Un livre qui fait parti d'une collection d'ouvrages très bien documentée et très bien réalisée. Riche en tableaux et graphiques qui illustrent les propos de l'auteur, cette collection permet d'appréhender de façon complète un thème souvent vaste. Les livres sont facile à lire, très clairs et malgré tout très complets.
En ce qui concerne cet ouvrage sur le nucléaire dans le monde, on ressort de sa lecture profondément soucieux ; Soucieux d'une énergie fondée sur des idées fausses et des mensonges.
On ne peut que être choqué par les infos distillées dans ce livre (aller voir les citations, elles sont très explicites !) qui font froid dans le dos : un lobby très puissant, des dangers sous estimés, des coûts faramineux de construction, d'exploitation et de démantèlements ... en somme une industrie qui, malgré ses nombreux points négatifs, continue à se développer dans le monde au mépris de la logique et alors que les énergies renouvelables deviennent plus compétitives.
La France ne fait pas exception, au contraire, rassemble presque toutes les dérives de cette industrie avec une catastrophe qui nous pend au nez.
Un livre donc qui dénonce mais qui donne des solutions, ou plutôt prouve que les solutions existe pour sortir du nucléaire ou en tout cas dans un premiers de sortir de la dépendance au nucléaire.
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Le choix du site était lui-même une gageure : risques sismiques majeurs à moins de 60 km (le tremblement de terre de la ville de Bâle de 1356 reste gravé dans l’histoire), population très dense à moins de 100 km de Strasbourg, à proximité de la Suisse et de l’Allemagne, le site est également au-dessus de la plus grande nappe phréatique qui alimente en eau potable tout le pays rhénan.
Tout ceci n’a pas empêché le choix du site de Fessenheim et la construction d’une centrale à eau pressurisée (PWR), la première du genre en France, qui n’est dotée d’aucune tour de refroidissement et qui ne possède qu’une seule enceinte de confinement alors que les centrales plus récentes en ont deux. Enfin, une dalle de béton appelée radier, extrêmement fine, puisqu’elle ne fait qu’1,5 mètre d’épaisseur contre 3 ou 4 mètres pour les autres centrales en France et 8 mètres à Fukushima.
Elle repose pourtant sur un pari technique extrêmement incertain : penser que les réacteurs peuvent fonctionner de nombreuses années au-delà de ce qui a été prévu à leur conception. Ce pari ne s’appuie actuellement sur aucun retour d’expérience. Alors que l’on considère que les réacteurs ont généralement été conçus pour une durée de vie variant selon les modèles et les pays de 30 à 40 ans, les exploitants visent des objectifs d’extension jusqu’à 50 ou 60 ans, et évoquent même pour certains une prolongation jusqu’à 80 ans. Pourtant, seule une faible minorité de réacteurs du parc nucléaire mondial a dépassé 40 ans, et aucun n’a jamais fonctionné jusqu’à 50 ans. Les risques sont donc délibérément pris par soucis de rentabilité économique au détriment des conséquences désastreuses des accidents nucléaires et sans que jamais l’avis des populations ne soit requis.
L’Etat assure aussi gratuitement une partie du risque « responsabilité civile » en cas d’accident nucléaire : du fait de la responsabilité limitée des opérateurs nucléaires, c’est à l’Etat qu’il reviendrait de compenser les dommages directs et indirects d’un éventuel accident grave.
[…]
... les dommages directs aux biens, aux infrastructures et à la santé des individus, mais aussi et surtout les dommages indirects comme l’impact sur l’économie du pays : désorganisation, stress de la population, image dégradée du pays... Le pays serait durablement et fortement traumatisé, l’Union européenne serait affectée, et l’histoire garderait longtemps la mémoire de la catastrophe.
Quand, en 1974, le plan Messmer prévoit la construction de plusieurs dizaines de réacteurs, la décision est prise au niveau gouvernemental, sans consultation de l’Assemblée nationale ou de l’opinion publique.
En 2004, le gouvernement Raffarin annonce la construction d’un EPR à Flamanville avant même qu’un débat public ne soit organisé. Le décret autorisant EDF à construire l’EPR est publié juste avant la présidentielle. Lors du Grenelle de l’environnement, Nicolas Sarkozy exclut d’emblée la question nucléaire des débats. En janvier 2009, il annonce la création d’un deuxième EPR (à Penly, près de Dieppe), là encore, sans aucune concertation.
Il est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité.
ALBERT EINSTEIN
Faut-il laisser le pétrole sous nos pieds - Rencontre du progrès 2019