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sur 624 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Marx, pour les livres "interdits" que les parents enterrent pour ne pas être emprisonnés, la poupée, pour les jouets que la petite fille DOIT donner à ses petits camarades pauvres, mais qu'elle enterre aussi sous l'arbre.
Dur, dur cheminement de l'exil, de l'enterrement aussi de la langue natale pour s'approprier l'autre, de ce pays d'adoption dont on ne sait- quand on est une petite fille de 6 ans- si on doit l'aimer ou le haïr...
Pour avoir eu "à charge" pendant plusieurs années, de jeunes allophones auxquels j'avais "mission" de faire apprécier toutes les subtilités (?!) de notre belle langue, je partage tout à fait le propos de Maryam Madjidi : j'ai connu ce mutisme, ces regards apeurés, ces angoisses devant la nourriture "étrange"... Mais j'ai aussi été souvent éblouie et admirative devant les capacités étonnantes de ces jeunes meurtris dans leur dignité et qui très vite, arrivaient à des performances bien supérieures à celles des petits francophones baignés dans leurs certitudes et leur confort.
Comme eux, Maryam Madjidi maîtrise parfaitement notre langue et elle en fait le plus bel usage dans son roman dont j'ai envie de dire qu'il est à la fois en partie autobiographique et largement poétique. Une très belle façon de parler du déracinement, de l'appartenance à deux cultures, mais aussi de l'obligation de fuir les régimes de terreur générés par l'obscurantisme pour protéger la vie des siens.
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dans le ventre de sa mère, Maryam vit les premières heures de la Révolution iranienne. six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris.
Livre léger et profond qui raconte son intégration en France, "ses naissances"
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Attention, coup de coeur !!
La lecture d'un roman, c'est la rencontre d'un auteur et d'un lecteur par le biais de mots, de phrases, de blancs. Ce livre, je l'ai fait mien. J'ai tout aimé dans ce texte à la fois récit, contes, poèmes.
J'ai aimé les personnages, leurs destins qui m'ont bouleversée. J'ai aimé le traitement des thèmes de l'exil, de la langue perdue, de la langue conquise, de la fidélité aux siens et à soi.
J'ai aimé l'écriture précise, tantôt lyrique, tantôt percutante.
Ce récit autobiographique nous raconte la vie de Maryam, née en Iran de militants communistes, grandie dans la France de l'exil. Il nous raconte la peur, la solitude, le besoin de se trouver une place.
Trois parties pour dire la naissance en Iran, le « il était une fois » originel ; une autre pour dire l'exil en France, la volonté de se faire une place, la culpabilité de la trahison, et enfin une troisième pour dire le « il était une fois » de la renaissance dans la réconciliation et l'apaisement.
Un livre pour rendre hommage à ceux qui ont traversé la vie de Maryam, qui l'ont accompagnée : ses parents, bien sûr, militants convaincus et que la vie épuisera ; sa grand-mère, attentive, aimante, le phare qui éclairera sa vie aux pires moments ; les hommes de sa famille à Téhéran, victimes de la répression, emprisonnés, broyés, alors qu'ils étaient tellement généreux. Et à beaucoup d'autres : une copine solaire, les femmes iraniennes qui résistent, le chauffeur de taxi qui récite des poèmes…
Ecrire pour faire fleurir ce qu'il y a de beau chez l'autre, le faire revivre.
Un livre qui raconte, mais aussi un livre qui fait réfléchir en pointant la complexité de l'exil, l'enferment des préjugés simplistes ou simplificateurs.
Un livre qui enchante comme un poème d'Omar Khayyam (relu à cette occasion), comme un conte des Mille et une nuits. Mais aussi comme un poème, comme un conte de Maryam Madjidi.
Au final, un livre que j'ai relu complètement pour écrire cet avis, et que j'aime tellement que j'ai envie de me taire pour le faire résonner longtemps…
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Inutile de revenir sur ce coup de maître, un premier roman d'une très grande qualité: ceux qui ont écrit avant moi l'ont parfaitement cerné. Roman mais aussi récit, poésie, journal, autobiographie, fable...Maryam est une conteuse et commence souvent par"il était une fois"; la construction n'est ni linéaire ni chronologique: les souvenirs s'éparpillent. L'ensemble est présenté comme trois naissances, toutes difficiles à vivre: c'est une jeune adulte qui revient sur son enfance heureuse détruite par l'exil forcé, sur les premières années en France où tout est question, rejet, souffrance. La petite fille ne joue pas, ne parle pas, fait des dessins effrayants, d'horribles cauchemars, ne mange pas. Comment peut-on être persane mais aussi comment peut-on être française? Les masques tombent celui de l'exotisme romanesque et celui de la douleur refoulée.
Maryam vit comme du racisme la question sur ses origines;
"Je ne suis pas un arbre, je n'ai pas de racines"
La troisième naissance est une réconciliation. La grand-mère tant chérie ,restée en Iran, mais présente en esprit conseille:"Maryam, réconcilie-toi avec ta double culture. Fais la paix en toi".
J'ai compris pourquoi mon insatiable curiosité à propos des origines pouvait blesser; j'ai compris qu'une double culture n'est pas forcément ressentie comme une richesse mais plutôt comme un écartèlement
sur le blog de mon Café Littéraire, je vais mener l'entretien qui n'a pas eu lieu! voir http://cafelitterairedelambersart.wordpress.com
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Au-delà du magnifique récit romanesque (largement autobiographique mais "romanesque" (c'est écrit sur la couverture !)), Maryam Madjadi nous livre une oeuvre ciselée de manière magistrale :

Si sa construction peut paraître complexe au premier abord, elle prend sens au fil des pages et magnifie le récit.

Véritable catalogue typographique, ce texte à la fois en italiques, en gras, en polices latine et arabe, mêle aussi les genres littéraires : journal, poème, fable, roman. Les dialogues côtoient la narration à la première personne puis à la 3ème.

Le titre. A première vue : il n'inspire pas grand-chose. Ce n'est qu'après la lecture du roman que l'on saisit sa pertinence : : "MARX" : pour Karl Marx (communisme de ses parents) déclencheur de cet exil et rappel de la rue Marx Dormoy point d'impact de cet exil.
"LA POUPEE" : jouet symbolique de cette enfance ballotée entre deux pays, objet que sa grand-mère lui offre en provenance d'Allemagne -jouet exilé aussi, personnification de Maryam.

L'objet "Table des matières" est une splendeur ! Présentée en deux colonnes (2 piliers des 2 cultures), texte centré, à lire comme un poème-conte ponctué par les "il était une fois"...

La deuxième des "3 naissances" (parties) du roman s'assoit sur ces deux colonnes, telles des "lettres suspendues comme une longue guirlande de mots allant de la mansarde parisienne aux toits des maisons de Téhéran" (p. 102)

Dans cette table aussi, 2 chapitres questionnent et synthétisent la thématique ("Comment peut-être persane ?" et "comment peut-on être français ?")

Ce roman-bijou, véritable "exercice de styles" rend hommage simultanément aux cultures française et iranienne et vient d'être consacré par le prix Goncourt du 1er roman.
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Marx Et La Poupée est un récit autobiographique assez original de la célèbre romancière Maryam Madjidi, qui remporte le prix Goncourt du premier roman en 2017 pour ce texte qui a connu un énorme succès.
C'est l'histoire d'une petite fille de 6 ans qui se retrouve confrontée à une guerre de lutte contre le pouvoir de Khomeini en Iran dans les années 1980. Dans la première partie du roman, c'est l'histoire d'une lutte politique et d'un combat que la petite fille mène avec sa famille.
Dans la deuxième partie du roman, c'est le grand départ pour la France dans les années 1986, un pays qui est pour elle, le « Nouveau monde », c'est la découverte de la langue française et de l'école, mais c'est aussi la construction d'une nouvelle identité pour Maryam.
Passionnée par la littérature et l'écriture, Maryam Madjidi revient sur son enfance tragique et douloureuse à l'image d'une petite fille innocente pour sauver son histoire de l'oubli, entre deux identités, iranienne et française. Elle se retrouve confrontée à une nouvelle langue qui est le français, le chapitre « Lutte des langues » nous montre à quel degré Maryam Madjidi devrait faire face à cette diversité linguistique, mais nous rappelle aussi que le choix entre le Persan, sa langue maternelle et le français, n'est pas souvent facile. La langue maternelle est décrite comme une vieille femme qui la suit partout où va le personnage et qui est incarnée en lui.
Ce roman est une merveille, c'est non seulement l'histoire d'une exilée, mais c'est tout un combat d'intégration. Si Maryam Madjidi lance un message à travers ce roman, c'est bien le message de la fierté par rapport à la diversité culturelle. L'auteure rappelle qu'il n'est pas toujours nécessaire de choisir entre sa langue maternelle et celle du pays d'accueil, qu'il faut être fier de son plurilinguisme, car c'est cela qui fait la personne que nous sommes.

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Deux dictatures. Deux obscurantismes. L'argent-roi + la théocratie. Heureusement la conscience, l'engagement et la résistance existent... Plus globalement, ayant lu pas mal d'ouvrages sur l'exil, républicains espagnols, pieds-noirs dont Albert Camus, harkis, vietnamiens, issus de l'amérique latine,...), je n'ai pas retrouvé les mêmes problématiques, les mêmes exigences,... Du coup, je me suis mis au travail pour comprendre... merci...
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Coup de coeur également pour ce beau roman en forme de journal.
C'est l'histoire d'une famille iranienne qui veut devenir française tout en restant persanne.
Maryam est une petite fille qui connait l'exil dès l'âge de 6 ans. Ses parents, communistes, fuient la révolution irannienne pour s'installer en France. Perdre ses repères, sa famille n'est pas chose aisée quand on est si petite et qu'on sent ses parents en plein désarroi. L'auteure nous parle de l'intégration, de l'identité, des racines, du grand écart que l'exil provoque entre les 2 cultures. Elle alterne les passages à Paris et en Iran, entre l'âge tendre et l'âge adulte.
C'est magnifiquement écrit. A découvrir de toute urgence. Quel plaisir de lecture ! Maryam Madjidi a reçu le prix Goncourt du 1er roman en 2017.
Lien : https://recettesetrecits.fr/..
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Énorme coup de coeur pour ce récit ! Maryam Madjidi relate dans ce court texte (à peine plus de 200 pages en poche) son exil de l'Iran vers la France à l'âge de six ans, avec ses parents, fervents opposants au régime. Elle raconte avec humour et sans tabou les difficultés à jongler avec cette double culture qu'elle acquiert progressivement et le sentiment de n'être jamais "d'ici" : iranienne en France et française en Iran.

J'ai lu ce livre presque d'une traite, suspendue à la langue de l'autrice, qui manie sa plume avec virtuosité. A lire absolument !
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