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Stan Grant (Autre)David Fauquemberg (Traducteur)
EAN : 9782367342153
230 pages
Au Vent des Iles (09/06/2020)
4.57/5   14 notes
Résumé :


Une réflexion personnelle d’une puissance hors du commun sur les questions raciales, culturelles et identitaires.

En tant qu’Aborigène, Stan Grant a dû faire face toute sa vie à l’héritage raciste de son pays, l’Australie. Confronté dès l’enfance à l’adversité, il a réussi à y échapper grâce aux études et à la découverte des écrits de James Baldwin, devenant l’un des journalistes les plus reconnus d’Australie. Dans cet essai, Stan Gran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Une culture vieille de 60.000 ans régnait sur le continent Australien, cette « Terra Australis Incognita » quand la première flotte anglaise aborda ce continent en 1788. Elle fut alors déclarée « Terra nullius », terre inhabitée. Donc de fait, les indigènes peuplant ce continent resteront pendant deux siècles « juridiquement invisibles », et ce « concept juridique a servi de justification de leur dépossession » et persécution. Les exactions commises sont accompagnées d'un racisme d'une extrême violence. Eliminer, rayer, assimiler ou mieux transformer ces « noirs » en « blancs », tel est le leitmotiv : « les vies des aborigènes ne comptent pas » ils ne sont pas reconnus comme citoyens australiens, ils sont muselés, leurs enfants leur sont arrachés, ils sont emprisonnés, empoisonnés, exécutés…
Rappelons-nous ces dates :
1962 droit à la citoyenneté et droits égaux pour les Aborigènes, ils étaient alors des sujets coloniaux.
1998 le Native Title Act « reconnaît l'existence d'un titre aborigène et offre aux Aborigènes la possibilité de revendiquer un tel titre et des droits spécifiques sur leurs terres ancestrales ».
1998 instauration du « National Sorry Day » ou journée nationale du pardon, pour faire connaître le tort causé aux aborigènes et leur demander pardon. le gouvernement en la personne de Kevin Rudd présente ses excuses en 2008 !
Mais le problème n'est pas réglé pour autant le processus est très lent.
Stan Grant est un Aborigène wiradjuri dont l'ancêtre John Grant, irlandais, fut déporté en Australie, en Nouvelle- Galles du Sud, au XIX siècle ; dans ses « veines coulent le sang de Moyne et celui des rives de la Belubula ; le blanc et le noir : deux mondes qui, même à l'intérieur de moi, se penchent l'un vers l'autre mais ne touche pas tout à fait. »
Son récit tire donc sa force dans l'analyse personnelle et autobiographique qu'il en fait, ainsi il écrit : « l'histoire a un impact lourd sur notre vie individuelle et collective témoigner écrire sur cette histoire est salvateur. » Stan Grant est en quête de l'acceptation de sa double identité. Il est balloté par des sentiments d'abord de honte, de peur puis d'indignation et de colère douloureuses. Entre les lignes on sent la souffrance et la volonté d'aller de l'avant, la part de lucidité, d'optimisme, et d'endurance est grande chez Stan Grant. On ne peut qu'admirer son humanisme, la pudeur avec laquelle il se livre et le juste acharnement qu'il met à crier sa « sourde colère ». Journaliste et reporter international dans des pays tels que l'Afghanistan, le Pakistan, la Chine… où la guerre, la violence et la misère dominent, « son exposition à la laideur du monde… tous ces traumatismes accumulés ont réveillés un malaise depuis longtemps endormi. Tout a craqué d'un coup. Toutes ces insomnies, cette colère noire, cette profonde tristesse : cela ne venait pas du Pakistan, d'Afghanistan ni de la Chine. C'était l'Australie qui m'avait fait tomber si bas. Je ne pensais plus qu'à l'Australie et cela me plongeait dans un grand désespoir ; » Stan Grant a fait une dépression sévère, son métier a servi de catalyseur à l'expression de sa souffrance.
L'écriture de Stan Grant est percutante sans être agressive, l'émotion est vive et les faits sont durs. Je connais l'histoire de l'Australie dont une petite partie est la mienne et cependant je n'ai pu lâcher ce récit, l'accent de sincérité est saisissant.
Enfin je désire terminer par cette phrase : « le privilège d'être blanc tient en une chose : la possibilité de l'insouciance » (George Floyd)
Dans le contexte actuel si vous décidez de lire ce très beau témoignage votre colère et votre indignation seront décuplées.
Merci à Babelio et aux éditions Pacifique Au Vent des îles pour cette découverte et ces émotions.
Merci à vous monsieur Stan Grant pour votre témoignage : ne pas laisser faire et faire savoir, et on aimerait dire pour faire triompher la liberté et préserver les cultures et les identités.
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Secouée.

C'est ainsi que je me suis sentie à la lecture de ce récit. Da la condition des Aborigènes en Australie à la construction de son identité comme citoyen à part entière, Stan Grant nous relate un chemin jonché d'épines. Des épines à chaque pas : le regard négatif des colons sur sa culture ; l'oppression des siens ; des mythologies nationales entachées de sang mais dont il faut "louer" ; un drapeau qu'il faut admirer tous les jours alors qu'il est le symbole même de la dépossession de son peuple...

Puis vient, malgré les épreuves le temps du parcours professionnel, le journalisme. Un choix de métier qui l'amènera à se frotter à d'autres malheurs dans le monde. de retour dans sa famille, une sensation demeure. Celle de s'être habitué au malheur devenu sécurisant car familier. Mais alors, comment aller vers le bonheur qui suppose une forme de renoncement, "comme si le passé était derrière nous, bel et bien révolu".
Bouleversant !

Merci à la Masse Critique et aux éditions "Au vent des îles" pour cette somptueuse lecture.
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En Australie, les premières traces de la présence d'une population humaine remontent à plus de 50 000 ans. Pourtant aujourd'hui, les descendants de ces populations autochtones constituent la communauté la plus défavorisée de la nation.
Dans son récit "Sourde Colère", le journaliste d'ascendance aborigène Stan Grant, évoque les difficultés de son parcours personnel et familial mais aussi l'historique de la colonisation britannique sur ses terres ancestrales.
Ce livre fait à la fois écho à l'histoire universelle des peuples spoliés par des colons et au racisme nauséabond qui l'accompagne, au sentiment ambivalent de connexion à sa terre et de non-appartenance à une nation qui vous maintient en marge, aux luttes antiségrégationnistes et à la difficulté de venir à bout du bourbier dans lequel vous plongent des siècles d'oppression en votre propre sol.
Stan Grant s'est cultivé, a fait les bonnes rencontres, a pris le large pour mieux revenir. Il a eu le parcours atypique qu'ont souvent les transfuges de classes et la conscience de faire partie de l'exception. Ses questionnements, ses ressentis, ses enseignements, sa mission de transmission et ses analyses sont de l'or.
Alors certes sur la forme il y a des redites, et j'ai parfois eu le sentiment que le tout manquait d'un brin de structure, mais enfin le fait est que le message passe vraiment et qu'il faut absolument qu'il soit connu et compris.

Un grand merci à Babelio et à la maison d'édition pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération masse critique.
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Répondez le plus spontanément possible à la question suivante : comment imaginez-vous les australien(ne)s ? Il y a fort à parier que le résultat ait à voir avec la représentation d'individus de type européen. C'est d'ailleurs ainsi qu'aurait également réagi la plupart des Australiens eux-mêmes à cette question. Car ainsi que le démontre Stan Grant dans cet essai aussi bouleversant que passionnant, l'Australie a toujours été considérée comme si, à l'arrivée des colons britanniques, elle avait été une terre vierge à accaparer. L'ignorance -sans doute déni est-il un terme plus juste- quant à l'histoire de leur territoire, a convaincus les australiens blancs d'occulter le fait que cette île qu'ils considèrent comme la leur était en réalité peuplée depuis plus de 40 000 ans. le mythe national s'est construit en conséquence, basé sur la promesse qu'avec un peu de talent et de chance, tout est possible. L'Australie est définie comme le pays de la camaraderie et de l'égalité des chances, une nation où la différence, en l'espace d'une génération, devient une vertu, permettant aux immigrés de devenir des citoyens à part entière. La perpétuation de ce rêve qui constitue le ciment de l'identité australienne est assurée par les programmes scolaires qui servent une histoire de paix, de bravoure, et de glorieuse conquête d'un territoire immense.
Stan Grant a réalisé dès l'enfance qu'il ne s'agissait là que d'une belle fable, sans rapport avec la réalité de son existence et de celles des siens, et qu'il y avait "quelque chose de pourri dans ce royaume-là." Descendant des premières nations d'Australie, plus précisément de la tribu Wiradjuri (du territoire aujourd'hui situé à l'est de la Nouvelle-Galle du sud), il a grandi en ressentant dans sa chair la douleur d'être un homme noir en Australie, sa différence lui étant incessamment rappelée par les moqueries de ses camarades. Il a rapidement compris que la nation australienne s'est construite sur un mythe qui les excluaient, lui et ses semblables, faisant d'eux des parias. Et il a découvert en grandissant les détails de l'envers du rêve : le cauchemar des aborigènes vivant comme des étrangers dans leur propre pays occupé de manière illégitime par des colons ayant massacré les leurs, héritiers d'une lignée marquée par les maltraitances ayant pour but leur élimination -exécutions de masse, bébés décapités puis enterrés dans le sable, femmes violées, trous d'eau empoisonnés, sacs de farine additionnée d'arsenic... Les survivants ont quant à eux été condamnés à la misère, et à supporter le poids d'un sentiment d'infériorité. Leur langue et leur culture ont été bannies, certains d'entre eux ont été parqués dans des missions où ils étaient mesurés à l'aune de leur potentiel à devenir blancs. La discrimination a perduré, notamment sous la forme d'une ségrégation institutionnalisée. Longtemps, des lois ont déterminé où les aborigènes avaient le droit de vivre, leur ont interdit l'entrée dans les piscines ou dans les pubs. Il était de même proscrit, pour les blancs, de se marier ou ne serait-ce que d'avoir des relations sexuelles avec des noirs.



L'auteur lui-même se souvient de l'humiliation quotidienne ritualisée par l'école, consistant à sortir les enfants noirs de la classe pour leur chercher des poux (au sens propre du terme), vérifier leurs dents et la propreté de leurs ongles, leur demander ce qu'ils avaient diné la veille. de nombreux enfants ont ainsi été enlevés à leurs parents par les services sociaux, instaurant au sein des familles noires une terreur incessante. A quinze ans, il a été convoqué, avec ses autres camarades noirs, par le proviseur de leur lycée qui les a dissuadés de poursuivre des études.
Les années 70 ont vu l'émergence, avec le gouvernement travailliste de Gough Whitlam, de quelques évolutions : les aborigènes étaient désormais comptés dans les recensements, les cris réclamant égalité et justice se sont faits plus audibles, un militantisme aborigène exigeant des compensations est apparu. Mais il restait -et il reste encore- beaucoup à faire… Il a fallu attendre 1992 pour que la notion de Terra Nullius, concept juridique signifiant "terre inhabitée" ayant justifié la dépossession des territoires aborigènes, soit jugée condamnable par la Haute Cour de justice. Aujourd'hui encore, leurs conditions de vie souvent misérables les exposent à l'alcool, à la drogue et à la violence. Ils connaissent le plus fort taux de mortalité infantile du pays, le plus fort taux d'emprisonnement (ils représentent 3% de la population, mais un quart des détenus), la situation la plus dégradée en matière de santé, de logement, et d'éducation. Pour rendre compte de leur invisibilité, il suffit d'évoquer le fait que 6 australiens sur 10 n'ont jamais rencontré leurs concitoyens aborigènes...


Stan Grant a connu cette misère. Il décrit son enfance itinérante avec ses parents et ses frères et soeurs, au gré des emplois occupés par son père jusqu'à ce qu'une nouvelle manifestation du racisme de ses collègues l'incite à repartir. Sa mère se réapprovisionnait alors en lits, vêtements ou couvertures en se rendant dans les associations caritatives du coin. Il a connu une scolarité intermittente. Mais elle a été contrebalancée par l'amour des livres, et par une autre forme d'éducation, transmise par la famille, notamment par ses grands-parents, qui l'ont abreuvé d'histoires, l'ont nourri de la nécessité de mener une vie pleine de dignité et de sens, de la capacité à tirer le rire du désespoir. Grâce à la stabilité du foyer familial, il a échappé à la maladie, au chômage, au risque de mortalité précoce. Encouragé par une aborigène à poursuivre des études, fasciné par l'actualité, il s'est lancé dans le journalisme ; c'est aujourd'hui un reporter et présentateur de télévision célèbre. Il a été sauvé, écrit-il, par son métier, qui l'a envoyé aux quatre coins du globe, l'éloignant de son pays où il était sans cesse ramené à son identité reniée, et où il avait des difficultés à se positionner. Car le seul moyen de réussir étant d'adhérer à ce que l'Australie blanche définit comme une vie belle et bonne, cela revient pour un aborigène à renier ce qu'il est. Après des années passées à l'étranger, survient un moment où il est moralement à bout. La crise est arrivée de manière insidieuse, annoncée par des insomnies, des tremblements, prémisses qu'il s'est obstiné à ignorer. A force de s'intéresser aux marginalisés, à ceux à qui l'on demande d'oublier qui ils sont alors que rien n'est fait pour qu'ils l'oublient, à force de raconter les souffrances des autres, la porte sur les siennes s'est débloquée. Il s'était élevé au-dessus de la pauvreté, mais avait emporté partout avec lui l'anéantissement de son pays. Il lui aura fallu cette sévère dépression pour trouver la voie d'une guérison à cette détresse ancrée en lui mais longtemps tue. La colère, le ressentiment -y compris envers la part blanche de lui-même- qu'il a longtemps éprouvés font alors peu à peu la place à une forme de résilience, s‘accompagnant du besoin de parler, pour dire la douleur de son peuple, et trouver le chemin d'une reconnaissance et d'une réconciliation sans lesquelles l'apaisement ne pourra survenir.

A lire.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Avec mon envie plutôt récente d'en apprendre plus au sujet de l'Australie et plus particulièrement des Aborigènes, j'ai été agréablement surprise de trouver Sourde Colère de Stan Grant dans la dernière sélection Masse Critique non-fiction. J'ai tenté ma chance et j'ai été gâtée : un grand merci à Babelio et aux éditions Au Vent des Îles de m'avoir envoyé cette autobiographie d'un Aborigène indigné.
Je lis majoritairement des fictions et les autobiographies ne font donc habituellement pas partie de mes lectures. C'est pour cela que j'aime tant les opérations Masse Critique : elles nous permettent de sortir de notre zone de confort et nous embarquent dans des lectures que l'on n'aurait pas forcément envisagées de prime abord.
J'ai donc été parfois un peu déroutée par l'organisation générale de ce livre : il y a bien évidemment un fil conducteur, l'identité et la quête de celle-ci, mais hormis cela, il s'agit plutôt de plusieurs fragments de vie mis bout à bout. Il n'y a pas de réelle linéarité ou d'enchainement fluide. Stan Grant livre des morceaux de sa vie, de celles de ses parents ou d'ancêtres plus lointains. Grâce aux évocations de ses souvenirs personnels, Stan Grant narre l'histoire de l'Australie, pas celle édulcorée des manuels scolaires qui ne dépeignent ce pays que sous un jour favorable : un pays dont l'histoire serait très récente, la nation de la deuxième chance et de tous les possibles. Non, Stan Grant va là où ça fait mal, là où beaucoup d'Australiens ne veulent pas qu'on les emmène : la question Aborigène.
C'est un récit poignant de l'oppression de ces communautés/nations plurimillénaires qui sont encore aujourd'hui discriminées et marginalisées, dont le taux de mortalité est plus élevé tout comme le taux d'incarcération.
A travers sa vie de journaliste et reporter, Stan Grant nous raconte comment il a tenté de s'éloigner de cette réalité, de n'en être qu'un observateur lointain, en se rendant aux quatre coins du monde pour exercer son métier mais aussi comment, inlassablement, ses racines profondément ancrées dans la terre de ces ancêtres lui faisaient comprendre que sa place était bel et bien en Australie, son chez-lui.
Une très belle lecture, honnête, franche, sans détours ni concessions et un magnifique plaidoyer pour la cause Aborigène.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
il y a de la beauté dans cette désolation( Mongolie). Dans les premières lueurs du jour, le ciel immense est comme une peinture d'enfant barbouillée de couleurs, qui remplit toute la feuille. mais il manque à ce décor l'animation dramatique de mon pays. Là d'où je viens, il y aurait des trous d'eau, des collines, des gommiers spectres et des rochers disposés là de toute éternité.
Dans mon pays, les senteurs d'eucalyptus empliraient l'air et, selon la saison, des émanations d'acacia ou de blé m'irriteraient les narines. Ici, il semble n'y avoir aucune odeur. mais malgré l'étrangeté des lieux, je ne me sens pas étranger. Ce pays aussi est ancien et les gens d'ici, comme moi sont les fils de leur terre.
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le nombre d'Aborigènes incarcéré devraient nous horrifier : mon peuple représente moins de trois pour cent de la population australienne, mais un quart des détenus au niveau national en sont issus. Cette proportion est encore plus élevée chez les plus jeunes : dans les centres de détention pour mineurs, un prisonniers sur deux est un Aborigène. L'emprisonnement provoque des dépressions et des suicides
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Ma famille est enchaîné à son passé. Les Australiens peuvent reléguer l'histoire dans une ère lointaine et révolue. On demande aujourd'hui aux Aborigènes d'en faire de même. On nous demande de passer à autre chose. Mais notre histoire est une chose vivante. Elle a une réalité physique. Ce sont des nez, des bouches et des visages. Elle est écrite sur nos corps.
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Je ne me faisais alors aucune illusion sur une soi-disant égalité. Nous formions une classe distincte. Notre pauvreté nous marquait aussi clairement que notre couleur de peau. Je portais des vêtements de récupération, que d'autres avaient pliés dans des cartons pour s'en débarrasser. Des chemises effilochées qui n'étaient jamais à ma taille, des pulls empestant la naphtaline et portant sous le col d'autres noms que le mien.
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Je regardais ma mère effleurer de la main, avec délicatesse, la nuque de mon père, et alors la dureté de son corps de travailleur se détendait, un éclat de désir se formait dans ses yeux, un sourire - sobre et fugace, mais plein de tendresse. L'espace de quelques secondes, ils relâchaient juste assez le fardeau pour trouver la force de le porter à nouveau. Je suis sûr qu'ils n'avaient même pas conscience que je le remarquais, et pourtant si ; je les entendais dire, sans qu'il y ait besoin de mots : "Voilà, c'est ça ; voilà ce que nous possédons et personne ne nous le prendra."
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