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3,95

sur 624 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un nouveau roman qui marque ! Maryam Madjidi nous raconte son enfance d'exilée, ses douleurs, ses rancoeurs et ses années de doutes sur cette binationalité qu'elle n'a pas choisie. Ce livre est très actuel même si l'histoire a commencé il y a 30 ans. L'intégration à l'école, les migrants, ..., tous ces sujets évoqués par les candidats aux présidentielles et qui divisent la France sont évoqués de façon simple et très poétique. Je garderai un très bon souvenir de ce livre et regarder le passage de l'auteure à la grande librairie maintenant que je l'ai lu ! Merci les filles des 68 premières pour cette découverte.
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Voilà ! C'est pour tomber sur ce genre de divine surprise que je lis des livres ! Pour éprouver ce délicieux frisson à la découverte de pages pleines de grâce. Car c'est sans doute le terme qui convient le mieux pour qualifier ce premier roman d'une jeune auteure française d'origine iranienne.

J'avais pourtant quelques craintes en l'ouvrant. Car sur le thème de l'exil provoqué par la révolution iranienne et la découverte de la langue et de la culture françaises qui en découlent, une certaine Abnousse Shalmani avait précédé Maryam Madjidi avec un époustouflant Khomeiny, Sade et moi, faisant ainsi de l'ombre à Negar Djavadi, qui s'aventurait à son tour sur les mêmes terres avec un Désorientale (ne cherchez pas de billet, je n'en avais pas écrit) qui, malgré le battage médiatique, ne m'avait pas franchement convaincue...

Mais Maryam Madjidi possède une voix bien à elle. Elle nous propose un récit original, à la fois tendre et incisif, plein d'humour et de sensibilité, offrant un éclairage subtil sur le rapport ambivalent qu'un individu contraint de quitter son pays entretient avec ses racines et avec sa culture d'accueil, l'écartèlement entre un monde resté derrière lui et celui au sein duquel il essaie de se faire une place.
En choisissant de juxtaposer une ribambelle de souvenirs - réels ou imaginaires, peu importe - elle compose un tableau plein de vie et empreint d'émotion. Par la brièveté de ses saynètes qui finissent par dérouler le fil de toute une existence, elle donne à voir la complexité des sentiments et touche son lecteur en plein coeur.
Elle alterne souvenirs graves et anecdotes légères, elle se glisse dans la peau de la petite fille qu'elle a été avant de retrouver sa voix d'adulte, elle mêle récit et dialogues, passé et présent avec maestria, imprimant ainsi à son texte un rythme virevoltant par lequel on se laisse prendre avec délices.

Avec des mots qui frappent comme des coups de poing, elle dit la peur, atroce, qui habite les opposants au régime, qui n'ont d'autre choix que de fuir pour échapper à la torture et à la mort.
Mais partir n'est pas une libération : elle dit le désarroi, le désespoir de qui a le sentiment d'avoir abandonné les siens et, peut-être plus encore, d'avoir renoncé à lutter pour ce à quoi il croyait.
Elle trouve de très jolis mots pour dire aussi la manière dont un exilé se définit par une forme de sentiment de nostalgie qui ne cesse de l'habiter, se projetant constamment dans un ailleurs idéalisé.
Elle dit tout ce qu'une langue nouvelle, qui reste à apprendre, cristallise de rêves et d'espérances, le talisman qu'elle constitue pour entrer dans un monde mystérieux et plein de promesses, mais qui renvoie aussi implacablement à la différence que l'on porte.
Elle dit enfin le chemin parcouru pour s'affirmer comme une femme libre de construire sa vie.
Elle dit tout cela et bien plus encore.

Mais lisez plutôt son livre ! Car ce sont les mots, les très beaux mots qu'elle a choisis qui font le charme et la fraîcheur de ce puissant récit.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Une jeune femme retrace avec talent de façon brève et percutante sa jeunesse en Iran puis son exil à Paris. Tout n'est pas linéaire mais ces tranches de vie m'ont énormément émue. Elle parle de tant de choses avec intelligence et subtilité. La lecture n'est pas aisée car on ressent la douleur des personnages et en même temps l'écriture est belle. Ce livre est un bijou que j'ai envie de faire connaitre à mon entourage de «  lecturocompatibles »
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Cinq étoiles pour ce récit au titre étonnant qui a attisé ma curiosité et qui s'en est suivi d'un résumé puissant...

Arrachement, émigration, en mal d'identité, assimilation difficile qui aboutit à un rejet pour finir à une certaine harmonie avec ses origines.

Une pâtisserie littéraire, à déguster avec un thé d'écorce de citron..., un livre magnifique au niveau, tant du fond de l'histoire que d'un style inusité.

Une plume intensement riche et poétique. le fil narratif surprend et capte merveilleusement.
L'auteure fluctue entre passé et présent sans que cela gène et, apporte une originalité jamais rencontrée dans mes lectures.
Je me suis laissée porter dans cette construction parfaite et atypique.
Des cabrioles entre la première et la troisieme personne habilement maîtrisées.

Ne jamais oublier que ceux qui partent, qui fuient leur pays d'origine ne le font pas de gaieté de coeur et nous avons le devoir de les accueillir honorablement.
Le partage de nos coutumes sont le fruit de l'humanité.

Ces quelques passages feront beaucoup mieux que moi pour évoquer cette écriture ciselée !
......
"J'aurais aimé ramasser les lambeaux de tes rêves les sauver, les enfiler comme des perles dans ma guirlande de mots à moi et l'accrocher au sommet d'un arbre pour que ça bouge et vive encore.
Te réveiller. Te ressusciter. Noircir tes traits, mettre du rouge sur tes joues, sur tes lèvres, t'injecter de la vie pour que tu chantes, tu ries, tu cries mais rien à faire, tu te diluais silencieusement dans une eau imaginaire."
.....
"Nous courons, nous bousculons des gens. Nous dansons, nous dansons pour échapper à la mort, je suis agrippée à ta main tu vas beaucoup trop vite, mes pieds touchent à peine le sol, je vole avec toi, le foulard de ma mère glisse sur ses cheveux noirs, elle le remet, il retombe, des mèches de cheveux s'envolent, les pans de son manteau ample et long sont comme deux mains qui se soulèvent et flottent dans l'air, applaudissant notre départ notre course effrénée vers l'avion, vers la liberté."
....
Belle journée à vous
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Un magnifique récit de l'exil vu du point de vue d'une enfant puis de la jeune adulte écartelée entre deux cultures, deux identités. Construit en trois vie, il raconte la souffrance de partir, le conflit identitaire et la réconciliation en anecdotes, souvenirs mais aussi contes. Sans pathos, avec une écriture piquante, dynamique et poétique l'enfant et l'adulte s'entrecroisent, se répondent. Une perle.
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Petite, depuis le ventre de sa mère, Maryam vit déjà les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle prendra un avion pour rejoindre son père en exil à Paris. Refusant de livrer un récit chronologique, l'auteure offre un kaléidoscope de souvenirs, de tourments, de sensations qu'elle assemble tel un patchwork. Mais ce qui retient réellement notre attention, ce sont les incessants allers-retours entre le « je », le « elle » et le « il ». Ici, parlant de ses proches ou d'elle-même, Maryam Madjidi rend son histoire universelle, se référant aussi aux autres, à son parcours qui n'est pas unique et faisant écho à ce que d'autres ont vécu avant elle. Elle s'éloigne de sa propre histoire, pour s'approprier les histoires passées, similaires à la sienne et les rendre singulières. Dans cette quête de soi-même, elle sera secondée par la voix de sa grand-mère restée en Iran.

Toute sa vie, Maryam Madjidi a jonglé entre ses racines iraniennes et son nouveau chez elle, la France. Double culture, double langue, elle raconte avec humour et tendresse combien ses racines peuvent être tant des remparts, qu'un fardeau mais parfois aussi une belle arme de séduction. A travers ses souvenirs d'enfance, elle décrit l'éloignement familial, l'abandon du pays, la perte de ses jouets et l'effacement progressif du persan. Marx et la poupée est un beau récit autobiographique et poétique, d'une enfance iranienne à une vie « française ».
Lien : http://untitledmag.fr/la-poc..
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Très beau livre sur l'exil; exil géographique, langue maternelle, langue d'adoption. L'auteur mêle les genres (contes, poésies, récits), les époques , les narrateurs. On éprouve alors ce que peut éprouver un exilé: un tourbillon incessant qui déstabilise, mais c'est aussi un chemin...
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Une très très belle découverte. Maryam Madjidi raconte, l'Iran le pays des souvenirs heureux de son enfance, puis la France, le pays de l'exil, les départs, les retours, les autres pays aussi. le rejet d'une culture, puis de l'autre et enfin la construction d'une identité singulière et multiple. Par petites touches, l'auteure nous fait ressentir L'Iran et la France, leurs odeurs, leurs couleurs, leurs rêves .Téhéran où un chauffeur de taxi récite de la poésie, Paris où une jeune femme court en talon sur les pavés pour retrouver son amant et l'embrasser à pleine bouche en pleine rue, sans honte. Une très belle autobiographie où l'émotion nous prend souvent par surprise.
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Il va m'être bien difficile de chroniquer ce roman. Bon, faut dire que je traîne un peu la patte niveau blogging en ce moment, j'ai peut-être perdu la main. Mais surtout, ce roman a un truc bouleversant. Et l'avoir découvert en livre audio a encore ajouté à ma difficulté à en parler.
Faut dire que je suis tombée amoureuse de la voix de l'autrice, qui lit le livre.

Ça se lit comme plein de petits contes. Et ça commence là où la vie commence, dans le ventre d'une jeune mère. Premier traumatisme, que de naître au milieu d'une révolution iranienne, de parents communistes convaincus. Deuxième traumatisme que celui de devoir faire passer les tracts interdits en douce, car on ne fouille pas les bébés. Troisième traumatisme que celui de devoir donner ses jouets quand on a 5 ans parce qu'il faut apprendre à partager.
Puis l'exil, tout aussi traumatisant.

Et pourtant, même si le texte a un côté un peu décousu qu'on pourrait reprocher à l'autrice par moments, cela permet de lire avec légèreté. Oui, on va être ému, bien sûr. Mais on va déguster ce petit livre.
Je ne suis pas le genre de lectrice qui fait attention aux prix, aux bandeaux (c'est moche les bandeaux, arrêtez avec ça chères maisons d'édition, merci bisous) et autres trucs qui accrochent l'oeil. Mais, je ne suis pas étonnée de l'accueil et des prix qu'a reçu ce roman.

Ce qui est très fort, outre la plume hyper maîtrisée, travaillée mais néanmoins super accessible, c'est la densité du livre (surtout quand on voit le nombre de pages) avec des thématiques abordées pas évidentes, mais néanmoins son humour et la facilité qu'on a à le découvrir. Parce que parfois, faut bien admettre que certains livres très beaux deviennent très pesants du fait de ce qu'ils racontent. Ce n'est pas le cas ici, et pourtant, on admet sans problème que ce dont on va parler n'est pas toujours joyeux-joyeux. Assez rarement, même.
L'évolution de cette petite fille, que l'on voit devenir adolescente, puis femme, l'importance des racines, de la famille, de la langue... C'est comme un récit initiatique, une quête d'identité.

Tout le monde grandit et évolue, l'identité se construit plus ou moins facilement, mais ici, on voit de façon très juste à quel point il a pu être compliqué pour cette enfant de se "trouver" (je n'aime pas trop le terme, mais bon). Pour ma part, même si comme dans toutes les familles, il y a quelques petits trucs cachés, quelques squelettes dans les placards, j'ai quand même eu la chance de ne pas avoir à être déracinée . Je ne sais pas ce qu'est la double culture, l'exil, le besoin viscéral de revenir à ses racines ou au contraire de s'en éloigner, et surtout comment on grandit et comment on se construit au milieu de tout ce fatras. Ce récit m'a permis de le comprendre, un peu, de l'approcher du doigt en tout cas.

Mais surtout, c'est la plume de son autrice que je vous engage à découvrir, parce que vraiment, elle vaut le détour. de mon côté, je vais suivre son parcours littéraire de très près.
Lien : https://delaplumeauclic.blog..
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Maryam Madjidi délivre des myriades d'oiseaux livresques des griffes de la tyrannie iranienne .Ce récit de miel, de sang, d'oppressions, d'une rare beauté, étonnamment puissant est un miroir fissuré par un exil forcé pour Maryam Madjidi à l'âge de six ans à Paris. Ces morceaux d'architecture sont une ubiquité à rude épreuve .Voici deux drapeaux nationaux qui s'enlacent et se déchirent tour à tour lorsque la nostalgie élève son chant de souffrances. Ces fragments d'écriture sont à l'identique d'une parole murmurante l'existentiel émoi. Cette lutte pour l'auteur de devenir authentiquement libre, est un chemin semé d'embuches mémorielles. On devient son ombre, on est fou de rage de voir cette belle Iran saccagée par la révolution. On voudrait étreindre cette Iran en folie pour changer ses habits de luttes infinies en vertus humanistes. On voudrait une France plus tolérante et douée d'accueil pour ses hôtes bousculés par ce voyage sans retour, irrévocable et violent. Comme elle est forte Maryam !!, douée par ce don exutoire d'une écriture toute en essence palpitante et digne. On est saisi par ce rythme doux et manichéen qui page après page bouleverse le lecteur et renforce les lignes d'une passerelle entre les deux rives, Française et Iranienne. « Ce pays massacre ses millions d'enfants… Il s'appelle Paul, c'est un vrai Français, pas comme toi qui es une Française en toc. .. Maryam réconcilie toi avec ta double culture. Fais la paix en toi… »Le titre emblématique « Marx et la poupée »renforce la parabole de la politique Iranienne qui brime une jeunesse talentueuse et joueuse. Où se trouve maintenant cette poupée enterrée dans le jardin familial ? Sans doute dans la rime du temps qui construira la citadelle des réconciliations, et qui sera la plus belle bâtisse sereine, libre, franche, engagée, fière, respectueuse de ses murs. C'est tout l'art de cette autobiographie, de ces jours où pas un souffle de vent indique la bonne direction pour se battre contre soi-même. Ce récit majestueux, majeur, de haute voltige, d'une éclatante mise à nue, devrait se trouver dans chaque lieu républicain, dans chaque cours de géopolitique, de citoyenneté et d'éveil à l'altruisme. On aime écouter Maryam Madjidi dire et se dire. On admire la Maison d'Edition « le Nouvel Attila » On est fier de savoir ce grand livre porteur, en finale pour le Grand prix Hors- Concours 2017. On sait que l'on vient de lire ce que l'histoire du monde peut engendrer comme épreuves et comme forces insoupçonnables. Voici un livre à lire d'urgence.
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