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René Guyonnet (Traducteur)
EAN : 9782266049283
Pocket (01/01/1992)
4.67/5   6 notes
Résumé :
La conquête du Mexique par une troupe de quatre cent cinquante hommes et seize chevaux est un exploit si étonnant que les historiens ont éprouvé quelque peine à en mesurer la grandeur. Ce ne fut du reste pas qu'une conquête. Ce fut une découverte aussi. Cortés et ses compagnons avançaient non seulement vers l'ennemi, mais vers l'inconnu Ce n'est pas le moindre mérite des conquistadores que l'élasticité de leur esprit et de leur cœur, qui leur permettait de s'adapter... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Formidable livre que celui de l'érudit Salvador de Madariaga sur le conquistador Hernán Cortés.
Son épopée époustouflante à travers le Mexique et pour la conquête de cet empire puissant, avec seulement quelques centaines d'hommes, se lit comme un roman haletant.
On suit Cortés et sa troupe, ses déboires et revers, ses tactiques pour passer outre la rébellion de ses hommes, monter peuplades contre peuplades.
On frémit lorsqu'il manque d'être tué et s'en tire d'extrême justesse, on se révolte contre la barbarie des uns et des autres...
Et on se désole enfin à la défaite complète du grand peuple Aztéque, en songeant à son anéantissement sous le joug des espagnols.
Un vrai et ample récit historique mené avec grand talent par Madariaga.
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Que dire de ce livre si ce n'est qu'il est grandiose ? J'ai parcouru ces 400 pages comme un grand roman d'aventures avec le cachet que tout cela raconte la réalité. En plus d'une fascination provoquée de façon constante, Salvador de Madariaga a la rigueur de nous décrire L Histoire avec précision, exhaustivité, exactitude ... le tout orné d'un style captivant. J'ai vibré, comme peu de livres m'ont fait vibrer. Certes, l'on doit cela en grande partie au destin d'un homme extraordinaire au sens premier du terme, Hernan Cortès. Mais il ne faut pas moins que de solides épaules pour s'atteler au récit de sa vie sans dénaturer l'homme qu'il était et les intentions qu'il portait.

L'une des plus grandes satisfactions que j'ai eu en lisant cet ouvrage, c'est d'enfin lire un texte plein d'éloquence qui déconstruit les vieux clichés, les vieilles idées reçues que l'on a que trop longtemps perpétrés au sujet de cette figure historique qu'est Hernan Cortès. Attention, il n'est pas question de glorifier, flagorner ou même adhérer le parcours du Conquistador, mais de nous pousser à la nuance. Salvador de Madariaga y parvient grâce à un immense travail de contextualisation.

On ne conte pas L'Histoire au travers du prisme du manichéisme qui rendrait les uns gentils et les autres méchants en fonction du camp que l'on a choisi. L'Histoire est complexe, camaïeuté de gris et l'émotion n'a pas à travestir les faits. Ils doivent être pris comme ils sont, sans fioriture, sans artifice. Certes cela n'empêche pas d'être happé par cette Conquista, mais en faisant toujours preuve de recul et de discernement nécessaires à la clairvoyance pour appréhender correctement cet immense pan de l'Histoire.

C'est en ce sens que Salvador de Madariaga souhaite nous présenter son récit et s'attèle tout du long à cette tâche méticuleuse. Je ne peux qu'acclamer ce choix d'honnêteté intellectuelle qui permet à nous les lecteurs, assoifés de savoir, de se munir d'un magnifique outil de connaissance, fiable, haletant et épique.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Cortès fit la conquête de tous ses adversaires, dont certains, particulièrement Juan Velazquez de Leon, devinrent ses plus fidèles amis. Ce n'est du reste pas cette grâce et ce charme de notre conquérant qu'il convient d'admirer le plus en cette occasion, mais sa capacité de rester au dessus de la querelle de personnes que cette division de son camp impliquait; son aptitude à faire la différence entre Cortès l'homme et Cortès le chef; la fermeté avec laquelle il garde son attention fixée sur le but à atteindre et néglige ses sentiment personnels quand il décide de l'action à entreprendre à l'égard de rebelles et d'adversaires d'aujourd'hui, les amis et les utiles soldats de demain. Cette maîtrise de soi, cette sérénité, cette subordination complète du moi à l'oeuvre en cours, est l'une des principales qualités de Cortès; elle contribue à faire de lui l'un des plus grands hommes d'action que l'histoire ait connus.
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Cette fois encore, son évasion (Cortès) dut être le résultat d'un mélange de chance, d'audace et d'une astucieuse habileté à se procurer des complices; il réussit non sans mal à se dégager les pieds des fers; puis à la nuit, ayant changé de vêtements avec son domestique, il monta froidement sur le pont et s'éloigna sans hâte, passant sans être reconnu près du groupe de marins assis autour du feu de la cuisine; voyant que les circonstances étaient favorables, il se laissa glisser dans le canot du navire et s'éloigna à la rame dans la nuit. Pourtant, il rama d'abord vers un autre navire à l'ancre dans le port et détacha la corde de son canot, pour que la mer l'entraîne et qu'on ne puisse s'en servir au cas où l'on s'apercevrait de sa fuite. Cela fait, il s'efforça de ramer vers la terre, mais le courant était trop fort pour lui, et il se décida à nager. Voici une autre indication sur sa double personnalité : en cette heure de péril, "il se déshabilla et, avec un mouchoir, il attacha sur sa tête un certain nombre de papiers qu'il détenait en tant que notaire du conseil municipal et fonctionnaire du Trésor, et qui étaient défavorables à Velazquez". Bel exemple d'homme de plume et d'épée.
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Voici le point culminant de la vie de cet homme héroïque. Ce n'est pas pour rien que le monde a fait de son geste le symbole de la détermination de l'homme à vaincre le destin, et a transfiguré un fait en légende : brûler ses vaisseaux. [...] Cortès commença par amener quelques-uns de ses amis à lui suggérer qu'il vaudrait mieux se débarasser des navires, parce qu'il y avait une centaine de marins qui seraient mieux employés à la guerre qu'à paresser dans le port. Certains firent remarquer que cela permettrait de se débarasser définitivement du danger de nouvelles conspirations ayant pour objet le retour à Cuba. Après avoir ainsi préparé le terrain parmi ses amis, Cortès convoqua les pilotes, les mit dans la confidence, leur promit "mers et montagnes", leur donna de l'or et finalement mi par force, mi par ruse, leur fit accepter la responsabilité de l'acte : ils creusèrent des trous dans les navires et vinrent lui signaler que les bateaux étaient rongés par les vers. Cortès prit un air affligé, regarda les hommes en présence de qui les mauvaises nouvelles avaient été annoncées et attendit que plusieurs d'entre eux eussent trouvé la bonne solution - échouer les navires. Dès que l'instant populaire eut trouvé la route à suivre, Cortès, toujours très fidèle à ses sentiments démocratiques, se rangea à leur avis. [...] Ce matin-là, Cortès réunit ses hommes après la messe, loin d'éluder le véritable problème - le sentiment que ses hommes avaient eu qu'en détruisant les navires, il leur avait coupé la retraite et ne leur avait laissé le choix qu'entre la conquète et la mort - il s'y attarda : il leur dit qu'à présent ils auraient à combattre non seulement pour Dieu et le roi comme à l'ordinaire, mais aussi pour leur vie, "et, sur ce sujet, il fit de nombreuses comparaisons avec les actions héroïques des Romains". Aux pusillanimes, il offrait le seul navire qui restait - et son mépris. Ils n'acceptèrent ni l'un ni l'autre, et il échoua aussi le dernier navire.
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Las Casas écrit : "Certes, bien que les souffrances auxquelles les Espagnols se sont exposés aux Indes à la poursuite de la richesse aient été les plus affreuses et les plus cruelles que jamais hommes aient endurées dans le monde, celles que Hojeda et ses compagnons durent supporter furent parmi les plus cruelles." Ils débarquèrent à Cuba, échouèrent le vaisseau et décidèrent de marcher vers l'est pour se rapprocher d'Espagnola. L'Île n'était pas encore "peuplée", et dans ce no man's land, la faction de Talavera fit Hojeda prisonnier. Des indigènes belliqueux les attaquèrent; ils décidèrent alors de libérer Hojeda parce qu'il "valait à lui seul la moitié d'entre eux à la guerre". Il couvrirent ainsi plus de cinq cents kilomètres, au bout desquels ils se perdirent dans un marécage dont ils mirent trente jours à se sortir, marchant parfois avec de la boue jusqu'aux genoux, parfois s'enfonçant jusqu'au cou dans la vase nauséabonde; des vingt hommes, la moitié périrent de faim ou de soif, ou se noyèrent, dans le marais; quand ils le pouvaient, ils grimpaient dans des mangliers pour prendre quelques heures de sommeil. Pendant ces moments de repos, Hojeda tirait dans son sac "une image de Notre Dame, très pieuse et merveilleusement peinte, faite dans les Flandres", et la troupe en détresse priait pour son intercession. Finalement, avec l'aide et la charité de quelques Indiens pacifiques, ils purent envoyer un canot à la Jamaïque, et Hojeda fut sauvé par une caravelle commandée par un capitaine qui devait jouer un rôle important dans la vie de Cortès, Panfilo de Narvaez, lequel les emmena tous à la Jamaïque. Là, Hojeda fut très chevaleresquement hébergé par ce même Juan de Esquivel auquel il avait juré de couper la tête. Talavera fut pendu, et Hojeda s'en vint à mourrir à l'hôpital de Santo-Domingo, sans un sou pour payer son enterrement.
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Comme tous les hommes qui voient loin, il (Cortès) était pleinement conscient de l'importance des apparences. "Il se mit, dit Bernal Diaz, à soigner et à orner sa personne, bien plus qu'il n'avait coutume de faire, et il se mit à porter un chapeau à plume, avec une médaille d'or et une chaîne, et une veste de velours toute parsemée de noeuds d'or." Voilà pour le chef. Voyons à présent pour la bannière : "Il ordonna de faire deux étandards ou deux bannières, brodés d'or, avec les armes royales et une croix de chaque côté, et une volute où on lisait : "Frères et compagnons, suivons le signe "de la croix avec foi véritable, et avec lui nous vaincrons."
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