Locke entreprend de nous indiquer les limites de notre connaissance... problème : s'il est aisé de réduire les prétentions au savoir, il est plus dur de repousser les frontières de l'ignorance : "j'espère rendre évident avant d'avoir terminé que cette voie de certitude par la connaisance de nos propres idées va un peu plus loin que la pure imagination", "toute connaissance générale réside seulement dans nos propres pensées et consiste simplement dans la contemplation de nos propres idées abstraites", "les idées générales sont les fictions et les artifices de l'esprit", etc. On se demande alors pourquoi Locke entreprend d'écrire un livre s'il doute autant de savoir quoi que ce soit et de la capacité de la théorie à accompagner toute recherche de vérité. - Il s'embourbe d'ailleurs lui même car après avoir écrit tout un chapitre sur l'inutilité des maximes et des grands principes fondamentaux (on sent que Descartes est visé...), il écrit : "je laisse à d'autres le soin de considérer si les maximes dont il est question dans le chapitre précédent ont pour la connaissance réelle l'utilité qu'on leur attribue généralement". Et oui... comment établir la validité de principes qui nient la validité de tout principe... mieux vaut laisser les autres en décider...
Donc le tout est assez confus, mais là aussi, notre auteur est très lucide : "Mon lecteur risque sans doute de penser à ce moment que je n'ai fait que constuire jusqu'ici qu'un château en l'air"... en effet... on confirme...
La difficulté est toujours la même quand on est sceptique : il est impossible de poser une connaissance et donc de convaincre autrement que par la destruction de ce qui est posé... sans rien bâtir pour autant...
Il reste tout de même que Locke tient les mots pour abstraits et qu'ils ne sauraient représenter "nettement" les choses, il réfute la scolastique, les syllogismes et la notion de substance ; il reconnaît la valeur de la raison (même si elle ne sert pas beaucoup) ; et prône la connaissance immédiate ou probabiliste (si les autres disent que c'est vrai, c'est que c'est vrai). Mais en quoi cela est-il prouvé, démontré ou posé ? il faut faire confiance à notre auteur qui n'hésite pas à affirmer, à poser, à énoncer, mais démontre bien peu...
En conclusion, pas de valeur sociale au texte (sinon un conformisme conservateur), aucune fondation d'aucune connaissance, un refus général des principes abstraits qui enferme l'individu en lui-même sans lui donner de solutions pour augmenter ses connaissances que le fait de suivre ce que disent les autres... Locke voulait sans doute nous dégoûter de la lecture pour nous engager à l'action, puisque c'est là, selon lui, que se trouve la seule recherche possible de la connaissance...
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D'où l'on peut noter que la certitude générale ne peut jamais se trouver, si ce n'est dans les idées : chaque fois qu'on la cherche ailleurs, dans l'expérimentation ou les observations extérieures, la connaissance ne dépasse pas les cas particuliers. C'est la contemplation de nos idées abstraites propres qui seule peut fournir une connaissance générale.
J'affirme que l'on a connaissance de sa propre existence par intuition, de l'existence de Dieu par démonstration et des autres choses par sensation.
Si la connaissance de nos idées s'arrête à ces fantaisies et ne va pas plus loin, alors qu'on vise à quelque chose de plus, nos pensées les plus sériuses seraient à peine plus utiles que les rêveries d'un cerveau fou.
La vérité au sens propre du terme me semble donc ne rien signifier d'autre que l'union ou la séparation des signes selon que des choses signifiées par eux concodent ou non les unes dans les autres.
Je laisse à d'autres le soin de considérer si les maximes dont il est question dans le chapitre précédent ont pour la connaissance réelle l'utilité qu'on leur attribue généralement.