J'ai eu l'occasion de rencontrer
Fiore Longo, anthropologue et directrice de Survival International en français, lors d'une journée porte ouverte et de me procurer son ouvrage. Un livre coup de poing qui a bousculé beaucoup de mes croyances et m'a ouvert les yeux sur les conséquences de nos modèles de conservation de la nature.
Comme souvent, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Les bonnes intentions sont les pratiques s'appuyant sur l'idée (le mythe) d'une nature 'sauvage' - bien ancrée dans nos imaginaires - à protéger des hommes, y compris et surtout des peuples qui habitent dans ces espaces.
L'enfer, ce sont les peuples autochtones qui le vivent: expropriés de leurs terres au nom de cette conception de la nature qui les empêche de mener à bien leurs activités de subsistance, telles que la chasse, l'élevage, la cueillette et l'agriculture.
Un chiffre tiré du livre: les zones réservées à la conservation de la nature sont responsables de l'expulsion d'au moins 14 millions de personnes rien qu'en Afrique.
Nous avons tous en tête des images ou des reportages montrant des paysages de nature luxuriante sans trace de la moindre population autochtone, qui pourtant fait partie intégrante de l'écosystème et le façonne depuis des milliers d'années.
C'est cette vision qui guide aujourd'hui les politiques de conservation de la nature (les aires protégées) avec l'appui de grandes organisations internationales. Elle est héritée d'une conception coloniale, qui a pour conséquence la marchandisation des écosystèmes. Surtout ne pas voir de peuples #autochtones sur les aires qui ne sont plus réservées qu'aux riches touristes avides de Safaris photos et de clichés d'une nature correspondant à l'image qu'ils s'en font et pas telle qu'elle est réellement.
Non seulement ces méthodes violent les droits humains des peuples autochtones, mais elles détournent également des vraies causes que sont la surexploitation des ressources et la surconsommation croissante, qui ne sont pas le fait de ces peuples qu'on chasse de leurs terres.
Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce livre, c'est qu'il interroge notre relation à la nature, sa place dans notre imaginaire collectif et son rôle dans nos actions et choix politiques, et qu'il fait réfléchir sur des moyens différents d'envisager l'avenir pour préserver la biodiversité et la diversité de façon générale. Rappelons que les peuples autochtones parlent 4000 des 7000 langues parlées dans le monde.
Bref, un vrai coup de coeur pour ce livre, que je recommande vraiment et dont la réflexion est bien plus profonde que la tentative de résumé que j'ai tenté de faire ici