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EAN : 9782916136912
288 pages
Les éditions du Sonneur (24/09/2015)
3.64/5   11 notes
Résumé :
Margarine est la confession d’une baronne parisienne d’origine tchèque, devenue écrivaine. Sur son lit de mort, elle narre, d’une plume tant lucide que désabusée, son passé et dévoile son terrible secret, une jeunesse tragique qui la ronge : violée par son oncle, prostituée par la force d’un destin tragique pendant la Seconde Guerre mondiale, cette vieille femme désormais respectée de tous revient sur ses aveuglements, sur son ignorance, sur cet instinct de soumissi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'avoue qu'en lisant le quatrième de couverture, je me suis dit… « ça va être difficile ». On a comme ça de grandes réticentes ..., des petits réflexes, comme ça ...de survie.
Et puis parce que littérature, parce qu'écriture , parce que talent, parce que pertinence, parce que pour finir on doit lire de tout à condition que cela ne soit pas de n'importe qui...
C'est le premier roman de Guillaume Lemiale . « Margarine ». Et je l'ai dévoré. J'ai fondu.
Le ton, la patte Lemiale. Je ne sais pas ce qu'est le style - « le style », comme dirait un de mes profs , « le style qu'en t'as dit ça...t'es mort » - alors je ne parle pas de style..mais j'aime le talent, j'aime que les mots claquent, m'entrechoquent. me déplacent.
« Margarine » ça ne glisse pas, ça écorche. Ça effiloche le quant à soi. Ça vous triture le coeur drôlement. Comme une petite boite à musique posée sur des ruines.
Je me souviens d'un film que j'ai vu enfant . Un film de Louis Malle : «  Lacombe Julien ». A la maison on allait pas si souvent que cela au cinéma. C'est ma mère qui donner le signal. Elle avait des coups de génie ma mère, Les Mots pour le dire de José Pinheiro, ... « la vie devant soi » de Moshé Mizrahi… « les filles, ça fait réfléchir ! des films comme ça , ça fait réfléchir », elle nous disait ça. Par contre, quand un jour, elle s'est plantée de salle, et qu'avec ses deux petites princesses, elle, ma frangine et moi, et qu'on s'est retrouvé, par un après midi d'été pluvieux, devant Emmanuelle de Just Jaeckin, là... elle a rien dit maman. Elle a dit : « ça c'est tout moi ».
J'avoue que maman a toujours eu le sens de l'humour et l'intelligence du cinéma. Depuis ce temps là, j'essaie de trouver les mots pour le dire, le prénom de Rosa me fendra toujours le coeur, et les pluies d'été n'ont jamais cessé leur musique. C'est comme ça la vie..., comme le cinéma, et comme les livres. Ce n'est pas... incontournable, mais c'est essentiel.
Mais revenons à « Margarine », la nouvelle Madelon, version seconde guerre mondiale, version prostituée, camp d'entraînement de volontaires français engagés dans la Waffen SS, version mémoire d'une vieille baronne.
Et on l'aime cette vieille. Impertinente, survivante. Survivante à l'horreur, à l'inceste ,aux viols, aux macs, à la violence et aux faiblesses et à l'étroitesse des petits hommes. Survivante à son enfance, son adolescence.
Elle a survécu. A tout. Même à la perte de son amour, même à la perte de l'enfant.
On lui a crevé le coeur, transpercé le ventre, et elle survécu. Pour les emmerder, pour les emmerder tous, ces monstres, les gros, les petits. Son bras de fer : avec la mort, son bras d'honneur : aux pourris, aux assassins, aux menteurs, aux traîtres, aux lâches, aux méchants.
Oui, en lisant, on les aime , Tamara et cette vieille baronne.

Astrid Shriqui Garain
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Tamara est moribonde. Calcinés par des décennies de tabagisme, ses poumons arrivent à bout de souffle. Avant de mourir, la vieille baronne parisienne confesse, par écrit, le secret d'un amour qu'elle a éprouvé toute sa vie pour un homme qu'elle a connu plus de soixante ans auparavant. Elle revient sur son enfance misérable dans la campagne Tchécoslovaque, entre une tante mythomane et un oncle pervers, sa fuite à Prague dans l'espoir de retrouver sa mère, puis les mois de prostitution alors qu'elle n'est encore qu'une adolescente, d'abord dans des taudis sordides puis dans un camp d'entrainement de volontaires français engagés dans la Waffen SS.

En introduction, Tamara explique comment, arrivée à Paris juste après la guerre, seule et sans ressources, elle a séduit presque malgré elle un riche et noble banquier parisien d'une timidité maladive, dont le seul acte de révolte envers un père humiliant et intolérant fut de l'épouser. L'amour inconditionnel et désintéressé qu'il éprouvait pour elle ne s'est jamais démenti, alors que Tamara, bien que respectant profondément cet époux bon et fidèle, resta sa vie durant consumée par sa passion pour un soldat SS dont elle avait laissé le cadavre à Berlin.

Ce qui suit forme un contraste saisissant avec le confort et la richesse de son existence parisienne. Les souvenirs de jeunesse de Tamara convoquent un univers glauque, dangereux et violent, où elle a perdu son innocence bien trop tôt. Confrontée dès son plus jeune age à la bestialité de l'homme, elle a appris, pour survivre, à mettre sa dignité entre parenthèses, subissant avec une étrange passivité les pires abjections.

Le ton employé par l'octogénaire est d'emblée prenant. Elle s'exprime avec une clairvoyance cynique qui parvient à mêler poésie et crudité, élégance et gouaille. La profusion d'images et de jeux de mots donne à l'écriture un rythme enlevé, rend la lecture aisée, très évocatrice. La dimension irrévérencieuse, par moments populaire, du discours de la baronne, donne vie à son histoire. Elle a roulé sa bosse -et c'est un euphémisme-, elle est de celles à qui "on ne la fait pas", et porte sur la plupart de ses semblables un regard acéré et quelque peu amer. Elle n'est guère plus tendre avec elle-même, le bilan de sa vie se révélant finalement pitoyable. Hormis le droit qu'elle se donne de considérer le monde avec cette désillusion sarcastique, et le souvenir de cet amour bref et étrange, que lui a apporté l'existence ?

Malheureusement, j'ai trouvé qu'assez rapidement, le texte tournait à l'exercice de style. La redondance d'images parfois inappropriées (les nazis "adeptes de la parthénogenèse tels de vilains triops" m'ont laissé rêveuse un bon moment) ou superflues (je n'ai toujours pas compris par exemple pourquoi elle se sentait obligée de préciser, en mangeant des escargots, qu'ils "bavent trop pour ne rien dire") amoindrit la portée et la justesse du récit, et lui confère par moments une certaine lourdeur.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Au soir de sa vie, condamnée par un cancer qui la ronge, la Baronne Wirth écrit le roman de sa longue existence soumise au bon-vouloir des hommes et aux facéties de l'Histoire.
De la ferme misérable de son enfance en Tchécoslovaquie aux ors de la haute bourgeoisie parisienne, elle raconte un parcours qui trouve le sublime de l'amour fou dans le sordide des camps de Waffen SS.
Elle est sympathique, cette baronne qui se nommait Margarine dans sa jeunesse ! Elle ne se lamente pas sur son sort mais le considère avec une distance teintée d'autodérision et d'humour, politesse qui permet de supporter l'insoutenable.

Au-delà de son histoire singulière, elle pose subtilement la question de la soumission, de toutes les soumissions et, par contraste, celle de la rébellion. Son franc-parler apporte beaucoup de saveur à ce premier roman extrêmement prometteur.
Un regret, toutefois, les erreurs d'édition (de correction ?) qui troublent une lecture par ailleurs très réjouissante.
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Roman à la fois historique et philosophique qui se lit de manière très agréable.
Écriture très fouillée. Parfois un peu de trop, ce qui rend certaines descriptions un peu lourdes.
De très nombreuses phrases dignes de figurer dans les dictionnaires de citations.
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L'auteur nous propulse au choeurs d'un chaos déclaré : la guerre
A cette fin de lecture, je m'interroge : qui est donc cet homme qui se targue d'être l'être supérieur sur notre terre?
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ma nuit a mis fin à ses jours, elle s’est suicidée. S’immisçant à travers mes voilures, un pâle rayon de lumière pointe déjà, telle une promesse d’un renouveau. Mais la vie ment. Elle nous fait croire à chaque aube, à chaque printemps, que les choses sont immuables, que tout perdurera. 1.2.3.4. Mes jours sont comptés. Un de plus commence. Combien m’en reste-t-il ? J’ai mal à l’intérieur, j’ai peur de partout. C’est l’heure de ma crise de panique quotidienne. On a beau savoir qu’on lui survivra, elle nous tue bien quand même ! Mon cœur devenu fou, semblable à une pelote de chistera, rebondit aux quatre coins de ma cage thoracique. Ma conscience se fait animal, se soustrait à la pensée, à l’être même. Je suis effrayée d’avoir si peur. Dehors les gens vivent, pleurent, rient, insouciant, j’attends…
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« Tenez le vous pour dit, en ce monde à part la connerie rien n'est gratuit. Quitte à être prise par un mâle autant en tirer quelque chose. Je n'en veux pas aux hommes d'être des hommes c'est leur fonction, la mienne est ailleurs. »
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J'étais donc un résidu de petits têtards, semblable à ceux qui tachaient la couverture? Si certains ne sont pas nés de la dernière pluie, j'étais née d'une cuite, d'une dernière goutte. Il me faudrait à jamais changer ma manière de me présenter à moi-même ainsi qu'au monde :"Bonjour, je m'appelle Tamara, je suis une fille de pute, un accident du travail...
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Video de Guillaume Lemiale (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume Lemiale
À l'occasion du Salon du Livre de Paris 2015, Eric Fottorino nous présente le Concours du 1er Roman de la Revue le 1. Interviews de Valérie Millet, éditions du Sonneur et de Guillaume Lemiale, auteur de Margarine.
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