Le cinquième centenaire [de la découverte de l'Amérique], au siècle d'une histoire scientifique et d'une ethnologie se dégageant de l'eurocentrisme, allait-il être celui du dépassement des travestissements divers de Colomb ? Ç'aurait été compter sans de nouveaux affrontements idéologiques : l'apparition d'un anticolonialisme gauchiste brouillon entraîna un débat de sourds avec les tenants cyniques de l'apologie des impérialismes et, entre eux, la négligence du sans-gêne médiatique. Compter aussi sans la spécialisation des disciplines qui conduisait chaque maître dans l'une ou l'autre à ne rien voir au-delà de ses frontières, et à tout ramener à son pré carré. [...]
Il n'a pas manqué, cependant, d'historiens sérieux pour éclairer nombre de zones restées obscures de l'époque et de ses personnages, dont Colomb lui-même. Mais il s'agit presque toujours des auteurs les moins médiatiques, et souvent en des travaux qui s'en sont tenus à des aspects limités. Nous leur rendrons l'hommage auquel ils ont droit tout au long de ce volume qui tend à mettre de l'ordre dans le chaos dominant, en reprenant les uns après les autres les mythes coriaces, légendes pieuses, interprétations incompétentes, ignorances assurées, faux problèmes, voire stupidités [...]