Corinne Luchaire... Ma drôle de vie

Ma drôle de vie est un livre de mémoires, pas abouties ni très métaphysique. Corinne Luchaire expose sa vie au côté de son père Jean Luchaire, son ascension dans le cinéma française notamment sous l'Occupation, ses fréquentations plus que sulfureuses mais assumées. Donc c'est un vrai matériau pour l'historien. Dans le même temps, c'est à prendre avec beaucoup de pincettes et donc l'historien aura comme tâche de faire revenir les faits, les dates et les personnes à la réalité crue de la période de l'Occupation. En effet, Corinne Luchaire présente l'avantage d'une certaine insouciance de ce qui se passe et l'entoure. Donc pas de recherches d'excuses lourdes, mal justifiées et injustifiables. Néanmoins, elle ne pouvait pas savoir certains faits et aspects.
L'écriture et le style sont simples voire peu travaillés. Quand on sait le talent d'écrivain du père mais bon...votre père peut être le dernier des abrutis et vous pouvez vous révéler brillant. Comme votre père peut être un esprit brillant et vous un esprit moyen.
C'est une curiosité ce livre et dans le même temps, quand vous le lisez vous essayez de vous figurer ce monde sans pénurie, luxueux, sans persécutions qui devient sous la plume de C. Luchaire complètement déconnecté de ce qu'était l'Occupation.
Dans le même temps, je l'ai lu avec mes yeux, mon esprit et mes connaissances historiques des années 2010.

Une qualité littéraire incertaine, mais qu'importe : il s'agit d'un témoignage émouvant d'une jeune fille de vingt ans, déjà célèbre actrice, embarquée malgré elle à cause de son père dans les affres de la collaboration, et qui finalement paiera cher à la libération cette incompréhension d'un monde sans doute trop compliqué pour elle.
On aurait aimé qu'elle cite quelques noms des célébrités avec lesquelles elle dînait en toute ingénuité à Vichy. Elle qui avait été vedette du film le Dernier Tournant, n'a peut-être pas osé nommer ces personnalités dont on peut imaginer que certaines avaient su prendre le bon virage à la libération.

Corinne Luchaire est morte en 1950 à 28 ans, la la tuberculose.
Elle était la fille de Jean Luchaire, homme de gauche et patron de presse compromis avec l'Occupant de 1940 à 1944. Jean Luchaire fut jugé et fusillé à la Libération.
Corinne Luchaire, qui était très belle, a tourné jusqu'en 1940 dans une dizaine de films. On la comparait à Greta Garbo.
Ma drôle de vie raconte surtout ce qu'elle a vécu, auprès de son père, pendant l'Occupation, la fuite des collaborateurs vers Sigmaringen, son arrestation et sa maladie contractée en prison. L'ombre après la lumière.
On sent une grande sincérité dans ce récit autobiographique mais pas le moindre regret de ce que fut la vie dangereuse d'être intime avec l'Occupant;;;