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sur 1046 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais découvert ce livre à l'âge de 14 ans, acheté par hasard sur une aire d'autoroute. A l'époque, il m'avait beaucoup marquée et j'avais adoré le style fluide de l'auteur. C'est en observant l'intérieur de la couverture que j'ai découvert qu'il s'agissait d'une autofiction et que la méchante Paula était Carla B. J'avoue ne plus jamais avoir vu cette dernière de la même façon, après la lecture de cet ouvrage.

Aujourd'hui après en avoir parlé à mes élèves dans le cadre du récit de vie, je l'ai relu... Alors, que dire?

Louise, alias Justine Lévy, vit le parfait amour avec Adrien. Ils sont des siamois, des doubles, c'est un amour jeune, un amour de jeunesse qui se croit supérieur à tout, prêt à affronter tout et tout renverser sur son passage. Jamais l'un sans l'autre, à deux sur le répondeur à faire des grimaces, ils s'aiment. Un jour, il la quitte pour Terminator, la méchante Paula, la compagne de son père, celle dont il se moquait en cachette avec Louise, parce qu'elle avait le visage figé, parce que c'était une croqueuse d'hommes au regard terrible. Et là, c'est l'univers de Louise qui vole en éclats.

Le livre s'ouvre sur l'enterrement de la grand-mère de Louise. Elle est paumée, n'arrive pas à pleurer la disparition de cette femme avec laquelle elle était très liée, avec qui elle a grandi; parce que son chagrin d'amour l'a complètement anesthésiée. Elle va à l'enterrement dans sa grand-mère en jean. Elle est tellement malheureuse, tellement vidée, anéantie qu'il n'y a plus de place dans son coeur pour d'autre douleur que cette rupture.

Le style de Justine Lévy est travaillé à la virgule près, et dessine des pensées en arborescence, comme cela pourrait se passer dans la tête de n'importe qui. On roule sur les mots, on glisse sur les répétitions sans sentiment de redondance, parce que le texte vit. On vibre. On s'attache telle à Louise, à son hypersensibilité, à sa façon de plonger dans la douleur à fond, parce qu'après le Grand Amour, que reste-t-il, quand on se sent dépossédé de soi-même, quand on a l'impression de tomber d'un précipice sans jamais arriver à la fin, quand on n'a plus pensé par soi-même depuis qu'on aime et qu'on doit ré apprendre à avoir ses propres goûts, à ne pas avoir peur de retomber amoureuse?

Louise est juste, et je me suis énormément retrouvée en elle. Cette sensibilité, cette façon d'aimer, cette fragilité et en même temps cette force. J'ai pu lire quelques critiques assassines expliquant que Justine Lévy ne parlait que de propos et problème de pauvre petite fille riche... Comme si, lorsqu'on était la fille de personne connue, on n'avait pas le droit d'être anéantie, comme si, de par la renommée d'un papa, on n'avait pas le droit d'être triste, d'avoir des problèmes, des envies de mourir, de s'anesthésier la vie, d'arrêter de penser. Ces critiques sont foncièrement injustes. Je ne sais pas ce qui est romancé ou pas dans cette histoire, mais la subtilité de chaque tournure de phrase démontre une expérience certaine, une douleur cuisante à l'époque, et ce que relate Justine Lévy avec autant de sincérité, n'est pas lié à un milieu social, à une renommée (supposée injuste parce que fille de...). C'est un thème universel que celui de l'amour bafoué. Ce n'est pas un caprice de riche que d'être trompée, devoir avorter parce que son fiancé prétend être fertile alors que ce n'est pas le cas. Ce ne sont pas que pleurnicherie que de vivre avec une maman qu'on trouve solaire, magnifique, parfaite, mais qui n'a pas toujours être présente, faute d'addiction et de la voir porter une perruque parce qu'elle est atteinte d'un cancer. Tout ce dont parle l'auteur pourrait arriver à n'importe qui. Elle en parle avec une volubilité dans l'écriture, caractéristique des personnes timides qui enfin se lâchent et laissent les mots prendre leur contrôle.

Vous l'aurez compris, je me suis attachée à Louise, j'ai pris un plaisir non dissimulé à naviguer dans son écriture, j'ai eu mal pour elle, j'ai eu beaucoup de peine. Mais il y a du soleil à la fin du tunnel...

Je recommande sincèrement!

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Le style est particulier, un peu familier avec des phrases longues et peu de ponctuation. On a l'impression que les mots sont jetés sur le papier, les phrases sont écrites sans reprendre son souffle, et qu'au final, le livre a été écrit d'une traite sans réel fil conducteur. Une rupture, oui, une rupture difficile, on passe avant, après dans des chapitres courts qui correspondent à un instant donné de sa vie sans trop suivre de chronologie ou de thème. Il n'y a cependant pas d'apitoiement ou de larmoiement dans tout son ressenti, on assiste plutôt à un état des lieux lucide.

Les relations avec ses parents, pas si facile que ca, et surtout avec son ex-mari sont le centre du roman. On en apprend plus sur cet homme qu'elle a rencontré (trop ?) jeune et avec qui elle avait une relation fusionnelle mais surtout non épanouie et à ses dépends avec sa volonté de se conformer aux souhaits des autres, sa difficulté à se faire sa propre opinion, et à faire valoir ses gouts. On retrouve cette impression que l'accumulation de petites choses a fait péricliter leur mariage. Les personnages ne sont ni noir ni blanc, sauf peut être Adrien, celui qui a entraîné toute cette souffrance et cette incompréhension et à qui elle adresse beaucoup de reproches. J'ai eu l'impression que Paula apparait plutôt comme élément révélateur d'un mal être global et d'une relation de couple pas aussi parfaite que ce qu'elle croyait.

On sent dans l'écriture les symptômes de la dépression avec cette difficulté à se lever, cette impression de coquille vide, et on assiste à sa très progressive reconstruction, à ses questionnements, comment ai-je pu tolérer certaines situations ou ne rien voir de ce qui se passait…

J'ai particulièrement été touché par toute la partie sur ses addictions aux médicaments, les circonstances de début, les obstacles à l'arrêt et les reproches non cachés à son entourage qui n'a rien vu ou voulu voir. J'ai aussi été marqué par toute la partie où elle parle de sa grossesse, qui est initialement juste évoquée par bribes puis plus développé avec finesse. On ressent sa souffrance, ses regrets mais aussi son cheminement vers l'acceptation.

Au total : Un style d'écriture assez particulier qui porte une vraie souffrance. Un livre qui va surement me rester un bon moment en mémoire...
Lien : http://biblioroz.blogspot.co..
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Dans ce livre Justine Levy, par le biais de Louise, son alter égo littéraire, gratte ses souffrances
Elle doit faire face à deux douleurs, la mort de sa grand-mère et un chagrin d'amour. La rupture amoureuse est très difficile mais aussi très humiliante, elle la laisse dévastée.
Elle exprime avec justesse le vide laissé par l'abandon de l'être aimé mais elle sait aussi se remettre en question avec une lucidité pleine d'humour, elle n'épargne personne mais surtout pas elle même.
C'est le récit d'une lente descente aux enfers suivie d'une lente remontée vers la lumière avec l'espoir d'un nouvel amour.

Le style est direct et dur, l'écriture émouvante et juste.
Livre dur, triste et émouvant
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J'ai lu ce livre comme la courte histoire d'une anonyme qui parle très justement de la douleur de la rupture amoureuse et des autres relations avec les membres de sa famille. Un texte très intimiste, comme on écouterait une amie nous parler. le temps fait lentement sa thérapie et l'évolution de Louise se lit au fil du récit, grâce à lui elle réapprendra à aimer.
...
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Très beau témoignage d'une femme blessée, bafouée qui se reconstruit pas à pas pour conclure par "Rien de grave".
Je dois avouer que je n'ai jamais eu d'atomes crochus pour Carla Bruni. Après ce roman, je dois dire que cela a confirmé mon sentiment pour cette beauté un brin trop glacée.
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J'ai beaucoup aimé !! J'aime ce style d'écriture ou tout est livré à brûle pourpoint !
Si j'écrivais un roman j'aurais ce style d'écriture, un style fluide où l'on suit le cours de sa pensée en se livrant.
J'ai donc fait ma curieuse parce que c'est un roman certes mais... en vrai c'est un témoignage à peine romancé c'est quand même "la" Carla Bruni qui lui a piqué son mari !! Quelle dinde celle là !!
Extrait : "C'est une méchante ta Paula (dans le livre elle s'appelle comme ça !). Je te l'ai dit, ce jour là, au café. Je t'ai même ditc'est une salope, une vraie fouteuse de merde, une qui chie dans les ventilateurs et qui regarde l'effet que ça fait."

"Ca l'amusait que je sois jalouse. Il me disait mais mon amour, c'est ma belle-mère (oui parce qu'avant de piquer le mari de Justine Levy elle sortait avec le papa du dit-mari !), tu vas pas être jalouse de ma belle-mère ! Ca me faisait rire, mais quand même j'étais jalouse, je trouvais qu'elle faisait trop la coquette, elle était avec son père mais je l'avais vue, à la plage, au café, à table, faire l'intéressante et l'innocente,minauder, draguer tous les hommes du paysage, oh comme vous êtes passionnant, ah comme vous êtes séduisant, je la trouvais belle et dangereuse avec ce visage immobile, comme sculpté dans la cire, quand elle souriait elle avait une sorte de déplacement des os qui découvrait ses dents, toutes pareilles, taillées pareilles, je la trouvais belle et bionique, avec un regard de tueuse. ( On la reconnait bien hein !) ;)
Bon ça fait très people comme sujet mais pour moi c'est drôlement bien écrit !


Lien : http://evasionbook.skyrock.c..
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Je donne 5/5 à Justine Lévy. Elle écrit avec un style déroutant, inhabituel. Un style à limite du "parlé/écrit" en tout cas, j'ai adoré!
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Lecture coup de poing dans ta face. KO au premier round. J'ai encore du mal à trouver les mots, tant ce Rien de grave est un #livre comme j'aime tant les lire, un livre comme j'aimerai tant écrire. J'ai voulu tout occulter. La petite fille riche à son papa, BHL, Carla Bruni, et le tréma qui l'ensorcele dans le prénom de Raphaël, les comptes à rendre ou déjà rendus, le linge brûlé en place publique, les affaires privées qui ne le sont plus pour personne. J'ai voulu prendre ce livre pour une #fiction, pour l'histoire vieille comme le monde d'une rupture entre un homme et une femme. J'ai longtemps hésité à le lire, tant le contexte m'oppressait. Et puis, va savoir pourquoi, il m'a fait un clin d'oeil dans ma #PAL ce matin. le temps était venu. Et bam.

Un style à la fois fébrile et insidieux, tendre et incisif. Parfaitement juste. Glacial. Comme si les mots se bousculaient les uns les autres, s'entrechoquaient dans le bruit mat d'un uppercut sur la joue droite. Bam. C'est écrit comme je te parle, sans beaucoup de ponctuation, sans respiration, te forçant parfois à relire le paragraphe pour être sûr d'avoir bien lu, d'avoir bien compris, et puis de laisser le temps au poison de trouver son chemin. Comme le Chanson Douce de Leïla Slimani (oui, je sais, je la cite souvent, mais je crois bien qu'elle a bouleversé ma vie, que voulez-vous), ce #roman laisse son empreinte dans ma tête et sur mes lèvres et sur ma peau. A peine 200 pages et te voilà le cerveau retourné et les pensées en vrac, et cette boule dans ton ventre qui grossit, grossit, qui te rappelle une nouvelle fois que tu dois l'en sortir, t'en sortir à tout prix. Un livre qui dit Toi aussi, prends ton clavier. Ecris.
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Ce livre est puissant.
Justine Lévy nous partage ce vide, cette douleur indescriptible qui nous broie.
Comment se relever et se reconstruire après cette rupture, ce déchirement.
Son écriture est si forte que j'ai ressenti chaque mots comme un cri. Elle hurle la violence de cette souffrance.
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Le style est ici au service du sujet : la folie. Les mots sont précipités dans les phrases sans ponctuation, les uns à la suite des autres ou plutôt tous en même temps, à perdre haleine, à l'image même du tourbillon qui les a suscités. J'ai rarement vu une description de la folie par l'intérieur aussi bien rendue... le contenant et le contenu atteignent une harmonie et un équilibre exceptionnels.
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