment agencer une image ou un objet qui soit, tout à la fois, une réalité convaincante par sa structure même, la transcription fidèle du motif souvenu ou inventé et l'expression d'un moment essentiellement fuyant, de la subjectivité ? L'admirable est que Giacometti se soit posé explicitement ce problème implicite chez la plupart, qu'il en ait si complètement accepté les données simples mais implacables, qu'avec tant d'opiniâtreté il ait mené son jeu, sans jamais essayer de ruser, et qu'il se soit obstinément dérobé aux simulacres de solution genre nœud gordien que l'on tranche alors qu'il s'agit de le dénouer.
Entre le géologique et l'aérien, la surface mitoyenne.
Quelque chose des ruines de Pompéi et des peintures murales demeurées fraîches malgré le vent, l'orage, les cendres. Dans les trouvailles telles qu'en font les archéologues convergent l'antiquité millénaire et la rupture fulgurante du temps : dévoilement brusque d'une figure dont, à jamais, se totalise le long passé. Quant à ses propres trouvailles, il semble que Giacometti - commandant à ses mains comme à des ouvriers qui procèdent à des fouilles - voudrait les extraire de son cerveau, armées de pied en cap.
Alberto,
prénom à jamais privé
de la flambée du vocatif
puisque Giacometti est maintenant relégué
dans l'exil de la troisième personne...
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Michel Leiris, écrivain et ethnologue, auteur de L'Âge d'homme et de l'autobiographie en quatre volumes, La Règle du jeu, appartenait à la génération fortement marquée par la Première Guerre mondiale et ses conséquences. Dès les années 1920, il s'engagea dans une démarche critique qui mettait en cause les fondements philosophiques du monde occidental. Il contestait la rationalité considérée comme le principe fondamental d'organisation de la société moderne et explorait les forces motrices irrationnelles et les courants sous-jacents. En recourant à la notion de « merveilleux », qui dans ses écrits littéraires et ethnographiques devient un outil d'analyse, Leiris explore « l'au-delà ».
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Bonnes lectures !
Crédit : école EMC, la prise de son, d'image et montage vidéo
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