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EAN : 9782226076243
778 pages
Albin Michel (07/02/1995)
3.93/5   7 notes
Résumé :
La thèse de Maurice Lévy reste l'ouvrage de référence sur le roman gothique anglais vingt-huit ans après sa première édition. Doté d'une nouvelle préface où l'auteur (né en 1929) fait le point sur l'utilisation abusive du terme gothique par la critique américaine, ce beau produit de l'Université est accessible dans sa majestueuse ventripotence à un prix très abordable.
Maurice Lévy analyse le phénomène gothique à partir de ses fondateurs Walpole, Mathurin "le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai acheté ce pavé de 700 pages environ cet été mais, jusqu'à ces jours derniers, je n'avais pas encore été tentée de le lire jusqu'au bout. C'est fait cependant et, si l'ouvrage n'est pas d'un style particulièrement emballant, il se révèle une véritable petite mine pour les aficionados du roman gothique, genre qui préfigure les grands succès d'épouvante et d'horreur du XXème siècle.

Lévy évoque tout d'abord Horace Walpole, auteur de l'immortel "Château d'Otrante", devenu quasi illisible aujourd'hui sauf pour les fans et les chercheurs. C'est le seul roman de son auteur. Paru en 1764, il donna le branle de la vogue gothique qui allait submerger l'Europe jusqu'au tout début du XIXème siècle, où le "Frankenstein" de Mary Shelley en sonnera paradoxalement le glas.

Mais les parties les plus intéressantes de cette histoire du roman gothique sont incontestablement celles que Lévy consacre à Matthew Gregory Lewis, auteur du "Moine" et bien entendu à Charles Maturin, pasteur protestant irlandais qui allait produire ce chef-d'oeuvre du gothique littéraire qu'est "Melmoth ou l'Homme Errant."

L'analyse du "Moine" y souligne une fois de plus l'étrange emmêlement du sadisme, de la nécrophilie et du gothique : les châteaux, les couvents et les caveaux qui parsèment l'oeuvre du Divin Marquis sont bel et bien les jumeaux de ces constructions noires et désertées où errent les spectres du gothique anglais. Un peu plus de puritanisme cependant, anglicanisme oblige. Au demeurant, on ne peut que sourire devant les libertés que ces anti-papistes convaincus prennent avec, par exemple, le secret de la confession, les horaires habituels au rituel catholique, etc, etc ... La fascination des ors et des pompes vaticanes est encore bien présente au pays d'Elisabeth Iere. Laughing

Si l'on est un peu déçu par la personnalité geignarde qui fut celle du révérend Charles Maturin, cette histoire du gothique ne peut en revanche qu'inciter à lire et relire son "Melmoth." Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Oscar Wilde en exil prit plus tard le pseudonyme de Sébastien Melmoth (le prénom peut-être en hommage à St Sébastien percé de flêches, une "icône gay" comme nous dirions aujourd'hui et le nom saluant sans équivoque ce damné magnifique qu'est le Melmoth de Mathurin.) ;o)
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Je n'ai rien à ajouter. L'analyse de Woland est excellente.
Je reviendrais simplement sur le contexte historique et culturel qui donna au roman gothique anglais cette patine qui renaît aujourd'hui à travers le roman fantastique.
Entre 1642 et 1651 a eu lieu une guerre civile anglaise, qui conduisit en 1660 à la restauration de la Monarchie constitutionnelle. La réforme protestante ruine le pouvoir de l'église catholique romaine. Elisabeth 1re est la souveraine de l'église anglicane.
Naît en Europe, le siècle des Lumières (1715-1789). A l'obscurantisme et à la superstition, se développent la philosophie et les sciences. Ce siècle transforme les sensibilités et les mentalités. Il symbolise aussi la fin de la tyrannie religieuse et du despotisme féodal.
Le roman gothique anglais se nourrit aux sources de la littérature romantique, de l'architecture médiévale. Ce mouvement littéraire apparaît à la fin du XVIIIème siècle en Allemagne. L'art comme la peinture est aussi alimenté par tous ces bouleversements.
L'époque victorienne où les doctrines de Darwin surgissent, affaiblit le roman gothique anglais qui disparaît dans sa forme.
Cette étude très documentée transmet une envie d'en savoir plus sur ces romans et sur l'histoire européenne. Merci à Maurice Lévy.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'âme féminine, plus facile à s'inquiéter, plus prompte peut-être à s'émouvoir, répond plus spontanément aux sollicitations de ces austères architectures : voilà qui expliquera peut-être qu'Anne Radcliffe soit si nettement supérieure à ses imitateurs masculins, et peut-être à Lewis lui-même, quand il s'agit de transcrire, avec des vibrations dans l’âme, les inquiétants mystères et la solennelle présence d'une demeure médiévale.
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Si Melmoth est cet "admirable emblème" de la condition humaine qui étonnait Baudelaire, c'est parce qu'il représente l'ultime incarnation des valeurs qu'avaient fragmentairement et imparfaitement portées avant lui Orazio, Connal et Bertram. Du premier, encore mal affranchi des pesantes servitudes de la fiction germanique, il a les manières théâtrales d'apparaître et de forcer les murailles ; du second, il a hérité la farouche intransigeance et le sens désespéré de l'absolu ; au troisième il doit enfin son acharnement tragique à se perdre. Mieux que tous, il incarne le type du héros maudit et du réprouvé.
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"Le merveilleux n'est pas le même à toutes les époques. Il participe obscurément d'une sorte de révélation générale dont le détail seul nous parvient. Ce sont les ruines romantiques, le mannequin moderne, ou tout autre symbole propre à remuer la sensibilité humaine durant un temps."
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