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sur 624 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un couple d'Iranien s'exile en France avec dans ses bagages une fillette de 6 ans. C'est la narratrice. Dans un magnifique récit très poétique, au ton très juste, elle nous livre ses souvenirs mi-réels mi-imaginaires sur l'exil. Nous voyons l'enfant quitter une langue pour une autre que maintenant adulte elle manie avec grand art. Dans de courts chapitre, à la manière d'un conte, elle nous fait vivre son expérience et nous livre ses réflexions sur l'exil. Avec elle nous comprenons mieux le sentiment de déracinement qui empli tous les exilés. Ils ne seront jamais d'ici mais plus jamais de là-bas. Peut-on s'intégrer sans le fardeau de ses origines qui est aussi notre richesse?
Je n'avais pas fait cette chronique juste après lecture et de si belles choses ont déjà été écrites!
A bien mérité son prix Goncourt du premier roman
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Quelle langue! Quelle poésie! C'est beau, c'est un régal à lire, relire, à écouter la musicalité de certains passages, à déguster ce petit bijou de littérature!
"Marx et la poupée" c'est un travail sur les souvenirs, sur la mémoire, sur les racines et sur l'exil. Entre Paris et Téhéran, Maryam Madjidi nous entraîne dans un tourbillon de souvenirs qui s'entrechoquent, de petits paragraphes en extraits de poèmes, d'une révolution à un exil, et d'une petite fille à une femme. C'est plein de petites histoires, de petites bulles d'anecdotes, de pleurs et de rires.
L'auteure n'a que 6 ans lorsque ses parents décident de quitter Téhéran pour Paris suite à la révolution iranienne. Elle décrit par petites touches sa découverte de la langue, de la nourriture, son refus de parler/manger pendant un temps, ses dessins macabres et son oubli du persan. le personnage de la grand-mère est important, qui apparaît et disparaît, mémoire vivante de son pays d'origine, qu'elle cherche et repousse selon les moments. le livre est divisé en trois grands chapitres (première, deuxième et troisième naissance) qui sont autant d'étapes que l'écrivaine évoquent quand à sa relation à l'exil et à ses racines. La langue, incontestablement, est ce qui la guide, cette langue oubliée qui revient. Plusieurs extraits à ce sujet sont très émouvants, je pense à celui-ci par exemple :

"Un étrange bruit attire son attention. C'est le bruit d'une canne qui frappe le pavé. Elle tourne la tête et voit une vieille femme avancer vers elle. Elle a le visage recouvert mais un parfum familier et rassurant se dégage d'elle. Elle s'assoit près d'elle sur le banc.
- Je te l'avais dit : tu reviendras vers moi. Tu es revenue à présent.
- Vous êtes qui ?
- Tu ne me reconnais pas? Je suis ta langue maternelle. Je t'ai attendue tout ce temps."

On est à plusieurs reprises dans la fable, comme l'indiquent certains titres comme "il était une fois". Dans cet entrelacs de souvenirs parfois difficiles, le réel est sublimé par ces passages où le conte prend le dessus. L'ensemble est très poétique et infiniment réussi.

Lien : https://lorenaisreadingabook..
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Un patchwork... Oui. Un somptueux patchwork, c'est la première image qui me reste en mémoire après la lecture du premier roman de Maryam Madjidi. Roman ? Pas roman ? Quelle importance ? Pour moi, "Marx et la poupée" plonge ses racines dans l'origine du mot "texte" : une "chose tissée, tramée" et l'image du patchwork ou de la tapisserie prend alors une puissance inouïe. Souvenirs, courtes fables, contes, portraits, poèmes... s'esquissent, se déploient et appellent d'autres images, tissées entre elles par les fils dorés des langues. La langue originelle, le persan, et celle de l'exil, ce français né d'un silence où s'engloutissent l'enfance et les liens familiaux, procèdent par vagues douces et violentes, se superposant parfois, luttant souvent, et se juxtaposant enfin en épaisseurs fertiles. C'est si beau que l'envie m'a prise de lire à haute voix, de faire résonner haut et clair ces strates de chagrin, de peur, de nostalgie et de déracinement.
Déracinée. Il y a dans ce mot toute la violence de l'arrachement à tout ce qui a nourri et fait croître, à la tendresse d'une grand-mère et à la complicité avec un oncle. Il y a la maison qu'on abandonne à jamais, les jouets que l'on est contraint de donner, la sensation de tomber inexorablement au creux d'un cauchemar où l'inconnu ne peut être que funeste. L'exil est cet arrachement brutal à un lieu, à des proches aimés, à une langue, à une mémoire commune. Maryam Madjidi exprime toute la douleur qui en résulte pour une petite fille de 6 ans. Avec un humour tendre, qui voile de pudeur cette souffrance brûlante, qui la met à distance pour évacuer toute possibilité de pathos, elle raconte ces moments à la fois dévastateurs et fondateurs. Car les racines mises à nu le temps du déchirement sont artificiellement implantées dans un autre terreau, pas forcément accueillant, un terreau étranger où l'étrange est d'être persan.
On l'oublie bien trop souvent mais une langue ce n'est pas seulement un vocabulaire qu'il suffit d'apprendre et de référer aux choses réelles, ce n'est pas seulement une syntaxe et une conjugaison. Une langue c'est aussi (surtout ?) le vecteur d'une culture et d'un imaginaire collectifs, formés d'images mentales, de catégories intellectuelles, psychologiques et affectives, d'une connivence entre mode de vie et constructions langagières. Comment le vécu antérieur d'un enfant, d'un adulte peut-il assimiler et accommoder cet ensemble qui ne paraît cohérent qu'à ceux dont les générations successives en ont fait la langue maternelle ? Faut-il que ce soit forcément au prix de l'oubli, de la relégation de tout ce qui fait une vie commencée ailleurs ? S'intégrer à une culture, dans une société, est-il forcément le corollaire de désintégrer la culture d'origine ? le roman de Maryam Madjidi soulève avec une force bouleversante chacune de ces questions-pièges, de ces questions-pierres en les plaçant au niveau de l'enfant blessée qu'elle fut probablement et de l'adulte recomposée qu'elle est sans doute.
Oui un patchwork coloré, chatoyant, qui tisse étroitement langues, cultures, espoirs, émotions, rêves et chants. Une étoffe fabuleuse qui épouse les pleins et les déliés d'une vie trois fois naissante. Un roman magnifique qu'il faut lire et relire et relire encore jusqu'à s'en imprégner pour le porter toujours.
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La douleur de l'exil

En 1979 à Téhéran c'est l'époque de la révolution iranienne, du départ du Shah, de l'arrivée de Khomeini et du rêve brisé pour beaucoup d'iraniens.
Maryam est encore dans le ventre de sa mère et c'est de ce cocon qu'elle commence à nous raconter son histoire et celle de sa famille. La révolution iranienne vue par une petite fille qui va fuir cet enfer avec ses parents à l'âge de 6 ans, la famille s'installe alors à Paris.

Maryam Madjidi exhume ses souvenirs "Je déterre les morts en écrivant. Je me retrouve avec tous ces morts qui me fixent du regard et qui m'implorent de les raconter.", elle évoque le militantisme de ses parents, les réunions politiques clandestines à leur domicile, les documents compromettants passés aux camarades cachés dans ses couches, son oncle emprisonné, les corps mal enterrés dans les fosses communes qui réapparaissent lors des fortes pluies... Une vie de peur, de mort, de dénonciation et de torture.

Puis ce sera l'exil forcé en 1986, le jardin où on enterre les livres et les rêves avant de fuir, les jouets donnés aux enfants pauvres du quartier. L'arrivée à Paris dans une chambre de bonne, les angoisses, les cauchemars, les fantômes qui la hantent, une mère qui s'éteint peu à peu, qui s'enferme dans un "monde sans vie de lettres, de mots, de fantômes." " Tu n'osais parler cette langue étrangère, à la place des mots, tu souriais. le sourire qui s'excuse, le sourire gêné de ceux qui ne parlent pas la langue du pays."

Maryam Madjidi parsème son récit de flashs sur des retours qu'elle a effectués à Téhéran dans les années 2000, elle parle de l'ambivalence des sentiments de son père tiraillé entre l'envie de se joindre aux cris des manifestants et le désir de ne pas mourir pour des idées, ce qu'il ne veut plus en vieillissant. Elle insère l'histoire de ses cousines restées en Iran, nous raconte avec quelques anecdotes bien choisies le sort des femmes à Téhéran.

Maryam Madjidi trouve les mots pour parler de la question de la double culture, de la barrière de la langue qui fait se sentir invisible, des mots français qu'elle comprend rapidement mais sans pouvoir les prononcer "elle couve sa nouvelle langue comme une poule son oeuf.", de sa solitude dans sa bulle face à l'indifférence et aux moqueries de ses camarades d'école. Elle est une petite fille qui ne joue pas, puis ne parle pas, puis ne mange pas la nourriture qu'on lui propose, si différente de celle de son pays.

Elle souligne la distance qui se creuse peu à peu avec son père qui voudrait qu'elle maintienne un lien avec ses origines par le biais de la langue. "Nous construisions ensemble un mur entre nous, chacun posant sa brique. Ta brique du persan et des racines. Ma brique du français et de l'intégration"
Elle comprendra plus tard qu'elle a subi un grand nettoyage, que la volonté d'assimilation à tout prix est passée par la négation de sa culture, de son identité, de sa langue.

"Étrange façon d'accueillir l'autre chez soi j'accepte que tu sois chez moi
mais à condition que tu t'efforces d'être comme moi. Oublie d'où tu viens, ici ça ne compte plus."

Constitué de courts chapitres où l'auteure mêle à merveille le "je" et le "elle" de la petite fille puis de la femme, ce roman décrit des petites tranches de vie, de lutte et de peur dans la première partie. Ensuite la nostalgie du pays, la douleur refoulée transpirent à chaque page. En peu de mots extrêmement bien choisis, Maryam Madjidi m'a énormément émue, le très beau chapitre sur les mains de son père puis sur la disparition de sa langue maternelle et sur la lutte des langues pour ne citer que ceux-là, sont de pures merveilles. Sa plume est très belle et son récit est délicieusement poétique.
Je n'avais jamais rien lu d'aussi profond sur l'exil, sur la nostalgie du pays, sur la difficulté à se construire dans une double culture " Je ne suis pas en guerre avec ça, je suis en colère contre ces hypocrites qui s'extasient sur une blessure" elle qui "vacille tout le temps, d'un bord à l'autre."
Ce premier roman à forte composante autobiographique est une vraie réussite.
Bravo aux Editions du Nouvel Attila pour la très belle couverture.

Ce roman est sélectionné pour le prix des libraires 2017 et pour le Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2017.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Iran, la mère de Maryam, étudiante en médecine révolutionnaire, saute par la fenêtre de l'université pour échapper aux milices; elle est enceinte de six mois.

Maryam, cinq ans, est désespérée de donner ses jouets à tous les enfants pauvres de son quartier de Téhéran; ses parents, fervents communistes, lui inculquent que l'idée de propriété est un fléau.

Maryam, six ans, sur le point de rejoindre son père en France avec sa mère, fait une crise de larmes à l'aéroport de Téhéran; un barbu vient de leur confisquer leurs passeports.

Maryam, sept ans, fait semblant de jouer dans la cour de l'école et observe les autres du coin de l'oeil; elle ne comprend ni les codes ni la langue de ce pays.

Maryam, huit ans, refuse d'apprendre à lire et à écrire le perse avec son père; sa langue maintenant c'est le français.

Des moments de vie, comme un journal, d'une douce violence, un exil déchirant sauvé par l'amour des mots et de la langue.

J'ai adoré cette lecture et cette plume, mélange entre autobiographie, poésie, journal de bord et souvenirs pêle-mêles.

Sous son aspect un peu fouillis, d'une maitrise incroyable et audacieuse pour un premier roman, l'histoire de Maryam est terriblement attachante et bouleversante.

À lire!
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Premier roman en grande partie autobiographique, Marx et la poupée raconte la révolution iranienne, l'exil, le déracinement et la quête identitaire à travers le regard d'une petite fille à différentes étapes de sa vie.

Le livre est divisé en trois parties correspondant chacune à une naissance. 1ère naissance: en Iran, dans la douleur. La naissance et la petite enfance de la narratrice sont marquées par les activités politiques illégales de ses parents communistes et opposants au régime de Khomeiny. 2ème naissance: en France, dans les difficultés de l'exil. La confrontation entre la découverte d'un nouveau pays, d'une nouvelle langue et d'une nouvelle culture et les souvenirs du pays d'origine rendent l'intégration difficile dans la mesure où la narratrice doit dorénavant jongler avec deux identités. 3ème naissance: en Iran, dans l'apaisement. C'est le retour aux sources salvateur d'une petite fille devenue femme qui se réconcilie avec ses diverses identités et qui prend conscience qu'il n'est pas nécessaire d'en rejeter une au détriment de l'autre.

Si la narration fragmentée et non linéaire à la 1ère comme à la 3ème personne peut tout d'abord surprendre, l'incessant aller-retour géographique et temporel ainsi que l'alternance des points de vue d'où surgissent
parfois pêle-mêle des souvenirs anciens et des événements plus récents rend en fait le récit spontané et dynamique. Ce sentiment est renforcé par un ton direct, franc, sans concession. S'ils sont parfois remplis d'ironie et de colère, les mots de l'auteure sont aussi empreints de douceur, de tendresse et d'une infinie poésie.

En rendant hommage au combat de ses parents et en sauvant de l'oubli les souvenirs et les histoires de son enfance, Maryam Madjidi signe avec Marx et la poupée un témoignage poignant de sincérité sur l'exil et le déracinement, sur la quête d'identité et la construction de soi.

Une très belle découverte!
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Le joli titre fait référence à deux aspects de la vie de la narratrice : l'engagement communiste de ses parents et un symbole de l'enfance qu'elle a dû laisser dans son pays natal.
Tout commence alors que Maryam est dans le ventre de sa mère, « une folle irresponsable » comme elle l'appelle tendrement parce qu'elle glissait dans ses couches des documents émanant du parti d'opposition. Nous sommes en 1980 en Iran. Un an plus tôt, la République islamique a été instaurée. Les ennemis du régime sont muselés, envoyés en prison voire plus.
Alors qu'elle n'a que 5 ans, la famille s'exile en France, une deuxième naissance pour la petite fille qui a pourtant bien du mal à s'intégrer. Elle fait des cauchemars, refuse de s'alimenter et d'apprendre le français.
Pastilles impressionnistes, tranches de vies intimistes, les histoires autobiographiques de Maryam Madjidi forment le récit d'un exil qui provoque souvent chez les proscrits une forme de schizophrénie, tiraillés qu'ils sont entre l'amour de la terre natale et de la famille qui y est restée et la volonté de devenir de véritables citoyens du pays d'accueil. D'autant plus que la méchanceté, l'intolérance et le racisme ordinaires ne les aident pas (lire le chapitre « Comment peut-on être français ? ») dans leur quête d'une identité.
Comme souvent, les réfugiés, tout au moins ceux qui en ont les moyens, ont la bougeotte, soulignant leur difficulté à s'enraciner. C'est le cas de Maryam qui a eu la chance de retourner en Iran et de retrouver sa grand-mère adorée, qui a vécu quatre ans en Chine, un an en Turquie avant de se poser à Paris pour « contempler le monde » comme le lui a appris sa mère. Définitivement ?
Le bannissement est aussi synonyme de solitude dont Maryam est sortie par l'écriture dans une langue qu'elle s'est appropriée dont le résultat est ce joli premier roman à la fois tendre, violent, drôle et lyrique qui convoque, entre autres, le grand poète persan Khayyâm.
« Marx et la poupée », c'est aussi le portrait d'un Iran bourré de paradoxes où la jeunesse ruse pour vivre intensément malgré les interdits de la milice des bonnes moeurs et où les relations sont érotisées malgré ou grâce au tchador. Cette hypocrisie me rappelle les livres de Chahdortt Djavann, « Les putes voilées n'iront jamais au Paradis ! » ou encore de Négar Djavadi, « Désorientale ».
Un petit bémol m'a empêché de décerner le « label » coup de coeur : un style un peu décousu et chaotique pas toujours facile à suivre mais qui résume bien la vie un peu folle de l'auteure.

EXTRAITS
Ange sans ailes, ma folle irresponsable, ma douce assassine ; à cet instant-là, tu as creusé un trou en moi dans lequel toutes les angoisses de ma vie future prendront racine.
Petite voleuse des bijoux de ton âme.
Je déterre les morts en écrivant.
Alors la petite fille aux grosses boucles noires imagine des dialogues avec des amis imaginaires. Elle invente des histoires. Des histoires qui consolent. Des histoires qui remplissent la bouche du réel.
Cette enfant nous tuera ! Après ses dessins terrifiants, ses crises de nerf la nuit, sa grève de la faim, maintenant elle refuse de parler. Mais que va-t-elle devenir ?
La seule chose que nous avons su préserver, c'est notre poésie et c'est la seule chose à sauver de l'Iran.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Un roman coup de coeur, parfois touchant, parfois drôle, remarquablement bien écrit, et narrativement passionnant.
Pour une critique plus complète, suivez le lien :
Lien : https://lartetletreblog.word..
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Ce texte est un petit bijou. Original dans sa construction, il l'est aussi dans son écriture. Elle est d'une beauté, d'une poésie, d'une élégance; elle est d'une délicatesse et d'une finesse, elle est raffinée, très agréable à lire et à entendre. Et c'est l'exil qu'elle écrit, c'est un drame de la vie qu'elle expose. On s'y retrouve forcément quand on est, comme l'auteure, fille de réfugiés politiques; quand on a, comme elle, grandi dans un entre-deux; quand on a, comme elle, évolué dans un monde tiraillé par deux cultures. Les enfants d'immigrés et de réfugiés le savent: ils n'ont pas de « chez-nous ». Éternels étrangers – étrangers dans le pays d'origine, étrangers dans le pays d'accueil- leur pays c'est l'exil; un espace intermédiaire, un « entre-deux » qui n'est pas sans poser quelques difficultés. Maryam Madjidi l'évoque brillamment. Il y a, dans son récit, une douceur dans la douleur, une tendresse dans la tristesse. Il y a plein d'amour et de nostalgie. Il y a tous ces sentiments, ces émotions qui font la vie de l'exilé(e); leur rapport à l'identité, à la langue, à la culture. J'ai beaucoup aimé. C'est forcément à conseiller.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Maryam nous raconte l'histoire de son pays qui massacre ses meilleurs enfants, où la milice des bonne moeurs s'attaque à toute femme mal voilée ou habillée de manière provocante.
Son père banquier, licencié pour avoir déposer des tracts dans les bureaux de ses collègues. Sa mère,renvoyée de l'université parce qu'elle milite et qui combat pour que les femmes de son pays, puissent avoir des droits, être libres. Ses parents qui cachent les documents compromettants dans ses couches de bébé. Saman, l'oncle emprisonné et torturé qui apprend le français en prison pour comprendre le sens des paroles de Jacques Brel.
Mais un jour le père et la mère sentent leur foi révolutionnaire déclinée,ils veulent vivre, pour cela il faut partir, pour que leur fille grandisse dans un pays libre et moderne.
L'exil dans un studio de 15m2 au sixième étage avec toilette et douche sur le palier, devoir partager son intimité avec des inconnus. Heureusement il y a Shirin, compagne de jeux, délicieusement laide, mais joyeuse et pleine de vie.
Sa mère écrit des lettres et attend des réponses, espère le retour, l'imaginaire retour pour revoir sa famille et son pays.
A l'école, Maryam reste muette, elle préfère garder cette nouvelle langue pour elle, et puis soudain elle "enfante" son français, elle se met à parler sans s'arrêter au point "d'avaler" sa langue maternelle.
la difficulté d'une double culture, en France on lui dit qu'elle est iranienne, en Iran qu'elle est française.
Et puis un jour la langue retrouvée , le retour au pays natal, pour embrasser sa grand-mère après dix-sept ans, plonger sa tête dans son cou et respirer son enfance, les sucreries, les chansons, les sirops, la chaleur, la mer Caspienne, les fruits, les bruits, les odeurs, les parfums, ces morceaux de sa vie qui ont été déracinés.
Une écriture simple, douce et tendre qui raconte une jeunesse en Iran et l'exil en France, une âme perdue entre deux cultures et deux identités. Un livre lumineux et bouleversant sur le déracinement porté par la voix d'une petite fille. Une émotion ressentie tout au long de ces 200 pages magnifiques.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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