On ne comprend pas grand-chose à cette histoire mais c'est le but. le mec qui la raconte a eu le cerveau défoncé par ce qu'il a vécu. Parti en expédition scientifique aux confins encore inexplorés de l'Antarctique, il se heurte avec son équipe à des phénomènes disproportionnés (une terre sauvage et vierge de toute humanité, comme vous ne pouvez même pas l'imaginer) et inhumains (le reste de l'humanité ne peut plus exister dans de telles conditions).
Nous ne connaîtrons l'histoire que par bribes. Pour notre équilibre nerveux et notre santé mentale, il semblerait d'ailleurs qu'il vaille mieux ne pas trop en savoir… Les bases de nos connaissances (scientifique, historique, religieux, biologique) pourraient être complètement remises en compte si nous prenions en considération les découvertes de cet équipage. Heureusement, les survivants n'en ont pas soufflé le moindre mot à leurs semblables en rentrant chez eux. « Il est absolument indispensable, pour la paix et la sécurité de l'humanité, qu'on ne trouble pas certains recoins obscurs et morts, certaines profondeurs insondées de la Terre, de peur que les monstres endormis ne s'éveillent à une nouvelle vie ».
LOL,
Lovecraft doit-il être jeté au fond des cageots psychiatriques ? Un être humain qui écrit des trucs pareils peut-il vivre en toute liberté sans menacer la vie de ses congénères ? « Au sommet du torse, un cou court et bulbeux, gris plus clair, avec des sortes de branchies, porte ce qui semble une tête jaunâtre en forme d'étoile de mer à cinq branches, couverte de cils drus de trois pouces, des diverses couleurs du prisme. Tête épaisse et gonflée d'environ deux pieds d'une pointe à l'autre, avec des tubes flexibles jaunâtres de trois pouces sortant au bout de chaque pointe. Au sommet, une fente, juste au centre, probablement un orifice respiratoire. Au bout de chaque tube, une expansion sphérique où une membrane jaunâtre se replie sus le doigt, découvrant un globe vitreux d'un rouge iridescent, un oeil évidemment. Cinq tubes rougeâtres un peu plus longs partent des angles intérieurs de la tête en étoile et finissent en renflements, comme des sacs de même couleur qui, sous la pression, s'ouvrent sur des orifices en forme de calice de deux pouces de diamètre, bordés de sortes de dents blanches et aiguës. Tous ces tubes, cils et pointes de la tête en étoile de mer étroitement repliés ; tubes et pointes collés au cou bulbeux et au torse. Surprenante souplesse en dépit de l'extrême fermeté ». Cela dénote une fascination certaine pour les séances d'autopsie qui ne peuvent se pratiquer –vous le savez- qu'à la condition de disposer d'organismes dont l'homéostase s'est récemment et définitivement effondrée.
Nous retrouvons pourtant des analogies entre cette histoire et la légende sumérienne des Anunnakis (« Ceux qui du ciel sur la Terre vinrent »). D'après ces légendes, ces mecs-là seraient venus de l'hyperespace jusqu'à notre planète, forçant un peu l'évolution biologique afin de façonner à leur guise un genre d'organisme malléable qui ferait les tâches les plus ingrates nécessaires au déroulement d'une vie quotidienne aisée. Pourquoi l'homme ferait-il figure d'exception dans le règne animal ? Avec la légende des Anunnakis, plus besoin de se casser le cul à récolter des petits fossiles et à faire du bricolage de lignée évolutive.
Lovecraft écrit : « Quand les Anciens à tête d'étoile eurent synthétisé sur cette planète leurs formes alimentaires simples, et élevé une bonne réserve de shoggoths, ils développèrent d'autres groupes cellulaires sous d'autres formes de vie animale et végétale, pour différents usages, éliminant celles dont la présence devenait encombrante ».
Même les êtres supérieurs ne durent pas toute une éternité. Je n'ai pas trop compris s'ils avaient finalement disparu de notre planète ou pas (c'est peut-être aussi le cas de
John Carpenter qui fournit dans « The thing » une interprétation inspirée de cette nouvelle, mais ne s'engage pas à donner une conclusion ferme) mais il semblerait qu'ils s'en soient pris plein la gueule à un moment donné et que leurs petites créations en aient profité pour prendre leur autonomie dans des contrées moins hostiles.
Quoiqu'il en soit, il serait préférable que personne n'en sache rien. Fin des théories complotistes à deux balles sur le gouvernement, daesh et tutti quanti : celles-ci pèsent encore plus lourd.