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3,95

sur 622 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une belle réussite que ce premier roman, qui oscille entre souvenirs personnels, nostalgie des racines, difficulté à porter une double culture, volonté d'intégration et questionnement identitaire. Marx et la poupée de Maryam Madjidi m'a fait passer un bon moment de lecture. Je me suis laissé séduire facilement par la poésie de l'auteur, l'émotion qui émane de ses lettres persanes et finalement, la part de magie orientale qu'elle restitue dans son texte.
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Marx et la poupée. Drôle de titre... qui évoque en deux mots clés, l'odyssée d'une famille iranienne, celle de Maryam Madjidi, fuyant le régime des ayatollahs et la féroce répression qui va s'abattre, à partir de 1980, sur les opposants, notamment les étudiants et les militants communistes, comme les parents de Maryam.
Rien que nous ne connaissions pas déjà sur tout ce qui touche à la torture, à l'emprisonnement arbitraire ou à la "police des moeurs" chargée de remettre dans le droit chemin de la charia celles et ceux qui la transgresse.
Ce qui m'a intéressée et touchée dans ce récit autobiographique, c'est plutôt la voix de la petite Maryam, arrachée à six ans à son univers. L'auteur nous fait partager dans une langue chargée d'émotion, tous les traumatismes qu'elle va devoir affronter depuis son départ d'Iran. Et ils sont nombreux : depuis la perte de ses jouets, en passant par la rupture du lien affectif très fort qui la reliait à sa grand-mère, c'est tout son monde de l'enfance qui s'écroule. Plus de maison, plus de famille, plus de repères autres que ceux qu'elle va découvrir dans ce nouveau pays qu'est la France et qui se réduisent à un studio de 15 mètres carrés à Paris, où elle va vivre avec ses deux parents aussi traumatisés qu'elle...
Elle évoque avec une force qui ne peut manquer de toucher celle ou celui qui lit son roman,le sentiment d'abandon absolu qu'elle va ressentir et sa détresse face à ses deux parents qui ne veulent pas voir ses dessins torturés d'enfant et restent sourds aux cauchemars qui la réveillent toutes les nuits. Reproches sous-jacents ? Sans doute... Mais surtout passages très émouvants évoquant la détresse d'une enfant perdue dans la douleur de l'exil.
Sa seule défense va être un repli sur elle-même qui va se traduire par un refus d'apprendre la langue française au grand désespoir de son entourage, un refus de la nourriture française et une phobie de la cantine scolaire où l'on essaie par tous les moyens de la forcer à s'alimenter. Fuir dans un monde imaginaire sera apparemment ce qui va la sauver. C'est du moins ainsi qu'elle nous présente son retour à la vie. D'où ses dialogues imaginaires avec sa grand-mère qui ponctuent le récit et surviennent toujours à un moment où elle est au bord du gouffre...
C'est d'ailleurs le deuxième point fort du roman que cette ouverture sur l'imaginaire. Maryam Madjidi alterne avec bonheur les épisodes de narration sous forme de carnets de bord et les passages qui relèvent du conte, de la parabole ou du poème. Un beau relais lorsqu'elle évoque des points trop douloureux comme par exemple, l'affrontement avec son père au sujet de l'apprentissage du français, puis de sa langue maternelle, le persan.
J'ai donc beaucoup aimé le regard de l'auteure sur l'exil vu par ses yeux de petite fille, puis d'adolescente et enfin de jeune femme. Parcours semé d'embuches mais qui a fait d'elle une femme engagée, ouverte aux autres et avide de découvertes et de nouveaux espaces.
Mes seules réserves sont au niveau du style. J'ai eu parfois l'impression que sa plume courait plus vite que ses idées et qu'elle se laissait aller à certaines facilités d'écriture... Mais c'est un premier roman et à ce titre il mérite indulgence et encouragements.
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Née en 1980 à Téhéran, Maryam Madjidi quitte l'Iran à l'âge de six ans pour vivre à Paris. C'est d'abord l'histoire de cette famille obligée de fuir son pays, puis de sa difficile intégration en France dont il est question ici.

Née deux fois, si l'on peut dire, dans deux endroits différents aux identités politiques largement opposées, aux cultures et langues différentes, Maryam se sent en équilibre instable entre deux mondes qu'elle aime et rejette en même temps. Seule la voix de sa grand-mère lui permet dans ses moments de trouble de trouver le bon chemin.
C'est avec beaucoup de poésie, de magie aussi, que Maryam Madjidi nous conte les blessures de l'exil, de la perte d'identité et des racines. Mais cette double culture, acquise parfois avec colère et ressentiment, va lui permettre de franchir bien des étapes et parfois d'en jouer pour arriver à ses fins. Elle a appris à observer, à se taire, à enterrer les mots avant de d'apprendre à parler le français et réapprendre le persan.
Maryam Madjidi possède le don indéniable de conteur et nous entraine, tout à tour, avec beaucoup d'humour, de conviction et d'authenticité mais aussi un regard acéré sur ce long chemin de la reconstruction. La douleur n'est pas exclue de ce récit, et pour la dompter l'auteure utilise une formule impersonnelle et non plus le je.
Un beau roman (roman ?) à lire pour définir le terme « double culture » et tout ce qu'il sous-entend de réalités.

Lien : http://mespetitesboites.net
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Un témoignage. 3 naissances et quelques deuils. Ses premières années dans le terrible Iran des Mollah. Pour ses 6 ans, l'exil en France. le choc des cultures. L'incompréhension d'une petite fille dans un univers qui n'est plus le sien. le chemin vers l'acceptation de sa nouvelle culture d'adoption. le rejet perfide de sa culture originelle. L'assimilation. Son adolescence et son accession à l'âge adulte se traduisent finalement par un désir de retour ardent à renouer avec ses origines. Elle est alors sereine et en phase avec sa double culture. L'auteur réussit à nous transmettre avec tendresse et humour ses souvenirs d'enfance. le choix de rapporter ses émotions enfantines sous forme de fables est judicieux et savoureux. À lire.
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Marx et la poupée, c'est une enfance pas comme les autres, celle de Maryam, née en Iran dans les troubles de la révolution iranienne et de la répression puis exilée à Paris à 6 ans avec ses parents. C'est le traumatisme de voir ses parents et leurs proches risquer leur vie pour leur combat politique, être emprisonnés, battus, torturés ou tués pour certains. C'est le choc de l'exil, tout abandonner (y compris ses jouets et sa poupée donnés aux enfants pauvres sur injonction de ses parents communistes voulant abolir toute notion de propriété privée), débarquer dans un pays inconnu, dont on ne parle pas la langue, dont on ne sait rien, rejeter ses racines ou au contraire s'y accrocher.

Marx et la poupée c'est un tout petit livre de par le nombre de pages mais un grand roman par l'émotion et la justesse qu'il dégage. Pas un mot de trop dans les courts chapitres, tantôt récit autobiographique, tantôt poésie, tantôt fable illustrant l'exil ou la répression. L'auteur entremêle les époques et les styles, les souvenirs d'enfance et ses voyages en Iran ou ailleurs une fois adulte, des passages très réalistes et d'autres complètement oniriques, des considérations philosophiques sur les racines, l'appartenance à une culture ou à une autre, et le tout forme un livre harmonieux qui se dévore et qu'on ne lâche pas. Je m'attendais à un récit beaucoup plus léger en mode "souvenirs d'enfance" mais j'ai en fait été frappée par la dureté de ce livre, certains passages sont juste poignants, la répression sanglante contre ces jeunes idéalistes qui se battent pour un combat déjà perdu (et dire que tout recommence des années plus tard quand le père de Maryam retourne à Téhéran et observe, spectateur muet, la répression s'abattre à nouveau sur une autre génération de manifestants), le désarroi d'une toute petite fille seule dans une école qu'elle ne connaît pas et sans aucun moyen de s'exprimer dans une langue inconnue.

Tout sonne juste dans ce roman qui est aussi une très belle oeuvre littéraire chargée de poésie et traitée par moments sur le mode du conte introduit par le "il était une fois". Des réflexions intéressantes sur la culture et les origines, une belle découverte de l'Iran qui démonte également les clichés propres à ce pays et surtout un récit autobiographique plein de sincérité et de vie. A découvrir ! Quant à moi, j'ai hâte de lire le second roman de l'auteur qui nous fait partager cette fois son adolescence dans Pour que je m'aime encore.
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L'exil nous est conté ici simplement, sans colère - entre introspection et difficulté de se sentir libre d'afficher une double culture en France - et efficacement pour faire cogiter le lecteur sur ce mot « intégration », qui est devenu un mot à débats houleux.
Au delà de ça, c'est une histoire joliment écrite et construite.
Le genre de livre accessible à tous qui ne peut pas faire de mal.
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Maryam Madjidi témoigne de son exil en France pour suivre ses parents, réfugiés politiques, fuir le pays qui l'a vue naître, l'Iran, mais où elle ne sera jamais une femme libre.
Un récit fort, poignant, dur, reflet d'un antagonisme culturel. L'histoire d'une nouvelle naissance, d'une acceptation, d'un pardon.
Un beau premier roman.
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Pourquoi Marx, et pourquoi la poupée? Dans un récit un peu décousu qui se moque de la chronologie, Maryam Madjidi fait la boucle autour de son ancien statut d'exilée. Elle se souvient de sa vie en Iran, enfant, en pleine montée d'intégrisme, et de son départ pour la France en 1986 parce que ses parents, révolutionnaires, étaient en danger de mort; elle découvre la pauvreté, mais surtout une nouvelles culture et une nouvelle langue qui devient vite source de conflit et d'incompréhension entre elle et son père.
Dans ses va-et-vient entre la France et l'Iran, où elle retournera plusieurs fois une fois adulte, Maryam raconte le traumatisme de l'exilé, à sa place nulle part et qui se sent obligé de choisir entre sa culture et la nouvelle, comme si les deux ne pouvaient pas coexister.
Personnellement, ce n'est pas l'aspect poétique qui m'a plu ici, je trouve d'ailleurs l'écriture trop emphatique, mais c'est le regard qu'elle porte sur la langue et qu'elle symbolise sous les traits d'une vieille boiteuse. Maryam sait de quoi elle parle, puisqu'elle enseigne le français à des étrangers, après avoir été elle-même cette élève immigrante quand elle était enfant.
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Je découvre ce livre qui vient de m'être offert récemment. Je n'ai pas de critique supplémentaire à ajouter, les critiques déjà écrites étant excellentes à tout point de vue.
C'est une belle découverte qui mérite amplement son prix.
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J'ai beaucoup apprécié le début du roman qui parle de la vie de l'auteure et de ses parents en Iran, même si c'est assez violent. Le récit est construit jusqu'à ce que Maryam quitte son pays, après tout se disperse en une série de souvenirs servis de façon désordonnée. Dès lors, pour moi le charme s'est un peu estompé et le reste de ma lecture n'a plus eu la même saveur enchanteresse.

Ce que j'ai préféré c'est la voix sensuelle, légèrement voilée, de l'auteure qui lit merveilleusement bien son texte pour nous séduire, telle une Shéhérazade des temps modernes qui conte des histoires à la fois cruelles et tendres. L'avantage de la version audio est de pouvoir non seulement apprécier pleinement son talent de conteuse mais aussi de goûter à la musique de la poésie persane dont elle nous susurre quelques vers pour mieux nous envoûter avec sa magie orientale. Ce qui est totalement impossible avec la version papier...

Je remercie les éditions Audiolib qui m'ont envoyé ce CD dans le cadre d'une masse critique et j'en profite pour saluer au passage l'excellente qualité de leurs enregistrements, toujours au rendez-vous.
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