Il est où le patron ?

Jo vient de terminer ses études et est sur le point de reprendre la ferme caprine de Georges. Elle se rend à son premier marché accompagnée de celui-ci où elle fait connaissance avec ses deux voisines de stand, Coline qui fait du fromage de brebis et Anouk qui est apicultrice.
C'est la rencontre, l'amitié et la voix de ces trois jeunes paysannes combatives et passionnées que nous allons suivre sur une année dans cet album, année rythmée par les quatre saisons. Un dessin pleine page inaugure chacune d'elles, représentant la même femme âgée assise sur un banc placé sous un arbre, ses vêtements et la parure de l'arbre s'adaptant à la saison évoquée. Ce n'est qu'à la dernière, l'hiver, que la dame va se lever, prenant appui sur sa canne, et surprendre extraordinairement tout le monde, sacrée Odette !
Réflexions sexistes et attitudes patriarcales sont le quotidien de ces jeunes femmes.
Le titre de l'album « Il est où le patron ? », cette question souvent posée et tellement réductrice pour celles qui, comme Coline, sont associées à leur mari dans l'exploitation et travaillent donc autant que lui quand ce n'est pas davantage…, reflète parfaitement le machisme auquel se heurtent les femmes devenues invisibles dans le milieu agricole, notamment.
Mais nos trois féministes sont bien décidées à se débrouiller toutes seules, à faire valoir leur savoir-faire, et à affronter les situations difficiles, même si elles doivent faire face souvent à des scènes lourdes pour ne pas dire humiliantes.
Ce sont cinq paysannes, quatre originaires d'Ardèche et une du Briançonnais qui ont fondé le collectif Les paysannes en polaire et ont décidé avec l'aide de la dessinatrice Maud Bénézit de raconter leur quotidien à la ferme et la réalité de leurs vies de femmes paysannes dans une bande dessinée, voulant briser les clichés machistes et sexistes du monde agricole, clichés qui ont la dent dure.
C'est donc essentiellement du vécu que raconte ce roman graphique dans lequel les auteures ont décidé de partager différentes anecdotes et scènes de vie, des histoires vraies toujours, qui peuvent être drôles parfois. Les situations évoquées sont toujours d'une grande justesse.
Les dessins sont assez naïfs et simples, peu de couleur, tout est en gris bleuté, hormis quelques détails, notamment les cheveux, mais j'ai apprécié que les personnages soient parfaitement identifiables.
On comprend combien il est compliqué pour ces femmes, vivant isolées sur leurs fermes de faire entendre leur voix. La conception de cette BD féministe, paysanne et collective, écrite à douze mains, si elle s'est révélée passionnante pour elles, nous permet de prendre plus amplement conscience du chemin qu'il reste à faire pour une véritable parité…
J'ai beaucoup aimé dans cette bande dessinée la volonté qu'ont ces femmes pour réagir face à ces situations de sexisme et comment en en discutant entre elles, en réfléchissant, elles réussissent à trouver des voies d'émancipation, notamment collectives.
Bien que le métier soit difficile, le combat que mènent ces jeunes femmes, l'entraide et la solidarité dont elles font preuve, montrent combien elles l'aiment.
Ce qui ressort de cette lecture, c'est bien évidemment cette lutte contre toute forme de sexisme et de machisme, cette mise à bas des préjugés concernant les femmes et d'un système qui les opprime.
Mais cette bande dessinée féministe dévoile également et exprime la formidable joie de vivre de ces paysannes et le bel amour et respect qu'elles portent à la nature et aux animaux.
Il est où le patron ?, chronique de paysannes est un album à la fois fort et singulier !
À noter ce bel hommage à la si grande Anne Sylvestre qui, avec sa chanson Bergère, ouvre et ferme cette histoire !
En annexe, L'envers du décor, pour le plus grand plaisir du lecteur, retrace en images toujours, les étapes qui ont jalonné et rythmé pendant plus de trois ans, l'aventure collective qu'a été la réalisation de ce roman graphique.
Je remercie Lecteurs.com et Marabulles pour la découverte de cet album magnifique.
Sur 31 albums éligibles, Il est où le patron ? fait partie des 6 BD finalistes du Prix BD Lecteurs.com 2022, ce n'est pas un hasard…

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Elles se nomment Carabelle, Bella ou Marguerite... Ah non, ce ne sont pas des vaches, ces jeunes agricultrices s'appellent Jo, Anouk ou Coline...
Je fais du sexisme ordinaire comme cet agriculteur ( à l'oeil bovin) qui dit:
-"Il faut des couilles pour investir !"


De tous temps, les exploitations agricoles se transmettent de père en fils.
J'ai récupéré l'affaire familiale : 200 hectares, 120 bovins, 5 tracteurs (dont un vrai boeuf?)
Une femme patronne, ce serait la fin des haricots?


-"Il est où le patron ?"
Ce sont des femmes (de belles plantes :) qui ne font pas de salades, en acceptant un travail difficile, en tant qu'apicultrice, éleveuse de caprins ou de brebis laitières, etc...
- "Maigre comme vous êtes, vous allez en baver, à la ménopause."
On ménage la chèvre et le chou? Mais, ça va aller de mal en pis...


Entre sexisme, grossièretés et autres "gentillesses", ces femmes courageuses vont tenir seules, sans homme, leur exploitation.
-"J'embauche que des filles. Elles sont plus délicates, minutieuses, dociles! Et c'est plus agréable, comme compagnie, hé hé.
L'homme aime à flatter le cul des vaches...
-" Et ça fait longtemps que j'ai pas vidé mes bourses pour autre chose, que les... impôts !"


Ou alors, il y a:
- "Bon, mes yaourts ne prennent pas. T'as pas tes règles, par hasard ?"


Et bientôt, "L'amour est dans le pré" avec Karine le Marchand, afin de trouver un compagnon, à ces célibattantes? Ah non, elles ont déjà un chien...


"Quelle est le comble pour une agricultrice? C'est faire chou blanc !" Steve Deleris.

Le monde agricole est un monde très masculin et les femmes ont bien du mal à y trouver leur place.
Soit elles sont considérées comme les compagnes des vrais agriculteurs, à savoir leurs époux, leurs pères ou leurs frères, soit on trouve sympathique qu'elles veuillent travailler dans ce milieu, mais tout en estimant que c'est seulement un passe-temps car elles n'ont surement pas les capacités d'assurer un travail aussi exigeant physiquement.
Après tout, elles peuvent bien donner un coup de main à leurs hommes, mais leur place est quand même auprès des enfants, ou alors à la rigueur, elles peuvent faire tourner une petite boutique de vente à la ferme ou organiser de gentilles visites pédagogiques avec des scolaires ou des touristes.
Trois agricultrices, de celles qui se lèvent tôt et sont complètement autonomes dans leur travail, nous racontent leur quotidien.
Qu'elles élèvent des chèvres, des brebis ou s'occupent de ruches, elles ont toutes en commun d'avoir voulu se lancer à fond dans leur métier, un métier qu'elles ont choisi par passion, au détriment parfois de leurs vies privées, luttant contre les remarques sexistes à longueur de temps et assumant toutes les taches inhérentes à ces professions encore considérées comme très masculines.
Un témoignage passionnant, drôle par moment et très instructif.

Pas facile quand on est jeune de devenir agriculteur, mais encore moins facile quand, en plus, on est une femme !
Maud Benezit dessine avec malice et tendresse le quotidien de trois jeunes femmes qui ont fait ce choix.
Élever des abeilles est une passion pour Anouk.
Joséphine travaille avec Georges et reprend sa ferme à son départ à la retraite.
Coline est en GAEC avec son mari, ils élèvent des brebis et font du fromage.
Toutes les trois adorent ce qu'elles font, mais le regard des autres sur leur travail est souvent étonné, voire moqueur ou carrément machiste et blessant (le fameux « il est où le patron ? »!)
Ensemble elles vont essayer de trouver des nouveaux modes de fonctionnement, en privilégiant l'entraide pour garder la motivation et aussi pour pallier aux difficultés physiques (c'est lourd des ruches...)

Le graphisme naïf, noir et blanc avec quelques couleurs pastel, retranscrit bien la passion qui anime ces trois jeunes femmes, la solidarité qu'elles développent, et le bonheur qu'elles ont à exercer leur métier (sur les marchés de petits producteurs, on voit de plus en plus de jeunes femmes)
Un album à lire et à offrir autour de soi !

Les "paysannes en colère", c'est un groupe de cinq agricultrices aidées d'une dessinatrice qui ont décidé de faire une B.D. pour dénoncer les injustices sexistes qu'elles subissent en permanence dans l'exercice de leur métier.

C'est un témoignage détaillé du travail des exploitants agricoles et plus particulièrement du quotidien des femmes qui, en plus des difficultés inhérentes à leur métier, doivent supporter le sexisme généralisé. Derrière l'humour, on sent l'exaspération de ces femmes qu'on ne prend pas assez au sérieux...

Cependant, le côté ultra-féministe de la B.D. m'a mise un peu mal à l'aise. le récit est trop militant à mon goût, au point que j'ai trouvé les héroïnes presque agressives parfois ; et surtout il n'y a rien pour montrer qu'il y a quand même peut-être quelques exceptions, quelques signes d'amélioration, etc.

C'est un livre nécessaire, malheureusement...