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sur 3965 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Eddy Bellegueule vit son enfance dans la Somme, dans une famille défavorisée, plus que rustre.
Très vite, il va se sentir différent dans son identité sexuelle.
Eddy va faire tout ce qui est en son pouvoir pour devenir "un dur" suivant son expression, un homme en deux mots mais cela ne va pas marcher.
C'est ainsi qu'il va avoir une grande volonté de fuir ce milieu.
Edouard Louis a une belle écriture. Certaines scènes sont plus que crues mais je les ai reçues comme une confidence.
Les paroles du père, de la mère, de son entourage familial et familier sont retranscrites en italique et croyez-moi, ça sent le vécu.
J'ai apprécié le roman à présent paru chez Points poche car dans mes classes, j'ai dû aller à la rencontre de quelques petits gamins confrontés avec leur identité.
Ils envoyaient des signes discrets pour signaler leur détresse et l'entourage se fermait complètement les yeux.
Pas facile, ce problème, dans tous les milieux.
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Violent, dérangeant, d'une tristesse qui nous saute au visage et pourtant on le lit jusqu'au bout car on veut savoir comment on fait pour s'en sortir... Un premier roman qui fait mal à lire et qui a du faire mal à écrire. Je l'avais vu dans LGL et j'avais tout de suite voulu le lire mais le temps a passé et d'autres livres sont passés par là aussi. MA bibliothèque a eu la bonne idée de le mettre en avant sur ses étagères et je l'ai donc pris.
Il se lit vite, d'un trait, peut-être parce que l'on n'a pas envie de rester dans cet univers glauque et misérable plus longtemps qu'il ne faut...
J'ai aimé parfois son recul par rapport à son vécu mais aussi, malgré sa terrible histoire, une sorte de résignation, de pardon, de compréhension pour ses anciens compagnons de vie.
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Rendre presque poétique les épisodes difficiles de son enfance traumatisante, voilà l'exploit réalisé par Edouard Louis, autrefois connu sous le nom d'Eddy Bellegueule. Parce que le titre n'est pas seulement fait pour attirer l'attention: l'auteur veut bel et bien en finir avec cet enfant qui devait se renier pour rentrer dans le moule de ce monde qui ne lui correspondait pas. Edouard Louis exorcise ses propres démons, ça se sent et ça se ressent mais en même temps, il parvient à nous rendre sa propre histoire accessible, à nous toucher par ses expériences que nous n'avons pas vécues.
Lire "En finir avec Eddy Bellegueule", c'est aussi toucher du doigt une réalité que beaucoup d'entre nous ont tendance à oublier ou encore à masquer derrière des images préconçues. L'environnement d'Eddy, où la vie de tous les jours est un combat contre la pauvreté, une lutte pour satisfaire les exigences d'une classe, peut sembler caricatural. Et pourtant, l'auteur ne tombe pas dans les stéréotypes, ses personnages ont une grande profondeur, malgré leurs traits de caractère communs. On apprend à aimer le père, même s'il est à l'origine du martyre de son fils pas comme les autres, on s'attache à la mère, à la soeur, à tous ces gens qui n'ont pas peu, qui n'ont pas su échapper à leur classe. Eddy, lui a réussi, il est parti, il a gravi l'échelle sociale, il s'est mieux adapté dans un milieu qui n'était initialement pas le sien. Comme quoi, il n'y a pas que la reproduction sociale de nos jours, il est aussi possible de changer de vie... Mais à quel prix?
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D'abord...
D'abord, y'a l'aîné
Lui qu'est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom, Monsieur, tellement qu'il boit
Ou tellement qu'il a bu
Qui fait rien d'ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui s'prend pour le roi

Ces gens-là – Jacques Brel.

D'abord y'a le père violent parce qu'il boit, alors il frappe, il « mate des films de cul » dans la chambre en demandant à ses enfants de pas venir l'« emmerder ».
Et puis il y a la mère qui aurait fait de grandes études style CAP de cuisine si elle n'était pas tombée enceinte, qui fume clope sur clope et tente tant bien que mal de maintenir à flot cette famille nombreuse.
Les parents qu'on entend la nuit faire leurs petites affaires parce qu'il n'y a pas de porte à l'entrée de la chambre, juste un rideau, et les murs de placo pleins de trous que l'on cache avec des dessins d'enfants parce qu'on n'a pas les moyens.
Ensuite il y a la violence à l'école, les gars qui font les gros durs et qui frappent le pauvre Eddy parce qu'il est efféminé, et Eddy qui sourit en serrant les dents.
Et les copains du père au chômage, en fin de droits, qui vont aux restos du Coeur et passent leur RMI dans l'achat de bouteilles de Ricard.
Et le racisme ordinaire, les tags Nique la police sur les abribus, les roues arrières sur les mobylettes pour épater les nanas.
Alors Eddy comprend qu'il faut être un dur, sortir avec des filles, changer sa voix, ses gestes, sa démarche et affirmer sa haine des homosexuels pour écarter les soupçons. Puis plus tard, il comprendra qu'il faut, par le biais du théâtre quitter ce milieu et enfin s'affirmer dans sa singularité.

J'ai eu un véritable coup de coeur pour Edouard Louis lors de son passage tout récent à Quotidien de Yann Barthès à l'occasion de la sortie de son dernier livre Monique s'évade. Je ne connaissais pas cet auteur suis parti dès le lendemain à la recherche d'un de ses livres arrêtant sur le champ ma lecture en cours.

Ce premier roman social, politique, autobiographique m'a conquis. A la croisée des chemins entre Cavanna, John Fante, et Ken Loach.

Challenge Multi-Défis 2024.

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En finir avec Eddy Bellegueule ou comment se soustraire au déterminisme social. Nous sommes en Picardie, dans un petit village où tout le monde se connaît, tout le monde se fréquente. Les hommes triment ensemble à l'usine pour nourrir leur 4, 5, 6 enfants, les femmes sont caissières, aides à domicile ou ne travaillent pas, elles attendent, en jasant, les enfants devant l'école. Entre le foot, la télé, les bitures du samedi soir, Eddy, l'enfant différent, trop maigre, trop efféminé, trop intello, tente de se faire accepter. En vain. Eddy « le pédé » est bousculé, insulté, mis au ban. Car dans ce milieu social très défavorisé tant économiquement (la famille vit largement sous le seuil de pauvreté) que culturellement, l'honneur des hommes passe par la démonstration bruyante de leur virilité.
Un roman autobiographique percutant, très dur, qui dit la douleur de n'être pas reconnu et accepté par sa propre famille, qui dit la solitude, la honte, la souffrance de qui veut s'affranchir des codes de son milieu d'origine.
Une lecture qui m'a bousculé.
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Dans ce roman autobiographique, Edouard Louis nous rapporte son enfance picarde et ses premiers émois homosexuels dans un contexte intellectuel et économique foncièrement misérable. Dans un style extrêmement fluide sans être simpliste, avec un art maitrisé de la description des violences physiques et morales subies, l'auteur emporte le lecteur dans les méandres de sa jeunesse sans lui offrir, jamais, la moindre bouffée d'oxygène. Etouffé dans un milieu populaire où l'affection ne semble s'exprimer que par les coups ou la bêtise, En finir avec Eddy Bellegueule s'apparente à un roman catharsis, une revanche prise sur un destin qui semblait condamné par avance.
Je l'ai lu quasiment d'une traite, hésitant entre le dégoût et le malaise devant ce portrait familial sans concession, ne pouvant qu'acquiescer, constater la véracité des faits relatés, prise à témoin d'un récit que je ne peux pas imaginer fictif tant certains détails sont criants de déjà-vu. Il ne fait décidémennt pas bon être « différent » dans certaines de nos campagnes…

L'incipit me mettait pourtant au parfum : « de mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux. »
Tout au long de ces 204 pages, je n'ai pu qu'espérer, désirer ardemment l'ébauche d'un signe de tendresse de la part du narrateur envers sa famille, ou de l'un des membres de l'entourage envers Eddy. Attente vaine. J'ai tourné la dernière page du roman il y a plus de dix jours, et je garde encore cette terrible amertume au fond de la gorge. N'y-a-t-il définitivement rien à sauver de l'enfance d'Eddy Bellegueule ?
Lien : https://synchroniciteetseren..
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"Pour en finir avec Eddy Bellegueule", est la chronique d'une enfance déshéritée et d'un sous-prolétariat coincé entre pauvreté, usine et préjugés, miné par la déscolarisation, l'abrutissement des trois huit, la violence et l'alcool. Cerise sur le gâteau, le petit Eddy n'est pas en accord avec la sur-virilité ambiante et il est persécuté pour cela ; mais cette sur-virilité est en réalité un leurre par lequel les humbles se sabordent eux-mêmes et soumettent leur force de travail aux dominants de la société : cela commence dès l'école, moquée, vécue comme un lieu de féminisation et conduit inexorablement, par un paradoxe, bien connu, à l'usine incontournable et carnassière.
On est tiraillé entre écoeurement et admiration pour ces humbles qui manifestent un grand courage pour continuer leur chemin ingrat - il est vrai qu'ils n'ont pas le choix.
Ce qui étonne c'est que, pris dans les noeuds coulants de la misère, ces êtres sacrifiés sécrètent encore suffisamment d'amour pour rester en vie. A la fin du livre, j'ai senti le frémissement d'un retour possible d'Eddy vers cette famille qu'il lui était indispensable de haïr pour ne pas s'y enliser.
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Ce roman est cru, sale, poignant, effrayant, terrible, tout cela en même temps. Mais il dégage une puissance et une pureté si frappante que l'on ne peut pas ni le classer, ni l'aimer, ni le détester… On adore, on est obligé car il nous force à regarder un monde dévasté, il nous confronte à nos peurs. Il nous met face à une humanité si effroyable qu'on n'en sortira pas indemne !

L'auteur nous parle d'une fiction, mais on sait que ce roman est autobiographique. Il est lié à Edouard Louis, à Eddy, il est la conséquence de son enfance. Ce roman est effrayant car il nous confronte à une civilisation presque ancestrale. On tourne les pages et on se dit que ce n'est pas possible, que la réalité est autre. Que les mots utilisés ne sont que renforcés par l'écrivain. Puis on regarde notre société et on se dit que cette histoire est vraie. Qu'il montre enfin ce que l'on se cache depuis des années. Il nous montre l'un des pourquoi de nos vies actuelles.

Ce roman est fort car il sonne juste. Il nous décrit une vie effroyable. Une vie terrible et pourtant on tourne les pages avec une curiosité malsaine. On cherche à savoir jusqu'où ça va aller. On se rassure en se disant que chaque mot est romancé, amplifié. Mais à la fin de ce court récit, on a qu'une véritable peur : et si chaque mots étaient vrais… Et au fond de nous, on sait qu'ils le sont.

Ce roman est un coup de poing en plein visage. Il fait mal, mais il nous ouvre les yeux sur beaucoup d'éléments. J'ai adoré comment on nous montre cette horreur sans sourciller, sans détourner le regard. On nous montre juste une vérité bien trop souvent dissimulée sous des faux semblants ! On a l'impression d'avoir été projeté dans une autre vie, un autre monde où l'horreur a pris le pas sur l'humanité. Ce roman il est dur et pourtant l'auteur nous en parle avec détachement comme si ce n'est pas à lui que c'était arrivé.

Cet auteur nous parle brillamment de son passé et loin d'emmêler les émotions, il parvient à se détacher de son texte pour nous livrer une analyse. Et quand on sort de ce récit on comprend mieux comment un jeune homme peut déjà sembler si vieux. Il nous détruit, se reconstruit, puise dans nos forces, nous avale puis nous recrache une haine au visage… Et nous mène à une fin terrible, rien n'est passé, tout recommencera …
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Une question ne m'a pas lâché pendant la lecture d'En finir avec Eddy Bellegueule : quelle est la part de vrai et la part d'imaginaire dans l'histoire de ce jeune homme (l'auteur) qui raconte son enfance et sa jeunesse dans un village de Picardie dans une famille pauvre qui n'accepte pas sa différence. Eddy Bellegueule, dès son plus jeune âge, « fait des manières », a des drôles d'intonations dans la voix, n'agit pas comme un dur, comme un « vrai homme » selon les normes définies autour de lui.
La plume est fulgurante, on sent derrière les propos la grille d'analyse sociologique et les théories de Bourdieu dont l'auteur est un spécialiste, en cela le livre est bien plus qu'un récit. Néanmoins le tableau qu'il dresse du village ou de sa famille est vraiment chargé. Entre ses parents peu aimants (pléonasme), son frère (qui veut le tuer dans une des scènes du livre), sa soeur, son cousin, on se dit qu'il n'y en a pas un pour sauver l'autre…bêtes et méchants. Rien ne semble les préoccuper que le regard des voisins, le quand dira-t-on, cela revient régulièrement à travers les pages. Violent mais jamais complaisant, En finir avec Eddy Bellegueule est aussi le récit d'un jeune homme qui a réussi , avec une force et une énergie qu'on sent à travers les lignes, à prendre une autre voie que celle qui était tracée d'avance pour lui. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur l'après…peut-être son prochain roman ?
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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A la fin des années 1990, Eddy Bellegueule, le narrateur, vit dans une commune rurale de Picardie. Son père travaille à l'usine et sa mère s'occupe des nombreux enfants. L'argent manque parfois, en tout cas après achat du tabac et des boissons alcoolisées. Une famille banale dans ce village, même si contrairement à certains voisins, le père d'Eddy met un point d'honneur à ne jamais frapper son épouse et ses enfants. Eddy ne manque cependant pas de l'agacer avec ses manières de « tarlouze » ! Ce trait de caractère en énerve d'ailleurs d'autres, notamment au collège où il est devenu le souffre-douleur de deux « durs ».

Le récit est poignant, parfois violent, et l'on ne peut que compatir avec le calvaire d'Eddy. Si ses souffrances sont compréhensibles, la fascination qu'il ressent pour ses bourreaux m'est restée en revanche obscure. Eddy cherche à se conformer aux comportements et aux manières d'être qui sont attendus d'un garçon dans son milieu, mais le naturel reprend le dessus. La souffrance n'est pas seulement celle des coups reçus, elle est surtout psychologique.

A la lecture d'un tel ouvrage on comprend mieux pourquoi le taux de suicide est plus élevé chez les jeunes homosexuels (surtout chez ceux qui ont de la difficulté à s'affirmer comme tel) que chez les autres jeunes.

Un livre que je recommande vivement, pour la réflexion à laquelle il invite à propos de l'homophobie ou des "simples" blagues qui peuvent être aussi meurtrières...

• http://www.huffingtonpost.fr/2015/02/05/homophobie-suicide-personnes-lesbiennes-gaies-bi-trans-campagne-choc-inter-lgbt-homosexuels_n_6612858.html
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