Ce livre, en dépit de son contenu fatalement tragique, est de nature à nous réconforter du genre humain, surtout en ce moment où le criminel du Kremlin sème depuis 5 mois la mort et la destruction.
C'est grâce à mon amie
Laure Barachin, "Melpomene125" sur Babelio, que j'ai eu connaissance de cet ouvrage du docteur
Catherine Lewertowski, qui a épluché les archives pour nous raconter l'histoire unique de la ville des Justes, Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, à 72 kilomètres au nord de Toulouse.
Rien que le fait que ce soit
Boris Cyrulnik qui en a assuré la préface, souligne l'importance de ce phénomène historique tout à fait à part.
Ç'est dans cette ville du Midi de la France que Shatta Simon (1910-2003), née Charlotte Hirsch à Sighişoara en Roumanie, surnommée "la battante" et Édouard Simon (1906-1993), dit "Bouli", un ingénieur en électricité, ont ouvert le 5 décembre 1939 la Maison de Moissac, qui a accueilli pendant la dernière guerre mondiale près de 500 enfants juifs.
Parmi les enfants ainsi sauvés figure
Laure Schindler-Lévine, née à Berlin en 1927 et qui après un passage en Belgique et au camp de Gurs, a été accueillie à la Maison de Moissac en mai 1941. de ce séjour, elle a publié ses mémoires "L'impossible au revoir" dans lequel elle a noté : "C'est à Moissac que j'ai appris qu'il est en effet possible d'espérer au milieu du désespoir, de vivre aux milieu du danger mortel, de créer au milieu de la destruction, de chanter au milieu de la terreur et surtout, le plus difficile de tout, mais l'essentiel, d'aimer au milieu de la haine."
J'ai déjà mis cette citation sur Babelio (le 17 juillet dernier), mais comme elle résume si merveilleusement bien ce qu'à signifié le passage des "enfants abîmés par la guerre" dans ce havre de paix, j'ai estimé qu'elle méritait une reprise ici.
La Maison de Moissac n'avait, en effet, rien d'un pensionnat et à plus forte raison d'une prison. Comme l'a indiqué
Boris Cyrulnik, c'était "le monde des chants, de théâtre, de débats, d'idées, de musique... on se déguise en pleine guerre, on rit, on ...".
La photo de couverture où l'on voit des gosses qui font un homme de neige, illustre parfaitement l'ambiance de la Maison.
L'ouvrage de
Catherine Lewertowski compte 286 pages et comprend outre 2 grandes parties, à savoir la genèse et l'avenir, une chronologie comparée de 1939 à 1945, une courte liste de quelques anciens et cadres de Moissac avec une biographie sommaire, une bibliographie et le titre de 9 livres témoignages, parmi lesquels de
Gérard Israël : "
Heureux comme Dieu en France".
Bref, un document à la fois fascinant et émouvant.