Cette question en entraîna une autre infiniment plus vaste: qui décrète vraiment que vous avez encore le droit de vivre, étant entendu que la vie perd singulièrement de son attrait quand on ne peut plus reluquer le joli postérieur d'une fille qui passe à portée de vos caresses, un problème qu'avait parfaitement résolu Hemingway en se tirant une balle dans la tête?
- C'est si capricieux que ça la terre?
- Encore plus que tes chèvres. On joue au malin, on joue les matamores des sarments, mais pour savoir ce qui se passe vraiment là-dedans, sous tes pieds, macache. Une oeuvre d'art est encore plus facile à comprendre que la vigne. Tout ce que je sais, c'est que pour faire un bon vin, il faut une belle souffrance.
Au moment où il passait à sa hauteur, il agrippa le bord de la table de l'inconnu et porta une main à sa poitrine.
- Monsieur, vous ne vous sentez pas bien?
C'était le premier qui, dans cette ville, l'appelait monsieur. Ni pépé, ni papy, ni grand-père, enfin aucun de ces noms qui vous mettent déjà un pied dans la tombe.
Passé le premier mouvement de compassion, on se répétait qu'on la trouvait fière. C'était une explication suffisante. Dans un village, il faut qu'on puisse lire en vous comme dans un livre ouvert, sinon on est rejeté.
Après tout, s'il s'était contenté d'une espèce de non-vie aspirée par la routine implacable des saisons, n'était-ce pas d'abord pour éviter de se poser trop de questions? Et voilà qu'elles fusaient de toutes parts.
Philippe Lemaire était présent à la Foire du livre de Brive. Il évoque sa rencontre avec ses lecteurs.
En savoir plus sur « Mathilde » : http://bit.ly/2gTWovO
Dans les années 1940, le parcours initiatique d?une adolescente encore insouciante s?ouvrant à la vie, à ses premières amours, à l?engagement. L?Occupation et l?arrivée d?un officier allemand vont bouleverser son existence.
C?est une rêveuse, Mathilde. Ses grands yeux bleus la trahissent. Sur son vélo ou parmi ses livres, l?adolescente, pleine d?impatience, fuit la solitude de la maison familiale ancrée dans un Haut-Jura secret et rugueux. Et la monotonie de l?atelier de couture où elle travaille.
Emma, Suzy, Claire, Jean et Pierre forment une bande d?amis à l?image de la jeunesse insouciante et laborieuse d?avant-guerre. Dans leur sillage, Mathilde s?ouvre à la magie des salles obscures, aux discussions engagées dans les cafés. Surtout, elle capte tout de leurs jeux amoureux qui la troublent tant? L?imminence de la guerre puis l?Occupation, un talent révélé pour la photo et les valses-hésitations de son c?ur feront grandir Mathilde.
De spectatrice de la vie des autres, deviendra-t-elle, enfin, l?actrice de sa propre existence ?
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