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EAN : 9791021057890
288 pages
Tallandier (11/01/2024)
4.17/5   9 notes
Résumé :
Pendant cinq années, Frédéric Lemaître a assisté aux transformations profondes de l’Empire du Milieu. Ce livre est une invitation à décaler notre regard et à plonger au coeur des multiples facettes de ce pays-continent.

En Chine, tout est politique. Plus autoritaire, on sous-estime à quel point la « nouvelle ère » de Xi Jinping est différente des décennies précédentes. Certes, la croissance ralentit, le chômage augmente et l’hypothèse d’une guerre aut... >Voir plus
Que lire après Cinq ans dans la Chine de Xi Jinping : Par le correspondant du Monde à PékinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai commandé cet ouvrage dès sa parution, le 6 février dernier, pour savoir un peu plus de ce qui se passe réellement dans cette Chine énigmatique d'aujourd'hui, par quelqu'un qui, contrairement à Xi Jinping, a le don de s'exprimer clairement. Après Berlin, et un passage à Paris comme chef du service et rédacteur en chef du ”Monde", c'est à Pékin que Frédéric Lemaître a été en poste de 2018 à 2023.

En 30 relativement brefs chapitres et même pas 300 pages, l'auteur a réussi à aborder une multitude d'aspects concrets de la politique chinoise contemporaine à travers lesquels, il dresse un bilan solide et équilibré de l'influence du président Xi Jinping durant essentiellement la dernière décennie.

Rappelons que comme son pote au Kremlin, Xi Jinping s'est debrouillé, le 11 mars 2018, pour obtenir une révision de la Constitution lui permettant de rester président à vie de la République chinoise. Une modification au texte fondamental du régime voté par 2.958 voix pour, 2 contre et 3 abstentions !

Malgré ce score stupéfiant, qui illustre à sa façon le pouvoir immense du bonhomme, l'auteur ne s'est pas laissé séduire par des formulations à l'emporte-pièce qui condamneraient l'ensemble des initiatives et mesures de Xi Jinping pendant la période décrite.

Au contraire, c'est sur la base d'une évaluation pertinente des différentes options politiques importantes, adoptées par Xi dans maints domaines de la politique chinoise, que l'auteur procède, tout en y ajoutant, à chaque fois, des exemples significatifs.

Les multiples aspects de la politique chinoise actuelle analysés par Frédéric Lemaître ne revêtent évidemment pas tous la même importance, mais il permet au lecteur un choix qui demeure en tout cas très large.

Les thèmes qui m'ont personnellement intéressé en premier lieu ont trait à la structure du pouvoir central dans les secteurs de la politique intérieure, étrangère, énergétique (les importations bon marché de Russie) et culturelle. Ou plus précisément, les limites du pouvoir de Xi dans l'orientation générale de son pays à l'intérieur des frontières envers les minorités, tels les Ouïghours de Xinjiang et en matière de politique extérieure les rapports avec la Russie, l'Europe et les États-Unis, les dossiers Taïwan et Ukraine.

Sur un certain nombre de sujets, le livre m'a carrément ouvert les yeux. Il en est ainsi du peu d'étrangers qui habitent en Chine : 845.000 ou 0,0006 % de la population en 2020. Il en va de même du nombre des milliardaires chinois qui est supérieur à celui des États-Unis, 969 contre 691 (en dollars américains en 2023). Et ce qui m'a complètement ahuri, c'est que pour lutter contre l'extrême pauvreté d'une partie de la population, Xi Jinping préconise un appel à la charité auprès de ses milliardaires plutôt qu'avoir recours à une politique fiscale équitable !

Ces oncles Picsou doivent juste faire gaffe de bien respecter l'honorable Xi, sinon ils sont écartés, comme Jack Ma d'Alibaba, ou disparaissent, comme Duan Weihong, la femme la plus riche de Chine, en septembre 2017.
Sur ces 2 cas, je me permets de rappeler mes chroniques de la biographie de Jack Ma par Duncan Clark du 4 novembre 2017 et de l'affaire mystérieuse de Weihong sur la base de l'ouvrage de son ex-mari, Desmond Shum, intitulé "La roulette chinoise" du 29 mars 2022.

Résumons : comme aiment dire les Chinois "les décisions se prennent en haut, les contre-mesures en bas", quoique ces contre-mesures ne marchent apparemment pas à tous les coups depuis l'avènement de Xi Jinping.
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L'auteur de cet ouvrage est journaliste et il a passé cinq années en Chine, de 2018 à 2023.
Il a ainsi pu écrire ce livre qui fait un tour d'horizon de la politique chinoise actuelle, et de ses conséquences au quotidien sur le peuple.
Dans ce recueil assez diversifié, il nous parle un peu de tout, de politique extérieure et intérieure, de commerce, des droits de l'homme, de la condition des femmes, de la politique zéro-covid, des étrangers, des homosexuels, des artistes, des ethnies....et les propos sont à la fois intéressants et nuancés, rien n'y est ni tout blanc, ni tout noir.
Il ne s'agit pas de dénoncer des faits, mais de faire une sorte d'état des lieux de la vie en Chine, que ce soit dans les grandes métropoles ou au fond des campagnes.
J'ai apprécié de lire ce recueil qui est enrichissant, sans être ni superficiel, ni trop savant, et la brièveté des chapitres rend l'ouvrage tout à fait digeste.
Je remercie Babelio et les éditions Tallandier pour cet envoi.
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Frédéric Lemaître nous propose une analyse tout en nuances, très argumentée par cinq années de présence en Chine. Une vision beaucoup plus large, beaucoup moins réductrice, que les reportages habituels.
En ce sens où elle présente toute la complexité chinoise, et son évolution depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping :
« Sa réalité est infiniment plus complexe que la phrase de Xi Jinping ( « le Parti dirige tout ») le laisse supposer. Non, le Parti Communiste ne dirige pas tout dans l'Empire du Milieu. Non la Chine n'est pas une vaste prison à ciel ouvert. Non, la censure n'a pas lobotisé les chinois. Si le pays doit faire face à d'immenses problèmes aussi bien politiques, économiques, démographiques qu'environnementaux, les progrès qu'il réalise depuis une trentaine d'années sont stupéfiants et sautent aux yeux, y compris au fin fond des campagnes. »

Les étrangers en Chine.
L'auteur souligne la méfiance naturelle des chinois envers l‘étranger. Pourtant les étrangers sont 800.000 en Chine, deux fois moins qu'en Ile de France…
« La politique zéro Covid a renforcé la méfiance des chinois envers les étrangers. (…) Durant ces trois ans (mars 2020 à janvier 2023), l'immense majorité des chinois ont été convaincus que le virus avait été amené par les étrangers. Résultat : entre les enfants d'expatriés non admis dans un parc de jeux, ou des chinois qui mettent précipitamment leur masque à la vue d'un étranger, la plupart d'entre nous avons été témoins de comportement de crainte, de méfiance ou d'hostilité à notre égard »
Il n'oublie pas le cas des journalistes. Chinois, ils sont au service du pouvoir. Étrangers, il est compliqué d'avoir un visa de séjour.

La population chinoise fait avec…
C'est une dictature dont les chinois, sans illusion sur le régime, s'accommodent
Car, paradoxalement, ils n'ont jamais eu autant de libertés : la liberté d'épouser qui ils veulent, la liberté de travailler et de vivre où ils veulent, la liberté de voyager. Ils se satisfont de cette vie d'autant plus que le régime se présente comme le gage de stabilité d'une vie plus facile. Avec les caméras à reconnaissance faciale, toutes les conditions sont réunies pour Big Brother mais ce n'est pas encore le cas actuellement : les chinois soucieux de leur stabilité économiques et sociale sont dociles et silencieux.
Mao gérait par le chaos, Xi Jinping gère par l'ordre absolu.

Où sont les femmes ?
Totalement absentes de la sphère politique. de toute façon, ceux qui entourent Xi Jinping font partie de son cercle restreint de connaissances.

« L'empereur rouge » et le temps…
« Il ne se contente pas de régenter le présent et de préparer l'avenir, il entend également maîtriser le passé. »
Une bonne partie de la population, et surtout les plus jeunes, ignore totalement le massacre de Tiananmen en juin 1989.
« Si les pékinois, témoins des manifestations ou des déplacements de troupe dans la capitale, sont plus ou moins au courant, ceux qui habitent en province confient souvent, avec réticence, qu'ils croient savoir que des manifestants ont tué des militaires ! »
Xi Jinping est en poste depuis mars 2013. Avant le 11 mars 2018, le pouvoir collectif des dirigeants s'exerçait sur une durée déterminée : 2 mandats de 5 ans. Y compris Mao. Avec l'arrivée de Xi Jinping, et sa modification unilatérale des mandants, le pouvoir est individuel et à durée indéterminée…
D'où l'inquiétude des élites chinoises.

Un conflit contre Taïwan ?
L'auteur ne pense pas qu'il y aura un conflit armé pour récupérer Taïwan. Déjà, car les chinois n'ont aucune envie d'aller se battre, ils sont trop contents de la stabilité de leur situation et de la sécurité qu'ils ont récupérées.
De plus, Xi Jinping n'est pas un « va t'en guerre ». A Hong Kong, la répression est féroce, elle est même devenue légale, mais il n'a pas envoyé les chars.
Autre raison : il est impossible de s'appuyer sur l'armée chinoise qui est un foyer de corruptions majeures.
Il est autoritaire, mais pas belliqueux.
Cela ne l'empêche de coloniser les ilots en mer du sud en toute violation des droits. Il s'appuie alors sur l'augmentation des effectifs de la marine.

La Chine, un pays « émergent » ?
Toujours aussi paradoxal et complexe, la Chine veut concurrencer les USA, c'est même son « challenge » essentiel, mais en même temps, elle souhaite rester du côté des pays émergents, avec un discours du type : « On est des opprimés comme vous, par les pays occidentaux. » Ce type de discours est particulièrement bien perçu en Afrique.

La Chine des villes et la Chine des campagnes
Les campagnes évoluent plus rapidement depuis 2018, mais cela demeure quand même « l'autre Chine » même si la lutte contre la grande pauvreté est effective.
L'écologie : bilan excellent et catastrophique…
Encore le même paradoxe : elle est la championne internationale de l'énergie renouvelable (voitures électriques, éoliens voltaïques) mais poursuit en même temps le culte du charbon : autant de centrales à charbons que les USA et l'Inde réunies.

Les minorités et la force de la propagande.
Les chinois insistent sur les attentats qu'ont commis Ouïghours et ne connaissent rien de l'étendue de la sinisation du gouvernement dans les provinces plus reculées.
Déjà, pour eux, « le Xinjiang est un monde à part. (…) On dirait des afghans… »
Pour le gouvernement, il s'agit d'assimiler, de gré ou de force, toutes les minorités au sein de « la grande nation chinoise. »

En conclusion :
Un livre facile à lire : le journaliste est pédagogue et il peut se lire en « picorant » les chapitres qui intéressent le plus le lecteur.

Merci à Babélio et aux éditions Taillandier pour cette ouverture sur une nation bien hermétique.


Lien : https://commelaplume.blogspo..
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J'avais candidaté pour recevoir ce livre à l'occasion d'une opération Masse Critique mais un autre m'a été attribué. Il a recroisé ma route lors de ma dernière incursion à la médiathèque... Cet essai ne correspond pas forcément à mon genre de lecture, cela m'oblige à sortir de ma zone de confort mais je suis curieuse et avide d'en apprendre plus sur ce pays émergent, d'autant plus depuis ma lecture de "La Femme au Dragon Rouge"...

Déjà, moi qui me sens un peu "à la ramasse" pour tous les discours géopolitiques, je n'ai pas été trop mise en difficulté. le propos est généralement très clair, la lecture m'a semblé assez fluide, d'autant que les chapitres (au nombre de trente), sont courts et synthétiques. Lu en 4 jours, à raison d'une cinquantaine de pages par jour. Donc en 4 jours, on devient un peu moins ignare! ;-)

Les chapitres couvrent différents domaines: les figures de Mao et Xi Jinping bien sûr, associées à l'omniprésence du Parti Communiste Chinois, le développement des campagnes, l'éducation, la place des femmes, la vision du mariage, le déplacement des personnes à l'intérieur du pays et hors du pays, la vision de l'étranger et de communautés chinoises... On a une vision vraiment large de tous les aspects du pays et j'ai trouvé cela TRES intéressant. Au point même que je lirais bien d'autres essais de ce type sur d'autres pays (étant en vacances sans être partie, j'ai néanmoins eu l'impression de voyager... pour moins cher! ;-))

Cet essai m'a poussée à changer certains clichés que j'avais en tête: je découvre ainsi que la Chine est de plus en plus verte, que la surveillance n'est pas si extrême que celle exposée par Rodrigues Dos Santos, que les Chinois ne sont pas complètement muselés... J'ai apprécié les petites anecdotes du quotidien auxquelles a été confronté Frédéric Lemaître au gré de ses rencontres, j'ai été surfer pour visionner certains incidents évoqués (comme la sortie forcée de Hu Jintao lors du congrès du PCC), j'ai lu avec intérêt la recontextualisation historique de certains faits (comme les relations ambigües de la Chine avec la Russie), j'ai été surprise de découvrir l'existence d'un passeport de mobilité au sein du pays ainsi que de l'intérêt de la Chine à rester classée dans les pays non développés...

Bref! Une lecture réellement enrichissante pour laquelle j'aurais même pu mettre plus d'étoiles si c'était ma tasse de thé... Merci Mr Lemaître!
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Je tiens d'abord à remercier Babelio et les éditions Tallandier pour m'avoir envoyé cet essai en Masse Critique.

Je ne connais vraiment pas grand chose à la Chine d'aujourd'hui, ni même à celle d'hier. Mais j'apprécie d'apprendre de nouvelles choses, même dans des domaines qui m'attirent peu au premier abord. C'est notamment le cas ici, n'étant pas fan de sujets politiques.

Et pourtant. J'ai lu cet essai avec intérêt, j'y ai appris énormément. Frédéric Lemaître aborde tout un tas de thématiques (politique, droits des individus, environnement, féminisme, culture etc) avec une facilité de transmission qui m'a embarqué. Correspondant pour le Monde à Pékin de 2018 à 2023, il nous raconte la Chine vu de l'intérieur, de ses yeux d'Européen mais aussi très souvent nuancé par des propos recueillis auprès de Chinois. le tout nous donne un livre très enrichissant qui, personnellement, m'a ouvert les yeux, et la citation suivante en illustre parfaitement le propos :

"Mais s'il y a bien une leçon que j'ai retenue de ces cinq ans, c'est qu'il faut se garder de tout lecture univoque de la Chine. Cette inquiétude que l'on ressent dans les conversations n'empêche pas le pays d'avancer. Certes, la croissance ralentit, le chômage des jeunes augmente et l'hypothèse d'une guerre autour de Taïwan inquiète. Mais la grande majorité des Chinois ont le sentiment -fondé - de vivre dans un pays qui s'est énormément modernisé, qui offre toujours de belles opportunités de carrière de fournit des services de base (éducation, santé, transports, mais aussi loisirs et espaces verts) qui n'ont plus rien à envier aux pays développés." (p. 279)

En bref, même si le sujet ne vous attire pas spécialement, vous serez surpris de prendre plaisir à découvrir la Chine telle que la connaissent les expatriés et les Chinois qui y vivent. Dans tous les cas, c'est une lecture que je vous recommande, ne serait-ce que pour un enrichissement culturel personnel.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
" Nous n’arrêtons pas de parler politique. Mais seulement de celle des pays étrangers " - me confia un jour une Chinoise en riant.

(page 117 ).
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Sa réalité est infiniment plus complexe que la phrase de Xi Jinping ( « le Parti dirige tout ») le laisse supposer. Non, le Parti Communiste ne dirige pas tout dans l’Empire du Milieu. Non la Chine n’est pas une vaste prison à ciel ouvert. Non, la censure n’a pas lobotisé les chinois. Si le pays doit faire face à d’immenses problèmes aussi bien politiques, économiques, démographiques qu’environnementaux, les progrès qu’il réalise depuis une trentaine d’années sont stupéfiants et sautent aux yeux, y compris au fin fond des campagnes.
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De fait, les propos du journaliste chinois le plus connu en Occident, Hu Xijin, ancien directeur du Global Times, ne sont pas suivis à la loupe parce qu'ils sont particulièrement intelligents, mais parce qu'ils sont supposés refléter ce que pense le pouvoir. Les journalistes chinois ne représentent que des porte-parole.
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Mais s'il y a bien une leçon que j'ai retenue de ces cinq ans, c'est qu'il faut se garder de tout lecture univoque de la Chine. Cette inquiétude que l'on ressent dans les conversations n'empêche pas le pays d'avancer. Certes, la croissance ralentit, le chômage des jeunes augmente et l'hypothèse d'une guerre autour de Taïwan inquiète. Mais la grande majorité des Chinois ont le sentiment -fondé - de vivre dans un pays qui s'est énormément modernisé, qui offre toujours de belles opportunités de carrière de fournit des services de base (éducation, santé, transports, mais aussi loisirs et espaces verts) qui n'ont plus rien à envier aux pays développés. (p. 279)
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