Robe de marié

Mes petits voisins peuvent vivre les fenêtres ouvertes. C'est comme ça qu'il y a deux jours, lorsque Sophie et son mari se sont retrouvés en fin de journée, je les ai vus faire l'amour. Je ne distinguais pas tout, hélas, mais c'était tout de même assez excitant. Mes tourtereaux ne semblent pas avoir beaucoup de tabous: on se suce, on se prend comme ci, comme ça, une belle jeunesse bien tonique. J'ai pris des photos. L'appareil numérique que j'ai acheté est parfait lui aussi. Je retravaille mes clichés sur mon petit PC portable et j'imprime les meilleurs, que j'épingle sur mon tableau de liège.

Le lendemain, elle a égaré une nouvelle fois sa voiture, et plein d'autres choses encore.
Pour elle, tout noter est peut-être une bonne solution mais « Je deviens scrupuleuse, parano..., écrit-elle. Je me surveille comme une ennemie ».


Sophie après ses pertes de mémoire

Frantz fait signe que c'est comme elle veut. Il dit : "C'est comme tu veux".

-Et...tu en fais quoi , de ce truc ? tu l'as donné à la police ?
- Non, papa. Je ne l'ai pas conservé. Je ne suis pas folle.

13 décembre
Pour préparer Noël, tout le monde cavale dans tous les sens et Sophie ne fait pas exception. Ce soir, achats à la FNAC. Un monde ! On se bouscule aux caisses, on pose son sac plastique pour payer, on se se chamaille avec le client d'après, on se prend les pieds ici et là...Du coup, quand on rentre chez soi, au lieu de trouver Swordfishtrombones de Tom Waits dans son sac, on trouve bien Tom Waits mais Blue Valentine, ce qui est idiot. Avec ça, on se rend compte qu'on a acheté Les enfants de minuit de S. Rushdie, on se demande pour qui, et comme on a perdu le ticket de caisse, allez donc vérifier...On se contente de noter ça dans son petit carnet.

Là, tout de suite, elle n'a pas d'explication à ce qui lui arrive. Il faudrait réfléchir, elle en est incapable. Sa pensée butte sans cesse sur le même constat : ce qui lui arrive est impossible.

Sophie reste de longues heures ainsi, à laisser rouler en elle des images de sa vie. Les larmes comme toujours coulent seules, sans elle, hors d'elle. Elle glisse vers des sommeils dont elle a peur.

Le net est un immense supermarché tenu par des assassins. On n'y trouve tout, armes, drogues, filles, enfants, absolument tout

Manifestement, la directrice de l’agence se pique de psychologie. Elle a posé les coudes sur son bureau, pris son menton entre ses mains et regarde fixement Sophie avec un sourire mi-compréhensif mi-douloureux, censé témoigner d’une grande fréquentation de la douleur humaine. Sans compter les honoraires.

cette oeuvre est juste incroyable. elle nous fait comprendre qu'on ne peut pas effacer son passé et quelque soit l'avenir elle va resurgir et fera peut être de dégâts