Peter Pan, tome 4 : Mains rouges

Ah !
Voilà !
Je sais désormais comment Peter a associé Pan à son patronyme.
C'est tristoune quand même.
Il s'est donné à fond, le Peter. Dans un vrai conte de fée Disney, il aurait réussi.
Mais non, Loisel continue à dramatiser l'histoire de Peter Pan en lui balançant dans la tronche toute la pourritude de la vie. Il avait le mode d'emploi, mais allez donc vous improviser chirurgien, vous.
Et pis les microbes, il connait pas. le plus petit animal qu'il connait, c'est la fée Clochette (je compte pas les cafards).

Et ça continue donc à faire du ping-pong entre des scènes cool-sympa et des scènes dures et sanguinolentes. Comment ces gamins orphelins de Londres peuvent-ils apprécier autant la vie ? Quand on lit ça, on n'a plus droit de se plaindre. le croco est aussi un personnage comique indispensable. Et Crochet est pathétique et cruel à souhait.

Peter prend l'assurance qu'on lui connait dans le dessin animé. Il ne perd pas la joie de vivre malgré les situations horribles auxquelles il est confronté. Un grand petit bonhomme est en train de naître.

Palpitant quoi !

Loisel, c'est la tendresse. Celle d'une fratrie orpheline qui se soutient dans le froid de Londres.

Loisel, c'est la poésie : quand Peter veut être avec Patte de chèvre, pour toujours, pour devenir Peter Pan : « c'est comme si je l'avais enterré dans ma tête. C'est ici qu'il sera le mieux... Et puis comme ça, quand je dormirai, on pourra lui et moi jouer ensemble dans mes rêves ».

Loisel, c'est l'humour. Quand il fait se trémousser les « grosses féfesses » de Clochette pour affoler un chat, ou quand il fait des jeux de mots : « Bouche c'est boche » pour Mouche c'est moche parce que le capitaine est enrhumé, ou encore, alors que le capitaine vient de perdre une main, que Mouche dit « c'est pas moignon, moignon ».

Loisel, c'est aussi celui qui a réussi à me faire lire de nombreuses bulles en langage indien, je n'ai rien compris -mais j'ai lu- sur plusieurs pages, pour finalement éclater de rire en me disant : mais quel conteur ! Il m'embarque dans ses histoires et je le suis avec tellement de plaisir !

Loisel, c'est tellement de choses en un tome !

Ce quatrième volume est très différent des trois précédents.

Le dénouement de Tempête avait placé les jalons d'un événement qui aura des conséquences, à la fois dans le monde imaginaire, mais également dans le Londres des bas-fonds. Pour ce qui concerne ces dernières, des allusions avaient déjà étaient faites et les voilà confirmées. Il y a ici de quoi creuser et laisser de belles pistes pour l'avenir qui ne peuvent qu'être exploitées.

Pour ce qu'il en est dans le monde imaginaire, Peter va vivre des heures douloureuses, passer à l'âge adulte et trouver son nom de guerre. Tout cela en une petite soixante de pages. le personnage va passer par une palette des sentiments qu'il va devoir juguler au mieux, c'est-à-dire en pleine guerre.

De nombreux personnages feront ici leur apparition ou sont exploités de manière plus poussée que par le passé, ce qui apporte un petit vent de fraîcheur et une dose d'humour bienvenue.

Et pendant ce temps, le conflit avec les pirates bat son plein. D'abord au bout du rouleau, le Capitaine semble bien décidé à se venger, avant de se révéler à lui-même… ce qui va entraîner un conflit bien curieux dans ce monde pour le moins étrange.

Régis Loisel est ici à l'aise au scénario ou dans les dessins, que ceux-ci se déroulent à Londres ou dans le monde imaginaire. Son trait nous emporte d'un bout à l'autre de l'album.

Mains rouges est un album adulte, qui ravira les plus grands… et leur donnera immanquable envie de connaître la suite !

De retour au pays imaginaire, Peter va être confronté à de nombreuses aventures dont certaines vont se révéler dramatiques.
On va aussi découvrir l'origine de son nom entier....
Notre héros va se faire définitivement un ennemi mortel du capitaine Crochet, qui lui, va enfin mériter pleinement son nom...
Un retour à Londres permettra de lever un voile sur le sinistre personnage déjà croisé dans le tome précédent. Eh oui, Peter Pan a croisé Jack the Ripper....
Certes la version de Loisel est beaucoup plus sombre que celle de Walt Disney, mais j'adore et puis c'est tout !!

ça y est, dans cet album, Peter est devenu Peter Pan; quant au capitaine crochet, il est en passe de devenir crochet... Bref, les choses se mettent en place conformément au contenu bien connu du roman.

Loisel met les choses en place progressivement au sein d'une intrigue très bien construite et un mode imaginaire qui présente des conditions de solidarité entre ses membres bien différentes de celles du Londres de la fin du XIXème siècle.

On croise dans cet album la figure de Jack l'éventreur, qui rajoute un soupçon de frisson dans ce monde, si tant est qu'il fallait en rajouter.