Je comprends enfin l'ébahissement général devant le talent pour créer des ambiances et instiller la peur. Dans ce recueil, le schéma est toujours un peu le même : un type extérieur très terre-à-terre « je vois que ce que je crois » est confronté à un phénomène incroyable et flippant venu d'outre-espace ou d'une dimension inconnue et… comment dire que le pronostic vital du narrateur ou de ses petits copains est déjà engagé depuis un bail. Les événements sont souvent abordés de façon indirecte, par le biais de la correspondance, du « on-dit », de documents retrouvés ou simplement de récits du narrateur à posteriori, mais étrangement, l'angoisse en est d'autant plus forte.
L'invisible, les dimensions, les temporalités et les espaces qui échappent à la compréhension des hommes, l'inconnu et la fatalité sont autant de motifs récurrents qui hantent et unifient des nouvelles aux confins du fantastique et de la SF. Si certaines nouvelles comme La Tourbière Hantée ou
Par-delà le mur du sommeil m'ont laissée une chouille de marbre, j'ai juste adoré
La Couleur tombée du ciel, forcément nouvelle-maman du très perturbant
Annihilation de
Jeff Vandermeer, une histoire moite, malaisante à souhait et incroyablement maitrisée. le célèbre Cthulhu n'est pas une déception non plus...
Le premier argument qui penche pour le non, en revanche, c'est donc ce recueil que j'ai trouvé un peu inégal, toutes les nouvelles ne m'ont pas transcendée non plus… (après je ne sais pas quand ou comment il a été constitué hein, mais je vous parle du livre que j'ai entre les mains donc…)
Au niveau du style, on ne va pas revenir sur l'atmosphère posée qui est au-top-au-dessus-y-a-le-soleil, mais la pléthore d'adjectifs a parfois eu raison de moi. le lexique de la peur, c'est bien, mais les moments que j'ai préférés sont ceux où
Lovecraft va plutôt à l'économie. Après, c'est affaire de goût et faut remettre le texte dans son époque, perso j'aime la simplicité.
Enfin, y a quand même une info biographique bien gênante qui ma vite sautée aux yeux dès Cthulhu et dans plusieurs nouvelles par la suite… Dès que PAPI parle des étrangers, des gens de couleurs ou tout simplement de tout ce qui sort de la catégorie WASP, ben il a tendance à y aller gaiement dans le vocabulaire de la dégénérescence, de la vilénie et autres joyeusetés.
Alors moi je connaissais pas le bonhomme, mais je trouvais que ça sortait un peu du fameux « Eh, c'était la mentalité de l'époque » déjà bien attaquable. Et j'ai vite vu que le type était ouvertement xénophobe, d'ailleurs un autre motif de son recueil, c'est quand même
l'étranger dangereux qui s'immisce dans la vie terrestre.
On est d'accord et je n'ai pas spécialement envie d'entrer dans un débat : faut discerner l'oeuvre de l'auteur, ça ne m'a pas empêchée de relever toutes les qualités décrites plus haut d'ailleurs, mais y pas, ça m'a refroidie…
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