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Patrick Pépin (Traducteur)
EAN : 9782702136270
310 pages
Calmann-Lévy (05/01/2006)
3.33/5   3 notes
Résumé :

Les Fosses du franquisme est un document indispensable pour comprendre les soubresauts de la société espagnole d'aujourd'hui et réaliser une lecture plus juste de ce que fut la guerre civile d'Espagne. Emilio Silva et Santiago Mucius, les deux auteurs, trempent leur plume dans une plaie qui n'est pas encore cicatrisée, celle de l'extrême brutalité du travail d'éradication de républicains ordinaires auquel s'est livr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une critique publiée dans Télérama ( 12 avril 2006) par Olivier Pascal Moussellard :
" Somos los nietos de los vencidos ! " ( Nous sommes les petits-enfants des vaincus ) Un cri , une revendication même , lancé par Emilio Silva et Santiago Macias , jeunes fondateurs de l'Association pour la réhabilitation de la mémoire historique , en Espagne .
" Les vencidos " sont leurs grands-pères et leurs grands-mères , militants républicains ou simples sympathisants , abattus au bord d'une route et jetés dans une fosse commune voilà 70 ans .Combien sont-ils , au juste , ces " vaincus " sans sépulture , auxquels ils rendent une dignité dans leur ouvrage commun " Les fosses du franquisme " ? 30.000 au moins , 40.000 sans doute . " Désaparecidos " avant l'heure - avant le Chili et l'Argentine . Pas oubliés , mais enfouis dans une mémoire collective qui s'est réconciliée sur leur os , à la mort de Franco . Bien sur il y avait eu quelques exhumations à la fin des années 70 . Mais le mini-putsch ( raté ) du capitaine Tejero en 1980 , a réveillé de vielles terreurs . On ( la ) ferme !
Les enfants se sont tus . Il appartenait donc aux " nietos ", les petits-enfants , de piocher la terre et le souvenir . Une quête personnelle que raconte Emilio Silva dans la première partie du livre , tandis que Santiago Macias esquisse , dans la seconde partie , une histoire des fosses dans chacunes des 18 communautés autonomes d'Espagne . On reste coi devant les difficultés rencontrées .
Politiques , d'abord : l'incontestable succès de la transition démocratique en Espagne a eu un prix , le silence . Franco n'ayant pas été renversé , sa succession obligeait à des compromis ( la loi d'amnistie de 1977 , notamment ) , que les gouvernements successifs , de gauche comme de droite ont payé sans sourciller . Il fallait se taire pour alléger les souffrances , " organiser l'oubli " déclare Emilio Silva , comme dans toutes les familles soudées , en attendant le retour du refoulé . Côté administratif , ce n'était pas mieux : à la mort du Caudillo , l'armée a rapatrié ses archives à Madrid , calcinant au passage les plus compromettantes . Obstacles historiques , enfin .
Si le souvenir des morts " tombés pour Dieu et pour l'Espagne " , c'est-à dire pour Franco , a soigneusement été entretenu sous le franquisme , les années ont passé sur les fosses communes , les témoins sont morts , les repères , comme la mémoire , devenant tous les jours plus flous .
C'est presque par hasard que , sur les indications d'un témoin , Emilio Silva a découvert l'endroit où " les 13 de Priaranza " ont été abattus une nuit d'octobre 1936 . Arrêtés pour leurs idées , emmenés dans un camion bâché , tués d'un coup de revolver en rase campagne ( " fracture générale de la voûte crânienne provoquée par l'impact d'un coup de feu " dira le rapport légal ) . Douze hommes et son grand-père , républicain ordinaire , militant de coeur qui n'avait jamais pris les armes et père de 6 enfants . " Les fosses du franquisme " est donc à la fois un ouvrage personnel et collectif . Personnel , car il raconte , presque journalistiquement , les efforts d'un homme pour refermer une plaie familiale ; collectif , car Emilio Silva , en remuant la terre , a refusé l'amnésie du peuple espagnol . Grâce à lui et aux archéologues et médecins légistes qui l'ont aidé , plus tous les bénévoles , la parole s'est libérée . Et les pelleteuses , 70 ans après le déclenchement de la guerre civile , 30 ans après la mort de Franco , de sonder jusqu'aux tréfonds de l'histoire nationale ....
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je me souviens encore d'un couple de personnes âgées qui devaient avoir plus de quatre-vingt ans . Ils s'étaient approchés de la fosse en marchant avec beaucoup de difficultés . En arrivant sur les lieux des travaux , ils ont demandé à me voir , la dame a sorti un morceau de papier de sa poche : la dernière lettre que son frère avait écrite . Sans aucune explication supplémentaire elle m'a lu la lettre puis est partie en me remerciant . Pendant qu'ils repartaient vers leur voiture j'ai entendu qu'elle disait à son mari " il était temps que quelqu'un nous prenne au sérieux " .
Cette phrase m'a submergé de colère : pendant la "transition " , la société espagnole a laissé abandonnées à elles-mêmes ces milliers de familles qui avaient perdu la guerre , qui pendant 40 ans avaient été l'anti-Espagne , et qui tout au long de la " transition " s'étaient tues afin que le processus politique qui a conduit à la démocratie puisse s’ordonner de la façon la plus paisible . Mais en 2002 , il était inacceptable que cette affaire soit encore reléguée dans l'arrière-cour de l'histoire . Discourir politiquement sur la nécessité ou pas de notre amnésie collective était une chose , mais voir les visages , écouter les vies de ces personnes et ne rien faire pour elles me semblait inacceptable .
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