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Denis Hollier (Directeur de publication)
EAN : 9782070114542
1872 pages
Gallimard (23/10/2003)
4.23/5   13 notes
Résumé :
Mesures pour rien, appels du pied, galop d'essai : telles m'apparaissent aujourd'hui ces Biffures rédigées en majeure partie durant l'époque de l'Occupation. L'on n'y trouvera, quant au cadre historique dans lequel ce livre s'inscrit, que les plus vagues et rapides allusions ; c'est à la cantonade que les évènements se déroulent et presque rien n'y vient distraire de sa recherche un auteur qui- fidèle à une habitude tendant à devenir manie- écrit surtout pour voir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Autobiographie littéraire de Michel Leiris, cette oeuvre monumentale suit mot à mot (et maux à maux) la vie et le parcours littéraire et psychologique de l'auteur.
A partir de petits et grands faits de la vie quotidienne, tout comme des événements historiques majeurs qui ont jalonné son existence, Leiris peint sans pudeur ni censure son autoportrait qui est aussi celui d'une époque.
Mais l'oeuvre de Leiris est aussi universelle et intemporelle. Elle parle au lecteur d'aujourd'hui comme elle ne manquera de le faire à celui de demain. C'est qu'elle réveille les souvenirs d'enfance, ranime les craintes et les angoisses, sans pour autant bouder les plaisirs de l'existence.
Et du plaisir elle en procure au détour de chaque phrase, de chaque idée.
Les phrases de Leiris sont autant de formules magiques !
Par son style très proustien, la Règle du Jeu ne peut manquer de séduire les lecteurs passionnés à la recherche de leur temps perdu ...
A lire et à relire absolument !
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L'itinéraire de Michel Leiris (1901-1990) nous semble exemplaire d'un rapport à l'écriture qui se veut « acte», celle d'un ethnologue et écrivain qui a oscillé tout au long de sa vie entre l'écriture ethnographique et une grande entreprise autobiographique, qui va de L'âge d'homme à La règle du jeu, écrite à partir de fiches et commencée en 1940. Il y apparaît « une complexité de tressage », pour reprendre les propos de Philippe LejeuneLeiris a en effet privilégié une pratique d'écriture d'où l'on peut dégager un savoir-faire afin de mettre au jour des lignes d'illusion et tendre à approcher un réel qui se fracasse sans cesse sur les fantasmes, les souvenirs, les rêves, le temps du présent de l'observation de l'ethnologue. On ne saurait réduire l'oeuvre autobiographique de Leiris à un déroulement linéaire de présentation de soi. Elle ne cesse d'inventer des formes et ses messages heurtés mobilisent également des ressources poétiques et esthétiques.
Extrait de Michel Leiris : écrire les formes de l'asservissement de Martine Hovanessioan dans Tumulte 2011/1 nº36
Lien : https://www.cairn.info/revue..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Car si j’éprouve un indéniable plaisir à posséder des livres, et si cela me donne, certes, une satisfaction d’en recevoir de temps en temps, convoyant une pensée amicale ou venant de quelqu’un d’inconnu au hasard d’un service de presse (la même satisfaction que j’éprouve quand j’ai à mon courrier plusieurs lettres, circulaires dactylographiées, périodiques ou invitations : impression de ne pas être délaissé, s’y mêlant la jouissance puérile d’être une espèce d’ayant droit), à cette satisfaction s’ajoute toujours une part de gêne, voire de tristesse. Comme je lis très lentement et, de ce fait, très peu, je sais que je ne pourrai les lire tous (admettant même que tous m’intéressent) et je suppute combien de livres non lus, à peine découpés et feuilletés, tapisseront mes cloisons – de leurs rangées de dos enveloppés de papier transparent et, plus rarement, d’une reliure – au moment où, si j’ai encore une suffisante lucidité, il me faudra m’apercevoir que ma qualité d’artisan du langage, si merveilleuse soit la vertu des mots, ne m’a soustrait en rien au sort commun des mortels. (page 249)
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Au militaire que j’étais, lorsque tomba sous mes yeux, de façon si inopinée, la phrase ‘Il était une fois …’ ce n’est pas seulement l’enfant d’avant l’autre guerre – ni même le civil récent – qui apparut.
Il me sembla aussi que le personnage drôlement costumé et situé qu’en cet instant j’étais – soldat coiffé d’un calot sous le soleil d’Afrique (vu aujourd’hui : espèce d’auguste dans l’éclairage cru d’un cirque) - devenait objet de légende, héros possible d’un récit que ma mémoire aurait, ultérieurement, toute latitude de me faire et dans lequel une chose de ce genre serait peut-être dite : ‘Il était une fois, un soldat coiffé d’un calot sous le soleil d’Afrique et ce soldat s’appelait Julien-Michel Leiris ; une boîte de papier à lettres lui appartenait, sur laquelle était écrit : ‘Il était une fois …’
Si grande était la vertu, lu en bordure du Sahara et dans la condition nouvelle où je me trouvais, de ce banal bout de phrase imprégné simplement d’un fort relent d’enfance et de terroir que, le prononçant mentalement, je me voyais, sans sortir du présent, transformé en un être ressortissant au domaine de la mythologie ou à celui non moins merveilleux bien que réel, de l’histoire. (page 132)
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Un souvenir que j’ai dans la tête, prolongé en tous sens par des ramifications affectives, ce n’est pas un corps étranger qu’il s’agit d’extirper. S’il m’est venu du dehors, s’il est le résultat d’un concours de circonstances absolument fortuit, il n’en fait pas moins partie intégrante de moi-même, il est devenu ma substance au même titre que les aliments empruntés à l’extérieur dont je me suis nourri. Plus encore ! En tant qu’il reste image – image circonscrite et dûment séparée – par un renversement des rôles il tend à se poser en miroir, comme si vis-à-vis de lui je perdais toute consistance et ne pouvais plus le tenir pour autre chose que pour la chose solide - la seule solide – que je regarde et qui me renvoie mon reflet. Paradoxe de ce genre de souvenir : j’y trouve l’expression la plus pure de moi-même, dans la mesure où il m’a frappé par ce qu’il recelait d’étrangeté … (page 14)
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Toutes mes bavures, hésitations, trébuchements de paroles, toutes les ratures ou surcharges qui s’accumulent dans chacune de mes phrases et que si volontiers j’attribue à la maladresse d’expression traduisent en fait, indécisions dans ma pensée et défaite dans mon caractère, cette crainte (surtout) fondamentale qui m’empêche de rien avancer autrement qu’en procédant par soubresauts, par détours et retours comme si, chaque fois qu’il s’agit d’affirmer ou de s’affirmer, j’étais sujet à un recul pareil à celui du cheval qui bronche devant l’obstacle et que son cavalier ne peut qu’à force de coups d’éperons coléreux obliger à sauter.
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Ce n’est pas nécessairement parce que la chose lue m’ennuie de façon positive mais, plutôt, parce que rares sont les livres qui parviennent à fixer longtemps mon attention : j’en prends un qui répond à mes préoccupations du moment, et j’en lis un certain nombre de pages ; puis quelque chose de nouveau survient dans mes préoccupations, qui m’attire vers un autre livre, et je lâche généralement le premier, trop pressé de passer au second et lisant, c’est un fait, beaucoup trop lentement pour que l’intérêt qu’il y aurait à ce que j’en finisse une bonne fois avec celui que j’étais en train de lire puisse balancer victorieusement l’impatience où je suis d’entamer celui qui se trouve en harmonie avec mes nouvelles préoccupations. (page 148)
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Michel Leiris, écrivain et ethnologue, auteur de L'Âge d'homme et de l'autobiographie en quatre volumes, La Règle du jeu, appartenait à la génération fortement marquée par la Première Guerre mondiale et ses conséquences. Dès les années 1920, il s'engagea dans une démarche critique qui mettait en cause les fondements philosophiques du monde occidental. Il contestait la rationalité considérée comme le principe fondamental d'organisation de la société moderne et explorait les forces motrices irrationnelles et les courants sous-jacents. En recourant à la notion de « merveilleux », qui dans ses écrits littéraires et ethnographiques devient un outil d'analyse, Leiris explore « l'au-delà ».
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Bonnes lectures !
Crédit : école EMC, la prise de son, d'image et montage vidéo
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