Pour qui lit l'excellente revue Guerre et Histoire, on retrouve deux têtes bien connues. Ici, sous forme d'un dialogue (350 questions/réponses),
Jean Lopez interroge
Benoist Bihan. Ce format vivant rend accessible l'exposé d'une pensée qui aurait pu être aride. Ce sont bien les thèses de Bihan qui sont dans le livre, Lopez endossant le rôle de questionneur très éclairé et illustrateur.
Que trouve-t-on ici ?
- Une thèse assez radicale sur l'échec général à travers toute l'histoire de la mise en adéquation des combats avec les buts stratégiques jusque là, sauf par accident.
- Une analyse de l'art opératif théorisé par Sviétchine.
- L'histoire qui entoure la genèse de cet art opératif dans les cercles militaires russe, les développements doctrinaux et l'application, notamment par la bataille en profondeur.
- Une analyse sur l'évolution de la pensée stratégique en Union Soviétique et aux Etats Unis depuis la guerre froide.
Et enfin, intéressant pour qui côtoie les complotistes qui nous bassinent avec ce fameux art opératif russe, dont l'efficacité magique attendue est inversement proportionnelle aux performances observées récemment sur le champ de bataille.
C'est très stimulant, intéressant de bout en bout.
J'en suis sorti avec l'application de cet art opératif à l'apprentissage des langues. Tout y est : la ligne stratégique à bien fixer, divisée en objectifs intermédiaires, la friction apportée par l'objet de l'étude lui-même, la fluctuation de la motivation et les événements de la vie, le constat que les outils tactiques (applis, manuels, cours, etc.) ont souvent une logique propre qui nous éloigne des buts stratégiques, les postures offensives et défensives, la posture d'attrition du plateau intermédiaire, etc.