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EAN : 9782828916787
142 pages
Favre (22/03/2018)
3.28/5   9 notes
Résumé :
Le constat qu'il établit, au-delà de la dissolution des termes et de leurs sens dans la facilité instiguée par une époque ployant sous le festif, se double d'un diagnostic enracinant le mal dans une société française où, narcissisme radieux oblige, prévaut en définitive l'évitement des autres et de leurs opinions. Inutile aujourd'hui d'engager un authentique dialogue : le très intégré " chacun-ses-goûts ", entérinant l'imprescriptibilité des choix individuels, a eng... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'auteur dresse un pamphlet véhément de tous nos tics de langage qui envahissent les médias et notamment les interviews radiophoniques et télévisés : « c'est compliqué », « alors, voilà », « si vous voyez ce que je veux dire »… Pour Loïc Madec, l'utilisation répétée de ces scories langagières attestent d'un refus d'assumer ses propos : on préfère éluder la précision des mots, on évite le débat, on cherche directement le consensus avec des expressions comme « vous serez d'accord avec moi si je vous dis que ». Ces « déviances » actuelles, qui remplacent celles de hier, incombent à Lady Merx (le commerce tout puissant) et à Fun (le plaisir prédominant). J'ai lu avec attention et apprécié cette réflexion sur le narcissisme prégnant, « le bombage de torse » dont parle l'auteur et qui en dit long sur le gâchis de nos relations.
Il suffit de lire attentivement le titre puis le sous-titre de l'essai de Loïc Madec pour constater une lacune : l'espoir d'une guérison ou tout au moins d'une convalescence n'apparaît pas. Voilà le reproche principal que je fais à cet essai qui se cantonne à énumérer nos tics et nos tocs. La parole de Loïc Madec est piquante, acerbe, drôle car truffée de jeux de mots mais le propos reste méprisant et dénigreur pour les francophones.
Les notes de bas de page sont longues comme un jour sans pain et ont plombées ma lecture, les références sont nombreuses mais ne font pas partie de mon biotope.
Les français malades de leurs mots s'adresse à toutes ces personnes publiques qui parlent dans le vide « tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire » et qui n'ont pas pris conscience de « leur parole creuse ».
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Quel exercice difficile que de rédiger la critique d'un ouvrage qui n'a pas plu !
Je travaille avec les mots, je m'applique tous les jours à essayer d'écrire une belle langue française et de ce fait, déformation professionnelle oblige, les tics de langage et autres usages impropres, les expressions vides de sens comme « au jour d'aujourd'hui » etc. me font rire jaune. Je pensais vu le titre de l'ouvrage que les différentes expressions seraient décortiquées, que leur étymologie serait abordée et que leur usage « déviant » serait expliqué – par des raisons historiques, ou sociales ou que sais-je. Et bien non, pas du tout ! En fait les abus de langage ne sont que le prétexte, le point de départ, d'un pamphlet s'attaquant peu ou prou à tous les aspects de la société.
« Contre la parole creuse, ses symptômes et ses causes » précise la couverture. La préposition « contre » est le terme le plus important, car il s'avère que l'auteur est contre à peu près tout, et égratigne avec plus ou moins mépris - mais toujours consciencieusement – des catégories diverses de personnes : le Français moyen, qu'il appelle « affectueusement » Neuneu, les étudiants, les enfants (qui sont aussi abrutis que leurs parents), les femmes (il paraît que les Françaises ont « de plus en plus la voix qui part en vrille quand elles se veulent insistantes » et une passante se fait même taxer de « gourde »), les professeurs et avec eux l'ensemble de l'Éducation nationale (évidemment), les bobos, les ingénieurs, les psychologues, les chercheurs, les publicitaires, les journalistes, les animateurs radio, les politiques, les linguistes, les designers, les chefs cuistots… et je pourrais continuer de dérouler cette liste mais je ressens une grande lassitude, comme celle qui s'est emparée de moi à la lecture de cet essai. Rien ni personne ne trouve grâce aux yeux de l'auteur, à part peut-être (peut-être !) MM. Onfray et Finkielkraut – mais alors seulement par défaut, via le simple fait que Neuneu ne les apprécie pas. Et comme l'a souligné un autre lecteur de Babelio, aucune solution, aucune alternative n'est proposée, aucune ouverture n'est entrevue ni recherchée : c'est « juste » la litanie du Schtroumpf grognon (désolée mais c'est vraiment l'image mentale qui m'est apparue).
Une telle négativité est harassante (car je dois être Neuneu moi aussi). Sans compter que si le fond est déprimant, la forme est au mieux ardue. le texte est travaillé à l'extrême et regorge de jeux de mots, de bons mots, de néologismes (souvent fort bien trouvés). Hélas, le mieux étant l'ennemi du bien, quand la sophistication est excessive elle gêne la compréhension (en tout cas la mienne !). le texte est par ailleurs jalonné de nombreux renvois vers des notes de bas de page (dont le volume doit être supérieur à celui du texte proprement dit, heureusement que leur police est minuscule) qui hachent complètement le propos.
Je remercie néanmoins Babelio et Masse critique pour la découverte de cet ouvrage et je regrette que le charme n'ait pas opéré.
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Merci aux éditions "Essai Favre" et à Masse critique pour ce livre, reçu il y a déjà presque trois semaines et dont je viens de terminer la lecture... Un peu difficile. le sujet est passionnant, et la plume de Loïc Madec griffe et mord à chaque page. Cependant j'avoue avoir été un peu dépassée par le propos, qui dénonce à la fois l'appauvrissement de la belle langue française, et l'utilisation qui en est faite par les médias, les politiques, le citoyen : de nombreuses citations étayent cet essai. Lu pendant les vacances, cet ouvrage très dense a eu du mal à passer...Je le reprendrai un peu plus tard.
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La communication est sans doutes la plus grande force de l'être humain.

Hélas, cela fait un bon moment que je constate que nous ne communiquons plus : chacun fait du bruit de son côté sans chercher à écouter l'autre ou à s'ouvrir aux autres. le seul mérite de ce livre est de nous montrer comment chacun d'entre nous a perdu le sens du dialogue pour se prêter au monologue narcissique.

De ce fait, on peut constater dans ce panphlet, qu'il n'est rien de plus que ce contre quoi il a été écrit.

Car le soucis est bien là. Chacun en France a tendance à se croire au dessus de l'autre, chacun se croit meilleur que l'autre, plus intelligent...

Chacun se prend pour une lumière et cherche à éclairer les autres sans jamais apporter une solution réelle pour lutter contre cette noirceur qui se développe en chacun de nous.

Si la France est le pays des Lumières, il faut admettre que celles-ci se sont éteintes depuis longtemps.

J'aurai pu être moins avare quant à la note accordée si seulement l'auteur avait fait l'effort de proposer quelque chose... Ne serait-ce qu'un début de dialogue avec les autres.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Puisque cet Homme hypermoderne (sybarite suçoteur de pailles recroquevillé sous ses écouteurs, nanti épicurien détaché, majorité silencieuse rongeant son frein, prolo rêvant des Maldives, etc.) est incapable d'assumer le désarroi qu'il engendre - plus on veut, plus on attend, plus on s'ennuie, plus on souffre... -, il appelle au secours l'indicible Armada: psychologues - Ah! la cellule d'aide psychologique «mise en place» pour un parapluie égaré ou une déripette! - antidépresseurs, tribunaux, addictologues, coaching, sophrologues, guides en tout genre, ceux pondus par les ministères servant de vitrine à leur preux labeur et leur amour des administrés : Guide pratique de l'accessibilité (pour les handicapés), Guide pratique des stages étudiants, Guide du crédit d'impôt recherche, Guide pratique du fait religieux (dans les entreprises privées), Guide d'élaboration des schémas départementaux des services aux familles [....], Guide méthodologie de gestion des sols pollués, etc.
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Les profs de français eux-mêmes – à qui il ne faut pas faire entièrement porter le chapeau (le bonnet d’âne) de la ruine – ignorent, pour ne pas s’être suffisamment (voire pas du tout) colletés avec la grammaire analytique, la dénomination des éléments d’une phrase.
Comme si un mécanicien formant un apprenti lui expliquait le fonctionnement d’un moteur sans utiliser les mots soupape, culasse, piston, vilebrequin…
Les pédagogues qui sous-traitent l’immolation de l’enseignement pour le compte de l’Éducation nationale font obtusément en sorte que – fièvre égalitariste oblige – le parcours scolaire soit indolore : autant promettre la victoire à un marathonien en l’installant dans un canapé. (p. 50)
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" Impossible ici de ne pas égratigner un domaine qui m’est familier et où l’on « kiffe grave » cette Complexité : la didactique des langues étrangères. Y macère un joli paquet d’andouilles animées par une lubie vengeresse : zigouiller les stéréotypes. C’est leur grande affaire, et elles ne reculent devant rien pour concasser le Réel, le modeler à l’image de leur foucade.
Le débutant en français, à qui on devrait épargner les doutes oiseux, peut ainsi lire dans un certain manuel d’apprentissage qu’une Danoise prénommée Karen est « petite et brune ». 'Ai-je bien compris ?' s’interroge l’étudiant qui se demande tout de go, les tempes humides, si « pour le coup » – expression chérie par l’obligeante Adèle Van Reeth – Brigitte Nielsen ne serait pas bolivienne… Il doit même s’attendre à voir surgir plus loin dans son bréviaire, entre deux pages sur les cocotiers de Sibérie et la bouillabaisse vosgienne, un Qatari en culotte de peau, une chope de bière à la main… " (pp. 65-66)
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Mais l'élite n'est pas qu'enseignante ou dirigeante, et la décomposition de la parole n'est pas que le propre des professeurs et des gouvernants: ailleurs, des notables censés nous aider pataugent eux aussi dans la sanie langagière...
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